BRETAGNE

LA JOIE

Plérin, 19 janvier 2014

9 participants

 

- C’est un état de satisfaction qui se manifeste par la gaîté et la bonne humeur ; un sentiment de bonheur interne, mais limité dans la durée. Pour moi la joie est liée à des actes : joie de se revoir, de la satisfaction partagée, d’être reconnu et reconnaître quelqu’un, d’être là à partager, d’intervenir ; joie pour soi et pour les autres.

 

- La joie ? Une attitude profonde : « Que ma joie soit en vous » ; elle est souvent citée dans l’Évangile ; je le savais, mais ne le vivais pas ; c’est quelque chose d’essentiel, à l'intérieur de soi. J’ai l’impression que depuis que j’ai entendu parler de la joie, par le Pape, cela m’a tapé au cœur ; j’essaie de comprendre, de réaliser : être reconnu, se savoir aimé, « je suis ton enfant bien aimé ».La joie des non chrétiens, cela m’interroge. Je suis heureuse des partages et de la joie des autres. Il faut avoir le cœur ouvert et accepter la joie de Dieu (un don que l’on reçoit) pour la donner aux autres.

 

- La joie, c’est l’expression du plaisir, d’être heureux ; comme le sourire d’un enfant, un signe de bien-être et de contentement qui se lit sur le visage. Il y a des visages tristes et des visages gais. La joie peut être intérieure, pour moi elle s’exprime et il faut essayer de la partager avec des personnes en difficulté. Elle peut être ternie, rendue difficile par des événements (mésententes familiales, chômage, problèmes de santé...) Je me réjouis sans arrêt de la résolution de mes problèmes de santé et d’une carrière sans graves soucis.

 

- Je rejoins des choses dites : joie de se retrouver, d’être ensemble. Des personnes que je connais dont une participante à Diaconia, témoignent d’une fraternité joyeuse qui peut transformer. La joie peut aussi faire place à la tristesse (ma mère de 95 ans a des soucis de santé, de prise en charge par la maison de retraite et les prix de pension augmentent…)

 

Joie et plénitude se ressemblent ; faire confiance, se laisser guider par l’Esprit, « Porter cette joie et la prière, partout dans notre vie » (Le Pape). Il faut sortir de nos préoccupations pour aller vers les autres, mais j’ai parfois peur d’être « bouffée » ou je panique, même si c’est idiot.

 

La joie est un don ; la prière est importante ; joie et amour sont liés. « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur (Philippiens) ; j’essaie d’être attentive à l’Esprit et de relire ma vie pour donner sens et cheminer vers plus de joie et de plénitude. Compter pour quelqu’un me transporte, me donne des ailes : « Tu as du prix à mes yeux... »

 

- Je suis interpellée par ce MOT JOIE quand on voit le monde écrasé par les soucis, les médias négatifs... Avec les jeunes du MEJ on a travaillé sur le regard, regard des journalistes sur le monde, déniché les bonnes nouvelles ; les beaux gestes sont moins vendeurs…

 

Le rire est plus rare qu’autrefois chez les adultes : on vit dans le passé (nostalgie) ou dans le futur incertain et on ne sait pas se situer dans l’instant présent, se réjouir d’être aimé, de compter pour quelqu’un ; pourtant j’ai vu le sourire émouvant de gens exceptionnellement embrassés. La joie devrait nous caractériser en tant que chrétiens ; « Si tu avais vu la tête que tu tirais » m’ont dit un jour mes enfants ! Depuis je fais attention. Le Pape parle beaucoup de la joie. Avec J.C. la joie naît et renaît toujours.

 

- La joie c’est le bonheur ; lors des naissances d’enfants par exemple ; un élan qui se transforme en bonheur – sérénité. Il y a aussi des moments souvent égoïstes de bonheur, comme devant la mer, la création. Je suis intéressé par le texte du Pape, « La joie de l’Évangile ». Elle naît de la certitude d’être aimé personnellement. J’ai connu une éducation punitive, mais je m’en suis libéré surtout après des discussions libres avec des prêtres ouvriers navigants ; et aussi auprès d’une tante religieuse beaucoup plus ouverte que parents et beaucoup de curés…

Le nouveau Pape donne un visage d’Église beaucoup plus marqué par la joie. Dans le milieu social public, pas beaucoup de joie et c’est un contre exemple pour les jeunes. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire dans la communication y compris dans l’Église ; la conversion est pour tous (cardinaux, évêques, fidèles). Il y a de grands progrès technologiques qui n’entraînent pas la joie.

 

- « La joie de vivre » : un titre de livre de Zola, une colonie de vacances, une boutique de décoration à Paris, une maison de retraite à Toulouse. Elle est clamée partout. Notre joie est faite de plaisir, de gaîté, de lucidité aussi. Elle permet d’affronter les hauts et les bas de la vie tout en continuant à avancer. C’est une force à laquelle nous aspirons ; une joie faite de choses simples : être en famille, entre amis, partager un repas, une balade... Du fait de nos histoires familiales, de nos expériences, de nos conditions de vie, nous n’avons pas tous la même aisance à faire vibrer la joie de vivre. Pourtant « notre joie dépendrait de nous et non d’autrui ». Comme je pense être d’un tempérament plutôt optimiste, je me réjouis d’être là, en bonne santé, d’avoir ce qu’il me faut pour vivre, mes enfants, mes petits enfants, un repas de famille, une réunion avec des personnes qui me sont sympathiques… Ma joie de vivre se renouvelle chaque jour en me levant. Ma foi m’aide aussi certainement, parfois d’une façon inconsciente. J’aime la vie, même si je râle sur le temps ou autre chose et, malgré mon âge, l’espérance m’aide à avancer.

 

- Le temps de Noël me rappelle la joie : Réjouissez-vous le sauveur est né. L’entendre crier cela touche. C’est un don ; il y en a qui sont naturellement joyeux même dans un temps de tristesse, ça ne s’explique pas. Chez Leclerc si je croise un enfant et lui souris, cela me donne de la joie. On peut être la joie de quelqu’un : mon mari était ma joie même quand il râlait. Elle va, elle vient. Il y a des joies très discrètes, mais pas chez moi (tempérament expansif). La tristesse ne dure pas longtemps car je travaille sur moi-même. J’ai la responsabilité d’être joyeuse pour famille et amis. On peut ressentir la joie quand on est seul s’il n’y a personne à qui la montrer ; souvent il faut quelqu’un pour partager, pour faire une joie collective (amies d'enfance, de collège, collègues). Si je peux faire sourire quelqu’un, pourquoi pas ? Elle se montre par le visage. Après une chute j’ai eu des idées noires, mais quand les petits enfants sont arrivés tout a disparu et j’ai repris mes activités. Un neveu (pharmacien pour complaire à ses parents) s’est pendu ; c’est très triste mais la joie revient ; on se raisonne.

 

- C’est en observant le visage des gens que j’ai reconnu la joie. Les gens joyeux ont un profil à l’opposé des ténèbres. C’est un état beaucoup moins passager et plus profond que le plaisir. Parfois elle paraît difficile et absorbée par mille choses, on ne prend pas le temps de la goûter. Elle illumine dans la relation, la communication, la communion ; il y a des êtres auprès desquels on se sent bien d’emblée, aussi des paysages, des célébrations… Tout ce qui est incompréhension, manque de communication, échecs de projets, altérations fortes de la santé, étouffe la joie, au moins la masque (visage atteint). À mon âge je ressens qu’il faut être heureux d’être, et avoir la joie en projet de vie.

De la naissance à la mort, entre 2 portes, quelle route pour arriver à la conscience d’un lien avec Dieu par J.C. ! Dieu est conversation, il connaît chacun et l’habite ; alors de plus en plus la joie résiste aux épreuves.

J’ai la chance d’avoir reçu enfant et jeune des conditions de réflexion, d’apprentissage à l’amitié, la prière, l’action de grâce, sans que cela devienne évident tous les jours. Ados, s’accepter ce n’est pas la joie. Peut-être plus facile pour des enfants encouragés ; mes parents ne nous ont jamais flattés et soulignaient plutôt nos déficits (peut mieux faire…) ; on n’a pas été leurrés sur notre grandeur ! En cela ils étaient bien soutenus par l’école et même la prière scoute (apprends nous à nous dépenser sans attendre, etc.).

Il a fallu ce feu intérieur puis la conscience de réussir certaines choses, les rires et l’enthousiasme des amis pour m’estimer et être heureuse ; et cela c’est une force qui me quitte rarement désormais. C’est vrai que les risques durant la jeunesse sont énormes (pires maintenant), mais on ne mesure le stress des parents que lorsqu’on a soi-même eu la responsabilité d’enfants. Ainsi c’était difficile pour l’enfant que j’étais de comprendre la vie, d’aller se confesser pour se faire pardonner et simultanément de se retrouver devant un Dieu qui punissait … au lieu de nous faire comprendre que nos erreurs ne punissaient que nous, en nous écartant de la route du bonheur. Par contre dans les réunions familiales côté maternel (ma grand-mère et ses 4 enfants) la joie présidait : rire, humour, gentillesse ; donc l’avenir à l’état adulte n’était pas bouché !

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