Aix-en-Provence

Compte-rendu de la réunion du 12 mars 2018 sur le thème :Ce que me transmettent les générations suivantes

10 participants

 

 

Mes enfants m’ont transmis leurs questionnements sur les coutumes et rites qu’ils n’ont pas acceptés ‘comme ça’, alors que j’ai beaucoup fait par respect et pas toujours par conviction. Maintenant je me pose la question du ‘pourquoi’.

 

Je reçois des choses contradictoires: j’ai l’impression que les jeunes sont beaucoup plus autonomes que nous, alors qu’ils utilisent le téléphone mobile comme cordon ombilical. Ils nous aident aussi à nous secouer et nous recaler. Par exemple, lors d’un braquage de magasin où nous étions, c’est ma fille qui a géré la situation et m’a protégée.

 

Ma connexion à l’informatique m’a aidé à réduire le décalage avec les jeunes, mais ça s’est complexifié et ce n’est plus vrai. Les jeunes m’ont apporté de la reconnaissance. Les pré adultes m’ont apporté l’exemple de la simplicité et de la spontanéité, et je trouve dommage que ça s’estompe lorsqu’ils avancent en âge.

Ce que j’y vois de positif est la facilité des jeunes à apprendre les langues, voyager à l’étranger, y étudier (Erasmus), et le fait qu’ils ne sont pas conditionnés par nos rails et nos a priori. Ils nous apprennent plus qu’on ne leur apprend. Notre fils décédé jeune a beaucoup apporté à nous, à ses frères et au reste de la famille. Ce que j’y vois de négatif est que les jeunes sont globalement des enfants de riches, gaspillent, suivent les modes (vêtements faussement déchirés, tatouages,..), manquent d’esprit critique et que ça mènera à des problèmes et des catastrophes. Les téléphones mobiles contribuent à les faire vivre dans le virtuel et méconnaitre le réel.

 

Je suis nourrie par la capacité d’émerveillement de ma petite fille. Ma fille se pose beaucoup de questions pour élever et éduquer sa propre fille, alors que je faisais tout à l’intuition. J’y vois un sens élevé de la responsabilité parentale. Je pense que la façon d’être sera importante pour affronter les changements et incertitudes du monde à venir. Je pense que les jeunes ne sont pas dans la continuité avec le monde qu’on a bâti, qu’ils ont un regard différent, en particulier avec moins d’attachement au monde du travail et plus de liberté de comportement.

 

On me disait à 30 ans que les générations futures seraient constituées d’abrutis (à cause des jeux vidéo) et de malpolis: ce n’est pas ce que je constate à travers mes enfants, neveux et jeunes cadres et techniciens avec qui j’ai travaillé. Ils ont des valeurs différentes des nôtres, peut-être plus saines. Je ne suis pas certain que les jeunes en général aient une bonne image du senior, et je crains à terme une rupture générationnelle. Je crains aussi qu’ils se fassent endoctriner ou manipuler, par déficit de culture et d’esprit critique. Quand j’étais jeune, je voyais des vieux c..s un peu partout. Je pense que pour les jeunes d’aujourd’hui, il y en a plein aussi, et que j’en fais peut être partie.

Auparavant, il y avait la tradition. Mes aïeux connaissaient la valeur de la solidarité. Les rapports garçons-filles étaient très encadrés, mais était-ce mieux pour autant? Jeune, j’ai vécu avec des idées complètement fausses et ridicules sur les manières de tomber enceinte sans le vouloir. Je pense qu’il y a chez les jeunes du bon mais aussi du mauvais, notamment le déficit de l’humain.

 

Par leur maturité et leur autonomie mes enfants me rendent heureux, serein et plus libre. La vie des jeunes est pour moi une richesse. Ils m’aideront à vieillir moins vite. Bien que j’argumente mieux que ma fille dans nos débats, il me vient le sentiment d’être peut être un vieux c... Dans le travail, les jeunes m’apprennent beaucoup. Je vois qu’ils avancent très vite et les jeunes managers dépasseront très vite les actuels. Je m’attends à une adaptation difficile pour ne pas être éjecté avant le terme normal de ma carrière.

 

Ma mère surveillait son lave-linge automatique neuf avec autant de vigilance que sa vieille machine manuelle. C’est dans notre mode de fonctionnement. Aujourd’hui, je suis passé du côté des vieux c..s. Je pense que les jeunes sont comme nous à l’époque. Même avec des moyens techniques modernes, mes enfants approfondissent les questionnements comme je fais, et le font sans peur. Je suis content de les voir s’intégrer bien dans la société, et la façon dont ils l’approchent m’a beaucoup apporté. J’ai vécu dans une phase de prospérité croissante de l’après-guerre, et mes enfants me pointent toutes les servitudes et problèmes qui leur sont laissés (déchets, pesticides, alimentation). Ils veulent construire une société qui n'aura pas les travers de la nôtre.