BRETAGNE 

 

Réunion du 8 décembre 2019 sur le thème de l’année

 

Le changement

 

            Pour cette première rencontre, nous avons choisi d’aborder : « Le monde change vite et fort : emballement des technologies, évolution des mentalités, respect des diversités, enjeux climatiques, respect de la planète, évolutions législatives…. À quels changements suis-je, personnellement, confronté(e) : famille, amitiés, relations, citoyens ? Comment je les vis ? Inquiétude, scepticisme, découragement, confiance, motivation ? Qu’est-ce que cela remet en cause, pour moi, d’être contemporain et vivant, jusqu’au bout du temps qui nous est imparti par le grand sablier ?

 

§§§

 

 Tout va à une vitesse incroyable. Au niveau de mon travail, je suis la première (et pas la seule) à râler de ces procédures qui n’arrêtent pas de changer. On communique par « lync », on peut «tchatter» avec les membres du Directoire. J’ai l’impression, parfois, d’avoir 100 ans et d’être de plus en plus « larguée ». On ne voit plus les clients, on les a mis à la porte de nos agences et on gère les demandes par mails ou téléphone. Les contrats sont signés en signature électronique, à distance. Le contact humain disparaît. À côté de cela, beaucoup de choses deviennent plus faciles : les démarches administratives (plus besoin de se déplacer).

Tout va plus vite. On archive ses documents dans le coffre-fort numérique et cela prend moins de place que dans nos armoires. Dans ma vie relationnelle, tout est plus instantané aussi. On envoie un petit texto à un ami pour lui dire qu’on ne l’oublie pas. On organise une sortie, on crée des groupes de conversation sur Whatsapp. Ainsi, avec les enfants, on a créé un groupe et nous pouvons échanger ensemble facilement. Tout le monde suit la conversation en instantané et peut intervenir. Cela nous a beaucoup rapprochés. Je vois les vidéos des petits enfants en direct et c’est super ! Par contre, j’ai l’impression aussi de devenir parfois accroc de mon téléphone portable et de mes mails (comme si la terre allait s’arrêter de tourner si je ne réponds pas dans l’heure !).

Dans ma vie chrétienne, par contre, je trouve que tout ce qui est proposé est prodigieux. J’écoute, le matin, la prière sur l’appli « prier en chemin », proposée par les Jésuites. Il y a tout un tas de retraites dans la vie qui sont proposées par des Communautés Monastiques. C’est vraiment extraordinaire… On peut déposer des intentions de prière, créer une communauté de prière, etc… Dans l’ensemble, je trouve tous ces nouveaux moyens de communication positifs même s’il faut rester vigilant. On peut signer des pétitions en ligne, partager un beau texte ou, au contraire, une indignation, avec des milliers de personnes.

Globalement, je suis motivée par toutes ces nouveautés mais je me dis qu’il ne faut pas qu’elles prennent toute la place aux dépens de la relation de proximité. Si je veux « rester dans le coup », c’est indispensable de s’adapter mais aussi nécessaire de ne pas se laisser piéger… d’où l’importance de s’arrêter, de prendre du recul, d’y réfléchir pour mieux utiliser, en conscience, tous ces nouveaux outils.

 

§§§

 

*Pour moi, le changement est difficile. Tout change vite et fort et je ne peux pas suivre (vieillesse, mémoire…) Mes enfants ne disent rien mais me font comprendre que je ne suis plus la même. Je ne connais pas le vocabulaire. Parfois, je me tais… j’écoute beaucoup plus. Je suis inquiète car je suis lente et je n’arrive pas à suivre. Parfois, je suis découragée. Il y a quelques changements bénéfiques… Tout ce qui est en « ligne », je ne fais pas. L’évolution administrative laisse les personnes de côté. J’ai peur de faire des bêtises.

Ma fille m’a dit qu’elle voulait faire un Noël différent… c’est-à-dire, pas chez moi. Elle veut me faciliter la vie mais j’avais, moi, déjà pensé à l’organisation à la maison. Dur…dur… Tout ce qui est technique m’effraie… la robotique domestique qui remplace une personne au travail, je ne trouve pas cela bien. Il y a de l’aide malgré tout (aspirateur….). Si je peux faire des choses pour le climat, c’est positif. Les enjeux climatiques me font peur…. Malgré tout, je crois que l’Humanité s’en sortira. Je préfère la rénovation que le changement complet. Dans l’Eglise, il y a des progrès. Il y avait des choses cachées… les choses se disent, mais cela ne va pas assez vite. Il faut que je m’adapte. Pour ma maladie, il y a de bons changements. Changer les choses pour que les gens vivent mieux. .. Je trouve horrible qu’on utilise le téléphone pour tout… Le monde va continuer à changer. Au Brésil, j’ai travaillé pour changer la vie des agriculteurs et des progrès énormes ont été faits.

 

§§§

 

*On a toujours connu des changements. Nous vivons une période intéressante avec une prise de conscience. Nous avons accès à plein de connaissances, dans beaucoup de domaines qui nous permettent d’avoir du recul, de nous faire une opinion…Savoir quoi manger pour rester en bonne santé, être attentif à l’écologie….. J’apprécie les textos et les mails qui entretiennent les contacts. Entendre la voix rapproche aussi. J’utilise le CESU pour un jardinier et pour l’aide-ménagère. J’apprécie de pouvoir réfléchir au niveau écologique (tri sélectif). On s’ouvre à une connaissance, il y a un réveil des consciences.

Sur le plan de l’Église, recherche de vérités nécessaire… Parfois, l’emballement des technologies m’affole. La circulation automobile devient difficile… Le harcèlement téléphonique : ras le bol ! Le débit « mitraillette » qu’on cultive dans les émissions TV : NON. Je lis beaucoup. J’ai rayé la télévision de mes programmes. Il y a des propositions dans tous les domaines au détriment d’une connaissance approfondie. Trop de loisirs différents… les gens sont hyper engagés. Relations superficielles, débauche des amis, Facebook…instabilité des couples effarante. L’évolution de la médecine (télé-médecine) m’effraie. Le contact avec un médecin est important. Il y a des changements dans le carnet d’adresse : on raye des noms (décès), la vie relationnelle est changée. Sur le plan politique, difficile d’y voir clair. Sur le plan local, c’est plus facile (on connaît les personnes).

 

§§§

 

*Le monde change… Les outils technologiques entraînent une accélération dans la qualité de vie et des nuisances, en parallèle. Il faut se soucier des personnes qui n’ont pas « franchi le pas ». Il y a une évolution des mentalités. Le collectif est moins important. On développe l’individualisme (vivre à 100% même si on laisse des gens de côté). La parole se libère, comme dans l’Église. On change le regard et c’est une bonne chose. Les enjeux climatiques deviennent essentiels. Respect de la planète…

En Terre Adélie (en 1970, 1972), on jetait les déchets à la mer. 20 ans plus tard, j’y suis retourné, on a nettoyé la falaise que l’on avait polluée et on a amené nos déchets en Australie. Il y a eu du gâchis (piste d’avion construite et non utilisée). La jeune suédoise, Greta donne des idées par rapport aux changements nécessaires. Jusqu’où le changement ? ou jusqu’où le non changement ? Évolutions législatives… chambre d’enregistrement de nos changements.

Il y a des changements au niveau de la famille (beaucoup de femmes seules) mais le changement amène de l’équité dans le couple. Pour autant, beaucoup d’instabilité dans les modèles. L’élément qui me paraît stable : l’amitié. Ce qui me fait peur : les réseaux sociaux. On peut « lyncher » quelqu’un en deux clics… facile. Malgré tout, je suis motivé et confiant, convaincu que les changements sont bénéfiques si on n’oublie pas l’humain, si l’attention aux plus pauvres est préservée.

 

§§§

 

*Évolution des mentalités, moins de collectif. Il y a, malgré tout, beaucoup d’entraide. On se rend compte qu’il y a de la solidarité (Téléthon, causes communes). Quand il y a une catastrophe aussi… Les femmes osent parler, les hommes prennent leurs défenses. Ils prennent conscience de certaines choses. Les réseaux sociaux peuvent être dangereux. Notre comportement par rapport à la planète a changé… Au départ, cela demande un petit effort (compost, tri…) Mais on s’aperçoit que c’est facile. Sans la voiture, pas facile, en campagne. On ne peut plus bouger. Le manque de civisme me révolte… On casse, on est violent en paroles. Mais on ne peut pas revenir en arrière. La vie est plus facile qu’avant, le confort est extraordinaire. Je suis confiante. Mais il faut être vigilant, faire la part des choses. Il y a de l’humanité, du partage, de la solidarité. Il faut accepter de bouger et de s’adapter. Il y a du positif comme dans toutes les époques.

 

§§§

 

*Le changement : thème très vaste. Le changement est continu. Quand j’étais enfant, il était déjà là. On suivait ce qu’on nous disait sans se poser de questions. Le changement était moins problématique que maintenant. On voulait être autonome. Changement de profession, de lieu d’habitation, changement dans les couples. Dans la vie de tous les jours, changement, source de manifestation. Pourquoi les gens manifestent-ils autant ? Changer, pour quoi ? Je ne suis pas « branché réseaux sociaux ». pourtant, je reconnais que le téléphone portable est indispensable. Aujourd’hui, il y a plus de réunions pour se rencontrer et échanger. J’aime cette phrase « Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement » Bouddha.

 

§§§

 

*Je vis dans la routine, une vie de retraitée. Mais j’accueille l’inattendu. J’essaie de varier mes attitudes, de les adapter à ce qui s’offre à moi, tout en respectant mes engagements. L’emballement des technologies : je m’adapte. J’essaie d’éviter les situations qui me posent problème. Au Secours Catholique, on rencontre des gens en difficulté. Y-a-t-il un moyen d’arriver à plus de justice et d’équité ? J’ai des changements à opérer (tri sélectif). Le Pape a institué une journée de prière pour la sauvegarde le la Création, ma contribution ? Cette réflexion me sensibilise à ajuster mes moyens pour la sauvegarde le la Terre. J’ai le devoir d’annoncer la Bonne Nouvelle de vie, de fraternité et d’amour pour un changement réel de Société. Jusqu’où je suis prête à aller pour apporter ma pierre ?

§§§

 

Nous continuerons notre réflexion lors de notre week-end à l’Abbaye de LANDEVENNEC, prévu les 25 et 26 avril 2020.

 
What do you want to do ?
New mail