LA JOIE

Landévennec, 26 avril 2014

 

8 participants


- À l’annonce du décès d’un neveu (mort violente) la Joie n’est pas possible. J’ai lu de François Varillon « La joie de vivre ». La vie a-t-elle un sens ? L’absurde, la révolte est nécessaire. Être chrétien, c’est donner un sens à ce qui n’en a pas. Il y a du grain à moudre. La joie est prière, la joie est amour, un bon morceau de musique, des amis de toujours… Avec quelle joie j’ai retrouvé ma maison, mes souvenirs, mon indépendance. La joie de pouvoir venir à Landévennec…

- La joie ne me met pas à l’aise du fait d’une enfance « marquée ». Plus j’avance en âge, plus j’essaie de me réjouir : le couple, les enfants, les petits enfants. On peut paraÎtre être trop gâtée par la vie. La joie, c’est quelque chose d’inaccessible : « libération de la vie », plus d’entraves. La joie et la vérité sont très proches. Texte de Pascal…Texte d’extase, joie spirituelle qui lui a donné une nourriture pour vivre. La joie ne peut que m’éprouver…

- La joie dépend de chacun de nous : il y a des joyeux, il y a des tristes. Un frère rayonne par sa joie (il a pourtant connu la maladie), un autre n’a jamais souri… Aucune manifestation de joie. La joie est une émotion agréable et profonde « si profonde que rien ne saurait l’altérer ». La joie remonte de l’intérieur, ce qui la différencie de la gaité ou du bonheur. Le bonheur est un état satisfaisant : le but est arrivé. On est heureux parce que tout va bien. Le plaisir est plus matériel mais bonheur et plaisir nous mènent à la joie. « Être joyeux c’est vivre pleinement », « La joie annonce toujours que la vie a réussi », « Il y a la joie, partout ou il y a la création ». La joie de faire, de créer, de faire vivre… La joie d’un chef d’entreprise, d’un couple, l’artiste créateur d’une œuvre…

Sentiment d’intériorité. Bonheur et plaisir sont éphémères. La joie chrétienne : se savoir aimé par Dieu, la joie d’avoir donné un sens à sa vie. La joie de l’Espérance, la joie de croire (Varillon). Donner un éclairage à notre vie. La certitude de la foi nous amène à la joie. La joie de l’Évangile (le pape François). Se réjouir ensemble de la vie (marcher ensemble dans un même but), réussir un projet que l’on s’est fixé ensemble : communauté, couple, association, parti politique…

Ce qui fait sortir des chemins de vie, c’est l’autoritarisme, l’égoïsme. La joie quand on pleure : c’est impossible. Il faut retrouver le goût de vivre. On peut trouver la consolation, le réconfort, l’espoir de guérir pour retrouver la vie, la joie. La joie chrétienne c’est notre foi dans le Christ, joie de l’espérance inséparable de la foi. L’espérance peut transformer le présent douloureux. La joie n’est pas l’opium du peuple. La souffrance n’a pas été voulue par Dieu, mais ceux qui souffrent sont mieux placés pour obtenir une vie meilleure : « Le royaume des cieux est à eux ». La joie de la vie : on n’en parle pas. Vivre pleinement, c’est être joyeux. Le temps de la joie c’est le temps de la foi.

- Je suis soucieuse, mais quand je suis en souffrance il suffit d’un coup de fil de la famille pour me remettre en joie. Tout change. On peut vivre chaque jour de petites joies. La disparition de personnes aimées ne veut pas dire que je vais rester dans mes pleurs. Je ne peux pas vivre dans la souffrance. Référence à des citations d’Anselm Grün. Aucune joie n’est possible dans une souffrance. La joie de l’Évangile, je cherche pour masquer les misères du monde. J’ai besoin d’avoir de la joie pour tenir. Dans la foi, j’ai la joie de l’espérance. Quand j’écoute de la musique, je pleure…et je danse…

Il faut joindre la foi et l’espérance. Les Philippins sont très joyeux et choqués de la réserve des européens. Il y a aussi la joie de la rencontre.

- Beaucoup de signes se présentent à nous pour exprimer notre bien-être. La fête de Pâques doit être source de joie pour un chrétien, c’est le signe du renouveau. Quand on se sent libre, on est ouvert à tout. La joie est essentielle comme le soleil ! Notre joie n’est-elle pas affectée quand le temps est triste ? Comment rester immobiles quand d’heureux événements nous apportent le bien-être. Le bonheur de se sentir apprécier pour ce que l’on est. Comment peut-on être dans une joie complète quand on voit qu’une personne doit faire face à des problèmes, et tout ce qui se passe dans le monde ? Que faire ?

- Anselm Grün nous parle de « la joie de souffrir », joie éprouvée dans la souffrance avec « l’espoir de rester dans la gloire du Christ ». J’avoue en être loin car je ne trouve pas de joie quand je suis dans la peine. Mais il dit aussi : « Il y a un temps pour pleurer, il y a un temps pour rire ». On peut aussi pleurer de joie…c’est une phrase que j’ai entendue lors de la libération des otages les jours derniers. Je ne peux pas dire que la joie chante au fond de mon cœur quand j’ai de la peine.

- Veuve depuis 10 ans, je le suis à nouveau depuis 3ans. La joie est bien difficile quand on vit de grandes douleurs. Si l’on m’avait dit « Il faut être Joie », j’aurais « balancé une paire de claques »… Une autre phrase insupportable : « Si elle a beaucoup souffert, c’est parce que Dieu l’aime beaucoup ». La joie ne se décrète pas, elle s’impose à nous. C’est une source que l’on sent couler en soi quand on reprend goût à la vie. « Demeurez dans l’amour pour que vous soyez dans la joie ». J’ai toujours été soutenue à la mort de mon mari. Cela m’a beaucoup aidée. Après le décès, j’ai eu une grande période de révolte. J’engueulais Dieu tous les matins ! Donc il était là puisque j’étais en colère contre lui. Dans la relecture je trouve que lorsqu’on n’est plus capable de dire Dieu, il trouve les moyens pleins de délicatesse pour nous rejoindre ; il reste présent à travers la tendresse, l’affection aux autres.

Maintenant la source de ma joie c’est vraiment le Christ et savoir aimer envers et contre tout. Je pense que tout a un sens, cela m’aide à retrouver la joie. Au MEJE, les jeunes ont un carnet pour noter ce qui a été beau dans leur vie : c’est la trace de Dieu. Avec le recul, je suis capable de goûter plus intensément les joies de la vie.

- La joie est un projet de vie quand tout va ou que rien ne va, mais pour y arriver j’ai testé qu’il est nécessaire de consentir à beaucoup de choses pour y accéder. Soit consentir à la vie réelle (non rêvée), avoir été confronté à des difficultés, des épreuves, des deuils. Avoir réfléchi pour ne pas passer son temps à bâtir le seul monde extérieur pourvoyeur à lui seul d’un bonheur illusoire promis à l’anéantissement, ni s’enfermer dans la sagesse d’une morale ou d’une mystique désincarnées…

C’est de « l‘économie domestique », à quoi passer son temps ?... C’est long… Il paraît que 50 ans c’est le printemps du « devenir ontologique » (naturel). La joie de vivre, c’est d’être sur un chemin avec d’autres, d’avoir toujours à découvrir. Même si extérieurement je vieillis, intérieurement je ressens plus profondément la joie d’être tendue vers la Source, c’est découvrir sa vocation divine dans le germe divin qui est en chacun (croyant ou non). Je peux toujours m’en écarter en fuyant mes passions, mes pulsions, mes envies de satisfaire mon égo.

 

C’est en choisissant des plaisirs sans suite ou en se laissant déborder par la tristesse, que l’on perd le cap. Je ne suis pas seule pour faire face à la tristesse quand je fais un retour au site intérieur, comme un petit lac au fond d’une grotte silencieuse mais habitée.

C’est une aspiration. Pourquoi certains restent moroses et négatifs (l’expression, le regard, la croix…) ? Question ? Ils ont perdu leurs désirs ? Les désirs orientés (évangiles) sont nécessaires. Le philosophe Alain disait : « On devrait apprendre aux enfants à être heureux ». Le Père Jaouen à ses paumés : « Démerdez-vous pour être heureux ». Faire découvrir les fausses pistes, les désirs de l’égo sans contrôle, les paradis illusoires… Les êtres ne sont pas nuls parce que ils ont des désirs…le résultat est nul s’ils ne convertissent pas leurs désirs. Le « lâcher prise » ne veut pas dire renoncer, abandonner, c’est composer avec la force de l’adversaire au lieu de se rebiffer, de s’opposer.