NICE
LES CHEMINS QUE J’AI FAITS AVEC UNE / DES PERSONNES DE CULTURE DIFFÉRENTE. MES EXPÉRIENCES DE COOPÉRATION / COLLABORATION
Nice, 31 octobre 2015
8 présents
Le seul exemple que j’ai trouvé est mon expérience très intéressante de négociations avec les Israéliens, durant une année. Un Israélien peut très bien me demander quelque chose dont il sait que ce sera très défavorable pour moi. Personnellement, ça me gène. Les Israéliens, cela ne les gène pas. Quelqu’un m’avait dit : « Les Israéliens, il faut leur rentrer dedans ; si tu ne fais pas cela, tu n’obtiendras rien ».Ensuite, j’ai essayé de me remémorer les « flashs » que j’ai eus lors de mes voyages :
Johannesburg : quelqu’un m’a invité à faire un tour en avion en pleine ville.
Un Canadien m’a invité à faire un tour dans une super voiture.
Nouméa : j’ai le souvenir d’un joueur de guitare de jazz qui m’a donné un cours de guitare.
Tahiti : les tours de pirogues, avec les rameurs qui se moquaient de moi.
Jérusalem : la visite de la ville avec un guide.
L’île Maurice : un soir, au restaurant, un jeune est venu à ma table et m’a tenu compagnie, car il voyait que j’étais seul. Ce petit jeune m’a dit qu’il ne pouvait plus rester chez lui, car les étrangers achetaient tout.
Maroc : notre 4x4 était bloqué dans un oued. Des Marocains sont venus nous aider et ont pris des risques pour nous. Moi, je ne l’aurais pas fait.
J’ai l’impression que je me souviendrai toute ma vie de ces « flashs ». Maintenant, j’essaie de faire pareil. J’ai récemment fait visiter le massif des Écrins à des Allemands.
J’avais 18 ans, et mon père m’a conseillé d’aller en Algérie, chez un ami à lui, pour faire de la pêche sous-marine. Je suis allé à Alger tout seul, mais l’ami de mon père n’est jamais venu me chercher. J’ai pris le bus, et j’ai sympathisé avec deux Algériens qui m’ont aidé. Je suis retourné à l’aéroport avec eux, et nous avons dormi à l’aéroport. Mon père m’a suggéré de contacter une autre personne, qui n’était encore pas là. Je me suis fait héberger par quelqu’un qui m’a offert à manger. La personne m’a proposé de pêcher avec son frère. J’ai de très bons souvenirs de l’aide que j’ai eue. C’est pour cela que j’essaie d’être sympa avec les étrangers. J’ai eu plein d’autres aventures, dans plein d’autres pays. Récemment, une chose m’a interpellé : à Valbonne, ils ont cherché des gens qui étaient prêts à accueillir des Syriens. L’idée m’a tenté, mais je ne suis pas allé au bout.
L’accueil en Polynésie : ils ont une mentalité différente de la mienne. Ils rigolent tout le temps et se moquent de nous. Aux Marquises, les enfants sont un peu à tout le monde. Du coup, ma fille n’était plus dans mes bras, et j’ai eu l’impression de me faire déposséder de mon enfant. En Italie, dans les Cinque Terre, j’arrive à l’office du tourisme, seule, à 18 ans. Tous les hôtels étaient complets. Une personne de l’office du tourisme a appelé sa tante et lui a demandé de m’héberger moyennant finances. En lettres classiques, il y a trois spécialités, le français, le latin, et le grec. Je n’aime pas le latin. Je suis les cours d’improvisé avec les « L3 ». Dans le cours, il y a une fille italienne.
Les Italiens commencent le Latin en 6e. Cette Italienne avait une très belle façon de prononcer le Latin. J’ai trouvé cela somptueux. À la paroisse, il y a des chapelets en octobre et en mai. Une petite dame vietnamienne venait tous les soirs. À partir des années 58-60, le quartier de Jas de Bouffan a été peuplé par des immigrants de différents pays, par vagues successives. Je lui ai demandé de me dire le Je vous salue Marie en vietnamien. C’est assez rigolo. Elle a une façon de le psalmodier qui est très belle. Maintenant, on a des Je vous salue Marie en latin, en grec, en espagnol et en malgache. On arrive à repérer Marie et Jésus. Ça donne une autre façon de prier et cela intègre des gens qui étaient à la marge. On va l’avoir en arabe, et petit à petit, nous allons étoffer notre chapelet. J’ai trouvé l’expérience très intéressante.
1ère expérience : expérience américaine très enjouée. Nous avions rencontré un américain qui s’appelait Phil, au Club Med. Il avait la joie et l’envie de faire des choses et d’y aller à fond. On surfait les vagues avec un optimiste. Il était tout le temps comme cela. C’était impressionnant. C’était un cinéaste qui faisait des reportages. Il était intelligent, mais il avait une particularité américaine que l’on ne trouve pas ailleurs. Beaucoup plus discret, c’était « Chito », la Chinoise qui était la compagne de mon ami Pierre. Elle ne parlait que chinois au début. Nous communiquions sur des choses hyper basiques, mais pourtant, il y a des choses qui passaient. Elle voulait voir la lavande. Elle a été très étonnée de voir nos mères qui avaient 80 ans. Sa mère avait 60 ans et paraissait aussi âgée. Il y a une grosse différence de culture. Le bruit est permanent chez eux. La 3e expérience est une expérience de collaboration. J’avais travaillé à Milan. J’ai eu une expérience de harcèlement sexuel. Une fille a mis la main aux fesses à un garçon. J’ai trouvé cela très marrant. J’ai beaucoup appris des Italiens, ainsi que sur leur manière différente d’appréhender la vie. Un Italien disait qu’il préparait des billets en petites coupures, et qu’il les distribuait systématiquement à tous les mendiants qui réclamaient de l’argent. C’était une belle expérience.
La 1ère chose à laquelle j’ai pensé, c’est lorsque nous avions reçu Anna, une petite Russe. C’est moi qui voulais faire cette démarche. Ce qui me reste, c’est que cela a été très difficile. Il est très difficile de faire rentrer un étranger dans la maison. Cela perturbe tout. Elle est venue deux fois pendant une période d’un mois, et cela ne s’est pas très bien passé. Pourtant, c’est moi qui le voulais. Aujourd’hui, je crois que je n’arriverais pas à accueillir un migrant. J’aurais très peur d’être bousculé. Je n’aime pas trop les Asiatiques. Je les trouve peu expressifs. Cet été, j’étais en Californie. La dernière semaine, j’ai gardé une journée pour visiter. Nous étions trois. Un Anglais, une Chinoise, et moi. Nous avons passé une belle journée. Nous nous sommes dits, tous les trois : « J’ai passé la plus belle journée de ma vie ». Le 3e point : quand j’étais chez HP, j’étais « Single Point Of Contact », sur un projet, avec des Israéliens. C’est la pire expérience que je n’ai jamais eue. Les Israéliens m’ont parlé comme à un chien. Les Israéliens disent d’eux-mêmes « piquants dehors et doux dedans ». Personnellement, je n’ai jamais trouvé le dedans.
Nous étions en Tanzanie en safari. Chaque famille avait son guide. J’ai invité une famille à boire un coup, et j’ai aussi invité notre chauffeur. Lui-même a invité le chauffeur de l’autre famille. Nous nous sommes retrouvés à 7-8, autour du feu. Je me suis alors rendu compte que le stagiaire « safari » qui s’occupait du feu, n’avait rien à boire. Je suis allé le voir et je lui ai donné une petite bouteille de jus de fruit. Je n’oublierai jamais le regard qu’il a eu lorsque je lui ai donné cette bouteille. Ce fut un extraordinaire échange de regards que je garderai toujours dans ma mémoire.
Je me suis rendu compte que la notion d’étranger était une notion acquise. Quand j’étais petite, nous habitions dans un HLM, et nous avions des voisins franco-algériens. Mais moi, je ne m’en rendais pas compte. Une fois, une fatma est venue, avec le front tout tatoué. J’étais très étonnée, et je me demandais ce qu’avait cette dame. C’est à ce moment là que j’ai réalisé que mes voisins étaient différents de moi. Nous avons ensuite déménagé dans un lotissement. En face du lotissement, il y avait un HLM. Ma mère a reconnu notre ancien voisin, et lui a fait la bise. Mon frère lui a demandé : « Pourquoi tu fais la bise à un Arabe ? ». Voilà comment on passe d’un « voisin » à un « Arabe ».
J’avais une amie marocaine à la Fac. Un jour, elle est partie soudainement. J’ai appris qu’elle avait un copain français et que ses parents l’avaient obligée à rentrer au Maroc. Je ne l’ai plus revue. J’ai connu une américaine à l’internat, qui était venue apprendre le français. Elle a connu un garçon qui était en Fac de médecine. Par amour pour lui, elle a décidé de faire des études de médecine. Elle a eu deux enfants, et puis elle a soutenu sa thèse. Pendant sa thèse, un chef de service l’a félicité, en lui disant que c’était remarquable, surtout d’après son cursus. Pour moi, cette fille était bien au-dessus de moi, qui avais fait l’internat. Nous avons une vision étroite, et nous avons du mal à sortir de notre microcosme. Concernant l’accueil des gens chez nous, je me suis juste dit : « Si ça se passe mal, comment tu ferais pour les virer ? ». Finalement, je me suis dit que je ne me sentirais pas de le faire. Mon amie Mireille m’a dit qu’elle avait été victime des intempéries, et je lui ai proposé de l’héberger. Ce n’est pas une étrangère. C’est différent.
Maria est une étrangère, mais pour moi, Maria, c’est Maria. Les étrangers que j’ai connus en Afrique, pour moi, ce n’étaient pas des étrangers. Pareil pour l’Allemagne. Lorsque nous avons fait nos voyages, nous avions des guides, mais pour moi, c’était pareil. Ce qui me faisait dire que ces personnes étaient différentes, c’était leur statut social. Mes parents avaient des amis étrangers, mais c’étaient des gens qui avaient des sous. Ce n’est pas la couleur de la peau, c’est plutôt le statut social qui fait que je ressens de la distance. Nous avons vécu avec notre chauffeur au Kenya, pendant 10 jours. Je n’avais pas l’impression que c’était un étranger. Je n’ai absolument pas l’impression que tous ces gens sont des étrangers. Les sœurs que j’avais rencontrées en Afrique : je me sentais proche d’elles. Pour l’accueil des Syriens, un jour, je l’ai proposé à mon époux. Ce qui a bloqué mon époux, c’est « on a pas envie de s’emmerder ». C’est délicat de faire ce type d’accueil. Sur France Inter, j’ai écouté une émission. La personne disait qu’elle avait accueilli quelqu’un chez elle. Elle lui a dit qu’il y avait des règles. J’ai trouvé cela très bien. Je me suis dit aussi que nous pourrions adopter un enfant. C’est la même chose.