Françoise Sterling

" Chaque jour est un livre de signes " Questions/Réponses

 

 

Comment vous positionnez-vous par rapport à votre retour en métropole ?

Quelle expérience tirez-vous de ces séjours dans différents pays ?

Je n'ai pas été très bonne pour faire la chronologie.

Mon père est marin, il navigue et refuse de naviguer sous pavillon anglais. Il est bloqué. Cela se passait pendant la 2ème guerre mondiale. C'était avant ma naissance.

Après il revient à Marseille. Là, il va arrêter de naviguer en 1944-46 environ.

On est envoyé à Montpellier, où il rentre au Ministère de l'Intérieur.

Après Lyon, on est déjà 8 frères et sœurs.

Là on part en Algérie, et c'est là qu'il décide avec maman de nous poser la question.

On va être en Algérie de 1956 à 1962, pendant la guerre. Moi, je suis ado, et en arrivant de France, on se disait "Mais là, c'est qui tous ces gens en blanc ?"

Après, j'étais en terminale et je la termine à Dijon.

Ensuite je trouve à Paris, la fameuse école du père Faure qui est une école spécialisée pour la pédagogie active. Il était directeur de cette école et cet homme m'a marqué à vie.

Après, j'ai enseigné à Ecouen pendant 3 ans. C'était chaud, mais avec cette pédagogie active on arrive à faire des choses assez étonnantes, même avec des classes très agitées.

Là-dessus, je suis partie au Zaïre pendant 2 ans, comme missionnaire laïque.

Au retour à Lyon, je demande comme laïque à faire de la théologie. ça interroge un peu Nous étions plusieurs. Je me trouve à un moment à la fac de théologie avec plein de laïcs, en posant la question à l'Église, car nous, nous ne serons pas curés, nous ne serons pas bonnes sœurs. Mais on veut être partie prenante dans l'Église. Derrière, c'était çà la question de Vatican II.

Après la licence et la maîtrise, entretemps j'avais perdu mon père, je rejoins Dijon et rencontre l'évêque du coin qui était le père Decourtray. J'arrivais, j’étais fière, j'avais une licence de théologie, une maîtrise, on roule des mécaniques, et l'évêque me dit : "Ah mais moi, cela ne m'intéresse pas du tout. Ce qui m'intéresse ce sont vos Motivations ! Est-ce que vous priez ?" oh là là, mais en fait j'ai adoré cet homme. Il me dit "Mais vous serez mal payé, (il a été clair) vous savez que vous aviez un poste durable, mais l'église démarre avec vous.

Pour la petite rigolade, il me nomme près de Gevrey Chambertin dans le rural, "Mon père vous avez pensé à moi pour la pastorale en milieu rural … mais je n'y connais rien! Je connais, le pinard, je bois…. et en plus j'avais l'accent de Marseille" !

Il me regarde en rigolant, puis il me dit :"Bon, je vais réfléchir" Mais voilà, encore un homme qui écoutait puis il me dit : " Finalement, non, pas dans le rural". Il y avait déjà une femme dans le rural. C'est compliqué.

Donc il me nomme au grand lycée de Dijon, bon chic bon genre. Il reçoit une lettre quelque temps après : un prêtre était nommé pour 6e, 5e, 4e, 3e, et moi pour les secondes, 1ère, terminale. Une famille de médecins, dit à l'évêque :

"Vous ne vous êtes pas trompé dans la nomination ? La jeune en jean !"

Alors Le père Decourtray m'appelle et me dit : "Qu'est-ce que je dis ?" "Je sais très bien ce que je vais répondre : Madame, si vous avez un fils à donner à la sainte église de Dieu, vous aurez un prêtre, tant qu'il n'y aura pas de prêtre, ce sera elle." Pour le style çà n'était pas fin.

Et après j'ai demandé à l'évêque, de me nommer dans l'enseignement public pour les étudiants. Il me nomme responsable de l'aumônerie. Il y avait un prêtre qui était là depuis 6 ans, je ne sais si vous voyez la situation ! Decourtray était à fond pour les laïcs. Mais j'ai dit "Le prêtre, quand même…" Alors il me dit : "Mais il sera prêtre accompagnateur, il est trop imbu de sa personne" comme ça….

Moi, je me battais beaucoup pour les ministères des laïcs, et avec la Mission de France, on se battait à plusieurs, … on monte au créneau.….

Et puis, il y a une fameuse retraite où je me dis : "C'est bien pour moi de me battre, mais est-ce que c'est ça que je veux faire toute ma vie" Ce n'est pas que j'ai baissé les bras mais il y en a quand même une qui m'a dit " avec tout ce que tu as fait pour les laïcs, tu ne sais rien faire de mieux que de faire bonne sœur ? " Fallait l'entendre aussi.

Après je suis entrée chez les Xavières. Je ne sais pas bien ce qui a changé, je ne suis plus propriétaire à bord de tout ; j'ai retrouvé la mission, sauf que j'ai un terrain où on prie, j'ai un terrain où on relie, ça change aussi. Et puis c'était le choix du Christ, quand même. Ce n'est pas que ne n'avais pas choisi le Christ avant, mais je faisais des trucs, j'étais dans le courant. Je ne sais pas si j'ai répondu ?

Si, mais derrière, il y a un corollaire : est-ce que toutes les expériences que vous avez acquises vous permettent de répondre aux problèmes de certaines banlieues. Aujourd'hui, de regarder d'un œil nouveau ce qui se fait dans les quartiers de radicalisation, … j'habite Montreuil, … et c'est une question qui va se poser de façon extrêmement pressante dans tous ces quartiers occupés par des populations musulmanes, apparemment radicalisées, ce dont je ne suis pas persuadé…

Je ne peux pas prétendre que je suis préparée, ce ne serait pas juste. On s'y prépare tous, à vivre la rencontre. Mais oui c'est sûr d'avoir vécu en Algérie, oui c'est sûr d'avoir été à l'ISTR en travaillant des thèmes comme : "c'est quoi la rencontre, comment rencontrer", d'être confronté aussi à monter des choses sur mon quartier, oui, mais avec d'autres, pas seule, c'est un grand bouleversement. En même temps, tout le temps, j'entends "Mais t'as pas peur ?" mais peur de quoi ? Évidemment, si j'y vais comme ça, c'est sûr qu'il n'y aura pas de rencontres. Dans mon immeuble, excusez-moi, on est un peu bizarres, on est 4 bonnes sœurs, 4 bonnes femmes, mais il y a beaucoup d'algériens, beaucoup de marocains, beaucoup d'africains. Et ça se passe très bien.

On a été invité à la circoncision du plus petit ! La fiesta qu'on a eue avec les femmes ! On s'était fringué, mais on n'avait rien à voir avec les femmes qui étaient vachement bien habillées, c'était beau. Les hommes n'étaient pas là,…ou… Ou on ouvre nos portes et on y va, ou alors, on se retranche derrière des parapets.

Je ne sais pas quoi vous dire… Mais moi, oui, mon expérience petite m'a préparée à…   mais je pense aussi que c'est important de doser… Cette femme qui s'est levée à Cognac en disant, mais c'est notre histoire, on fait venir tout le monde, Ce n'était pas un chrétien, ce n'était pas un bien blanc, non, non…. Donc il faut être attentif à ce qu'il est.

Ça complète un peu l'interrogation précédente. Nous avons participé à des fêtes, on dit intercommunautaires, je voudrais savoir s'il y a partout, dans les zones sécularisées, est-ce qu'il y a des interrogations des gens qui sont sécularisés ? est-ce qu'ils rencontrent des gens qui sont venus d'une religion. Sont-ils ouverts à d'autres religions ?

Est-ce que je sais répondre à ça ! Ce que J'entends… je prends dans mon quartier, c'est plus simple, dans mon immeuble, il y a un homme, il y a une belle amitié, c'est un chercheur en maths à la fac, mais en même temps il est proche.

Il me dit : "j'ai envie de pleurer quand je vois que votre église, pas très loin de la mosquée, vous êtes si peu le dimanche et le vendredi on est 700 à la mosquée. Donc je ne sais pas si ça attire mais pour l'instant çà n'attire pas des masses.

Sauf que, quand il y a eu la mort du père Hamel, tous les musulmans sont venus à l'entrée de l'église de Mireuil et sont venus demander pardon en disant "on ne peut pas vous laisser seuls quand il y a ça".

Des choses comme ça, ça marque les chrétiens. Est-ce qu'il y aura plus de chrétiens après ! Je ne sais pas.

Autre exemple : je suis engagée à l'Arche de Jean Vannier à Cognac, et souvent j’ai des formations plus importantes par exemple avec les responsables d'hébergement.

Ils étaient une quarantaine sur toute la France.

La question c'était l'essoufflement et le ressourcement.

À l'Arche, c'est une majorité de jeunes qui sont avec une quête très profonde. Ils ne sont pas à l'Arche pour rien. Ou à un moment ils sont questionnés par la rencontre du handicap, la rencontre des personnes. La quête profonde de tous ces gens-là, moi, m'interroge, beaucoup, il y a une soif immense.

A l'Arche maintenant il y a une minorité de chrétiens, une majorité de musulmans, de non croyants, de bouddhistes, notre patron est un juif.

Et il nous faut chercher : "c'est quoi l'ADN profonde"

On est né selon l'Évangile, on célèbre, et c'est un "sport", excusez-moi de dire ça, pour savoir comment célébrer et ne pas récupérer les gens. C'est un énorme travail de fond qu'on fait.

Là on a travaillé plusieurs fois avec l'interreligieux, mais c'est plus large que l'interreligieux. Moi, je n'ai pas eu peur.

Je commence la formation. J'en avais 45 devant moi. D'entrée de jeu, il y en a un qui me dit "Ma sœur, je suis athée" et j'ai dit : "Bienvenue à bord, moi je suis religieuse"

Du coup on a fait un travail sur "l'anthropologie c'est quoi" ? Cette anthropologie qui dit quelque chose de l'humanité, de mon humanité, de ma dimension physique, psychologique et spirituelle.

À la fin du parcours, le gars se met en face de moi et me dit : "Tu m'as fait faire une retraite" – " c'est toi qui le dis" donc si on va chercher cette dimension-là.

Il paraît que la retraite a ouvert le gars. Il me dit : "Ça oui, mais pas une retraite fermée"

Je ne sais pas si je réponds à la question mais c'est difficile

Je pense que si on ose l'évangile autrement, il y aura des gens en face.

Quand on fait le "Lavement des pieds à l'Arche", le cœur de l'Arche, c'est le Jeudi Saint,

Le patron n'est pas le patron, on se lave les pieds les uns aux autres. C'est très difficile pour les plus jeunes qui arrivent.

Je lui dis : "Mais oui si je vais chez toi, tu ne vas pas me laver les pieds, c'est évident que c'est impossible ce geste là, mais ce que tu vis tous les jours quand tu laves les personnes tu fais quoi "?

Il y a une personne avec lui qui lui dit :" " Moi, ça ne me plaît pas Tu sais quand tu me laves tous les matins, j'aimerais mieux me débrouiller tout seul et moi çà ma gêne. Et pour une fois je peux te laver les pieds" Là les jeunes, tout le monde se tait.

On n'ose pas, on a parlé tout à l'heure de la symbolique, on n'ose pas enlever tout ce qu'on a mis autour, ce qui a bloqué pour aller chercher : c'est quoi ce qui fait vibrer, qui fait vivre les gens.

1 - On a été un peu perturbé par le témoignage, car ça nous semblait un peu des zigzags. Finalement on a trouvé une image : un bouquet, ça nous a paru un joli bouquet.

Est-ce que la stabilité que nous avons ressentie, est-ce une recherche pour être, comme sur un bateau qui bouge, une forme d'entraînement ou autre chose ?

2 -Les rencontres, c'est ce qui vous a guidée. Et les exercices spirituels dont vous avez un peu parlé, ça sert à quoi et qu'est-ce que ça apporte ?

3 - Vous semblez être très libre, comment entretenez-vous cette liberté ?

4 - Qu'est-ce qui vous rend heureuse ?

Je suis désolée, je n'ai pas fait un curriculum vitae? ça ne m'intéressait pas. Ce qui me paraissait intéressant, c'était de tirer les fils et de croiser ce qui allait ensemble.

Le bouquet final, cela me va bien.

La stabilité, ça se travaille, je suis bien d’accord, le texte de Marion-Collard me dit :

"Quel est ce lieu à l'intérieur de moi, quels que sont les évènements, les tempêtes, les changements qui font que le fond de moi, restera, c'est pas de la pierre, du béton, non c'est tout sauf cela. Elle a parlé de "l'intimation du cœur" C'est-à-dire que tout d'un coup

On sent que ça, ça tient, mais ce n'est pas bétonné. La stabilité c'est quelque chose d'intérieur.
Je vais prendre l'envoi en mission à Sofia. Ça me cassait les pieds d'aller faire mes vœux dans un endroit où je ne connaissais rien du tout. On me disait "Sofia, c'est super, 25 000 emplois, des gens jeunes, "Mais quand on arrive, il faut faire son trou et moi je faisais mes vœux l'année d'après avec des gens que je ne connaissais pas. Ça m'allait bien, "au moins ils vérifieront que ce que je raconte c'est vrai, et si ça n'est pas vrai, je les aurai en face".

Mais cette stabilité croît, au fur et à mesure, mais j'imagine que c'est la même chose dans vos couples, la stabilité ce n'est pas quelque chose de pur et dur. Au fur et à mesure, de l'écoute intérieure, de la relecture : " qu'est-ce qui me fait avancer ? Qu'est ce qui m'empêche d'avoir des pas libres ou des pas qui m'enquiquinent…"

La stabilité, c'est du vivant, ce n'est pas du bétonnage.

Ça touche à la fidélité, pour moi. La fidélité, Ce n'est pas, je m'attache en arrière dans le bus et là ça tient. La fidélité c'est quelque chose que j'invente dans le temps présent la réponse à donner.

On a parlé du "bon choix", c'est revenu encore. Je vois le "bon choix" à la manière dont ça me fait vivre après. S'il y avait un dérapage contrôlé !

Moi, l'histoire de La Rochelle, ça m'est resté en travers du gosier comme ça. C'est vrai. "J'ai l'impression d'avoir fait un vide sanitaire, mais de ce vide sanitaire est sorti aussi un vide salutaire, c'est-à-dire, j'ai vu comment on peut rebondir quand il n'y a plus rien. J'ai trouvé l'Arche, j'ai trouvé les copains de la Missions de la Mer. Il y a autre chose qui est né… Peut-être que je n'aurais jamais été visitée.


Donc la stabilité est dans cette écoute intérieure de ce qui se passe en moi. J'ai le droit d'entendre la colère, d'entendre que je suis malmenée, mais qu'est-ce que j'en fais ?

Je suis en train de ruminer ou … j'en voulais au supérieur général, oui bien sûr, alors je lui ai dit. Plus les choses sont travaillées, sont dites, plus on s'en libère aussi pour avancer. Alors la liberté, la liberté on se l'acquiert.

Moi j'étais fille de commandant, on était très nombreux, très ouverts, mais c'était un commandant. Du coup on a appris aussi à résister à mon père. Je luis disais "mais pourquoi tu me dis ça ?

Quand je suis partie au Zaïre, il venait d'apprendre qu'il avait un cancer. C'est difficile d'aller trouver son "joli papa" et de lui dire "tu sais je viens d'apprendre que tu as un cancer depuis 2 mois et je m'en vais"

Donc j'attends le plus tard possible. On était à la gare et je dis à mon père "en fait je prends le train, mais je vais un peu plus loin, je vais au Zaïre" et mon père me lâche sur le quai de la gare, et ça m'est resté en travers de la gorge : "eh bien, tu ne me reverras plus !" Ce qui n'a pas été vrai. Il est venu me voir au Zaïre et je ne pouvais plus l'en faire repartir.

Je lui ai dit : "Vous m'avez donné le virus, tant pis, vous payez la suite, vous parlez tout le temps de vos voyages, je ne vois pas pourquoi, nous, on ne ferait pas de voyages !..."

Les Exercices spirituels…. Comment dire ça ? Il y a une manière de les faire

C'est quoi ?

Je vais partir de l'expérience d'Ignace. Ce monsieur qui n'était pas forcément un saint Ignace au départ, coureur de jupons, qui n'avait qu'une envie c'est d'avoir les meilleures armes, de gagner contre son copain François Xavier, c'étaient deux familles de la haute, qui se combattaient.

Et Ignace est blessé et on lui file des bouquins, pas très rigolos, c'était "la légende des saints". Ça dure, car on lui casse la jambe, sans être endormi. Et il va découvrir qu'à l'intérieur de lui, il entend des choses qui l'aident à vivre. C'est sur ce travail-là, les Exercices. Comment dans ma vie je revis les choses qui se passent en moi.

Je vais m'adresser à des marins : vous voyez bien que la mer ça bouge, il y une grande houle, ou des calmes…. C'est dans ce chemin-là de ma propre vie intérieure que j'apprends à naviguer. Du coup qu'est-ce qui va me guider dans mes choix, c'est d'apprendre à repérer d'où vient ce vent-là. Et est-ce cette chose qui m'attire vers l'avant ou des regrets. Tout ce qui m'attire sur moi, à en ruminer les trucs, ce n'est pas du côté de la vie.

Donc les Exercices, si je devais donner une définition, pour moi, c'est un chemin de liberté, j'apprends à orienter ma vie et en même temps à me dégager de tout ce qui me colle, qui m'empêche d'être libre.

Je prends un exemple tout bête : on dit "les choses en fait n'ont pas de couleur, j'ai une voiture, j'ai un ordinateur, sauf que le jour on me pique ma voiture quand j'en ai besoin pour aller à Cognac, on va m'entendre. Est-ce que je suis attachée à cette voiture ou est-ce que je peux faire autrement pour y aller" ? Donc ce rapport aux choses, c'est moi qui l'induis. Ma liberté c'est d'apprendre à user de quelque chose ou de m'en dégager si ce n'est pas une aide. Je peux très bien inventer un autre parcours.

Tout ce que Bruno Régent a dit autour des médias, du téléphone,… c'est mon rapport complètement adict autour de ces choses-là.

Du coup, je peux dire que c'est d'abord une expérience de l'écoute de la Parole de Dieu dans ma propre vie et accompagnée par quelqu'un, pour ne pas se tromper.

C'est vraiment une pédagogie intérieure, vraiment chercher comment Dieu s'allie dans ma vie, comment il s'est allié dans ma vie, comment je le trouve présent.

Dans les exemples que j'ai donnés, c'était exprès, je n'ai pas voulu faire la chronologie, mais de voir comment l'intérêt avait marqué la manière d'être à Marseille, la manière d'être à Mareuil, c'est ça la suite logique. Et ce sont des choses que j'ai entendues en moi.

Vous avez parlé d'obéissance !

L'obéissance : l'étymologie c'est "écouter de près", "obéir" c'est tendre l'oreille.

Les bénédictins disent, le premier mot de la règle de saint Benoît c'est "écoute" et le dernier mot c'est "Tu parviendras". Entre ces deux trucs, ils se débrouillent.

L'écoute te permet vraiment d'entendre l'ajustement intérieur.

Donc je parle plus de la pédagogie des Exercices. On fait des temps c'est vrai qui sont dans la durée. Si c'est trop court, il ne se passe pas grand-chose, on n'aura pas le temps.. Des parcours de 5 jours, de 6 jours, des parcours en mer, ce sont de vraies retraites.

Au début, il y a des gens qui croient qu'on va faire du bateau. Mais j'annonce la couleur "attention, c'est vraiment une expérience spirituelle avec la mer". Je peux dire qu'il y a des gens qui ont fait un sacré parcours quel que soit le point de départ, en respectant là où ils en sont, comme ils sont.


C'est difficile d'expliquer les Exercices. C'est vraiment un temps personnel que je me donne pour essayer d'être vraie avec le Seigneur dans ma vie à la lumière de l'Évangile.

C'est une expérience, ce ne sont pas des trucs à faire.

Moi je suis un peu contre tous les outils ignaciens qui nous font peur. Ce n'est pas une caisse à outils, ce sont d'abord des gens, c'est un cheminement que l'on fait avec eux.

On n'est pas des mécaniciens avec la caisse à outils qu'on applique sur les gens.

Question sur le bonheur, qu'est-ce qui vous rend heureuse ?

Alors là…. D'abord d'être ici à La Pierre qui Vire…. Ce qui me rend heureuse fondamentalement, je crois l'avoir touché il n'y a pas longtemps : c'est que je n'ai pas besoin d'un port d'attache précis. Si demain je vais ailleurs, je crois qu'aujourd'hui ce ne sera pas un drame parce que c'est la rencontre des gens.

Peut-être la vieillesse m'a appris qu'en tout lieu, il y a un peuple à aimer, des gens à aimer et à me laisser aimer aussi, dans les deux sens, pas que d'un côté.

A l'Arche, je n'ai pas l'impression que je fais des choses.

J'ai un jeune, arrivé en début d'année qui dit : "j'ai tout raté d'un côté, j'ai tout raté de l'autre ». On se dit "Est-ce qu'il va rester ou non ?" Et puis il demande à faire une deuxième année. Et ce gars-là, c'est celui qui réussit le mieux avec les personnes accueillies.

Il y a beaucoup d'autistes, de trisomie 21 et c'est lui qui réussit le mieux la rencontre avec toutes ces personnes accueillies. Il fait danser M…., personne très difficile, dès qu'on l'approche, elle hurle… comme s'il l'avait toujours connue. Mais il me dit : "Moi, à l'intérieur de moi, il n'y a pas que mes cheveux violets, il m'a fallu un an pour me dire que j'ai vraiment une quête à l'intérieur de moi, mais je ne sais pas comment dire ça."

ça, ça me rend heureuse. Je ne sais pas répondre.

Je vais en mer, je suis heureuse, … je suis dans la nature, je suis heureuse, … je rencontre des gens, je suis heureuse,… je suis venue ici, voilà…

Mais l'état heureux, je ne sais pas ce que c'est, moi. Peut-être vous, oui…. ?

 
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