MON rapport aux media

COMMENT JE ME FORGE UNE OPINION OU UNE POSITION

Aix-en-Provence, 13 mars 2017

 

11 présents

 

Il faut de l’information, plutôt trop que trop peu. J’aime Courrier International, qui aborde des vrais sujets, souvent avec des éclairages différents. Ça me permet de faire une synthèse que je crois moins fausse que si j’avais des sources trop similaires. Je rejette systématiquement les discours simplistes au sujet de problématiques complexes et j’écoute avec attention ceux qui essayent d’expliquer la complexité des choses. Écoutant une émission sur l’efficacité d’un test de dépistage de maladie-problématique similaire à certaines dont j’ai eu à connaître dans mon métier. J’ai été effaré d’entendre des spécialistes s’empoigner, sans que l’énoncé du problème ait été posé, et je n’ai rien pu en tirer.

 

Je ne conçois pas qu’un citoyen ordinaire puisse avoir une opinion sur la culpabilité d’un accusé, puisqu’il n’a pas accès au dossier. Si je suis interviewé par un media, je répondrai « sans opinion ».

 

J’ai toujours aimé les media et j’écoute la radio, notamment France Inter que je trouvais bien. Mais j’en suis arrivée depuis quelques années à ne plus supporter la radio car elle cherche à nous bourrer le crâne et nous formater et pas à réfléchir. Le temps d’information sur le monde est très court alors qu’il est long sur des sujets locaux secondaires. Je suis pessimiste pour l’avenir de la radio et de la télévision qui nous manipulent. Parmi les choses qui continuent à me retenir, il y a l’émission de J. C. Ameisen et celle de Philippe Bertrand qui fait parler des gens qui se bougent pour les autres. Dans la presse écrite, j’apprécie La Croix, qui donne de l’information véritable, est mesurée et me paraît honnête.

 

Je lis un journal suédois, un anglais et un américain. Je trouve d’excellents articles, mais il reste difficile de me forger une opinion. La question récente de l’autorisation ou non de meetings de ministres turcs dans les pays d’Europe est un bon exemple. La stigmatisation d’un candidat français en campagne, alors que le problème est plus général, en est un autre. N’étant pas obligée de prendre immédiatement parti, je prends du recul. Les fondamentaux de ma construction d’opinion sont l’égalité des chances et l’égalité de traitement.

 

Je puise dans des media très différents, ce qui me permet de croiser l’information et de me faire une meilleure idée. En radio, je trouve France Info et RTL orientées. Le traitement façon bazooka de France Info me donne la nausée. Je n’ai jamais pu lire un quotidien. Je lis Valeurs Actuelles et Le Canard Enchaîné – sans publicité, mais évidemment partial. J’ai cessé de regarder la télévision après une émission bidonnée. Il me semble plus difficile de décoder un mensonge d’un media écrit que d’un parlé.

 

Je ne regarde par la télévision, et la radio est off car ma femme critique. J’écoute dans la voiture, France Info pour les titres et les faits exclusivement. Seule l’information à la source m’intéresse, pas les rapports ni les commentaires. J’aime le site Internet qui fait une sélection d’articles de media et qui y renvoie, et le regard extérieur type CNN. Même s’il est difficile de se faire des opinions, ces apports m’aident bien. Je regarde aussi Paris Match pour les photos. Même si une photo peut être trompeuse, elle montre du réel.

 

J’ai abandonné la lecture des journaux et je regarde beaucoup la télévision, principalement Arte. J’ai eu une amie journaliste qui bidonnait ses articles au risque de se faire virer. J’assiste aujourd’hui au lynchage médiatique de personnages politiques. Quelle image du monde est donnée aux jeunes !

 

Je passe deux heures par jour à lire Le Monde et Le Point, bien que ça me paraisse irrationnel. Je pourrais peut être faire plus court. Je trouve qu’il y a de bons professionnels dans cette presse. Je n’utilise pas les media du Web. Je pense que Donald Trump a su manipuler les media dans sa campagne et s’est ainsi fait élire. C’est problématique, mais est-ce leur faute ?

 

Je m’informe par la lecture, l’écoute et l’échange avec les personnes. Ce sont surtout les rencontres qui ont forgé mes croyances et mes non croyances. J’ai le souvenir qu’autrefois les journalistes rapportaient l’information et je trouve qu’aujourd’hui, ils la créent. Dans La Croix, la partie information est distincte de celle des commentaires. Pour les religions, j’ai lu la Bible, à une époque où j’étais non-croyant, et le Coran, par deux fois. Concernant la société, mes opinions se fondent sur ma détestation du poids de l’administration, le principe de précaution tel qu’il est appliqué, et les privilèges de certains statuts.

 

J’écoute la radio, distraitement, en voiture. Je mets France Info, bien que je ne supporte pas les messages en boucle. J’aime me détendre devant les journaux télévisés, nationaux et régionaux. Je ne lis pas la presse, sauf Télérama et Sciences Humaines. J’aime écouter les informations médicales pour pouvoir garder confiance en mon médecin. L’opinion peut être favorablement influencée par les cinéastes. Le film « De toutes mes forces » a façonné mon opinion sur la vie des jeunes dans les foyers et la délinquance qui y est liée. Il a la force d’un électrochoc.

 

J’ai une mauvaise perception des media : défaut de hiérarchisation de l’info, besoin de faire sensation, orientation des messages, entraînement vers la sinistrose. Se répandre sur des faits divers n’apporte rien à la nation. L’information n’aide pas à réfléchir sur les faits. À Maurice, j’ai vu à la télévision la mise en avant des actes positifs et de leur effet sur l’avancée du pays. Comment se faire une opinion ? En allant puiser ailleurs, mais où ? Pas dans les pays où j’ai vécu. Et où est vraiment la vérité ? Mes convictions profondes sont un facteur important de ma construction d’opinion.

 

J’allume France Inter le matin par habitude et parce que c’est moins mauvais que les autres. Les media sont des outils économiques, ce qui explique leur côté « caniveau ». Je picore de l’information dans les quotidiens et les hebdomadaires. J’ai constaté lors d’un salon des maires auquel j’ai assisté que le reportage de la télévision ne ressemblait pas du tout à ce que j’avais entendu. Il est difficile de distinguer le rapport brut du commentaire. Dans mon travail, j’ai la chance de faire une revue de presse, mais je trouve que ce n’est pas idéal pour me faire une opinion. Finalement, c’est le recours à mes valeurs qui m’aide le plus.