AIX-EN-PROVENCE

MON EXPÉRIENCE DU DROIT DE VOTE, ET DU VOTE.

Aix-en-Provence, 14 novembre 2016

13 présents


Je vais voter autant que je peux, aux élections politiques et aux assemblées générales d’associations et syndicats ; je m’efforce de donner pouvoir ou procuration quand je ne peux pas. Je suis agacé par l’absence de vote de gens, au prétexte qu’aucun candidat ou programme ne leur plaît ou ne les intéresse. Je les comprendrais s’il y avait un quorum et que les candidats devaient l’atteindre pour être élus, mais il n’y a pas de quorum. Je déplore aussi que beaucoup votent « contre » sur un sujet précis qui les concerne, et sans prendre la mesure de l’étendue des programmes des candidats. Dans mon métier, j’ai appris à rationaliser mes choix à partir de dossiers complets solides. J’aimerais pouvoir faire la même chose en politique, mais je vois surtout beaucoup de propagande. J’exècre le vocable « offre politique » : la gouvernance de la république n’est pas un marché.

 

En Belgique, j’ai été choqué par le caractère obligatoire du vote. Je vote pour les élections politiques, mais pas pour la copropriété. Je ne me sens pas à l’aise de juger les programmes des candidats. J’aimerais que ceux qui ne votent pas ferment leur clapet pendant la durée du mandat quoi qu’il se fasse. Je suis perturbé par le vote majoritaire qui fait que grosso modo 50 % de la population subit la dominance d’une petite majorité.

 

J’ai toujours voté ; je considère que c’est un devoir, mais la possibilité qui est donnée à tous les extrémistes de voter pour des gens dangereux me conduit à souhaiter une limitation du vote. Je déplore aussi l’immobilisme des institutions qui peut tuer la démocratie, par exemple la gestion du dossier de l’aéroport de N.D. des Landes.

 

Je n’ai pas souvenir de mes premiers votes : en Suède, c’était naturel, stable et simple. En France, quand j’étais communiste, le vote était pour moi le moyen de m’exprimer. Plus tard j’ai vu dans un bureau de vote débarquer en toute fin de scrutin une bande de loubards qui a voté massivement pour un candidat ; ça s’est vu car au retournement de l’urne ces bulletins étaient au-dessus du tas. Ça m’a choquée et déçue du droit de vote. Je trouve inadmissible qu’on choisisse un candidat comme une marchandise. J’ai aimé entrer dans le mouvement « Nous Citoyens », mais j’ai été déçue par une querelle d’ego à la tête, qui a provoqué une scission, puis une déclaration du président, qui dit ne pas voter au 2e tour si « son » candidat n’y est pas. Il faut débusquer les mensonges. J’irai voter aux primaires de droite, pour un candidat raisonnable.

 

Je n’ai pas souvenir de mon inscription sur les liste électorales, tellement il me semblait évident de voter. Je me considère « socio démocrate de droite ». Je n’imagine pas m’abstenir de voter un jour, et jamais blanc. Aucun candidat ne m’enthousiasme et mon expérience du vote, de naturelle qu’elle était, devient douloureuse.

 

Mon premier souvenir est le droit de vote accordé à ma mère, laquelle a demandé à mon père « pour qui voter ?». Un jour j’ai saisi le président d’un bureau car un citoyen, communiste, avait publiquement déclaré son choix dans le bureau. Il a été forcé de retourner dans l’isoloir. J’ai déploré le référendum sur la constitution européenne, qui a cassé en un jour deux ans de travail de spécialistes. Les élus doivent avoir une compétence politique mondiale.

 

Je me souviens bien de mon premier scrutin, peu après que le droit de vote ait été accordé aux femmes. Voter est pour moi un devoir vis-à-vis de l’engagement des femmes qui a permis ce droit. Je n’ai pas eu de problème de choix jusqu’à il y a 15 ans. Maintenant je trouve qu’il y a trop de candidats et dilution des programmes. J’irai aux primaires pour rejeter des candidats. Je déplore que l’élection présidentielle américaine se soit faite principalement sur les réseaux sociaux.

 

En Argentine le vote est obligatoire ; étaient dispensés les gens de plus de 70 ans et ceux qui étaient éloignés de plus de 500 km de leur bureau de vote. À défaut, on encourait des pertes de droits. En Argentine, j’ai emmené ma maman voter, bien qu’elle ait dépassé 70 ans. Je vote systématiquement aux élections françaises. L’éloignement de l’Argentine me permet de ne pas perdre mes droits, mais je ne vote plus car il me paraît anormal de faire un choix pour les gens de là-bas alors que je n’y suis plus.

J’ai vu mon arrière-grand-mère très fière d’aller voter et je suis très marquée par le droit de vote acquis par les femmes. J’ai de moins en moins confiance dans les personnages politiques, mais de plus en plus dans les fonctionnaires qui font le travail, à tous les niveaux. On met des choses de l’ordre du rêve dans nos votes, et je m’interroge beaucoup quand je vois des déchaînements passionnels de personnes déçues par les résultats.

 

J’ai eu un copain soviétique qui ne comprenait pas qu’on ignore le nom du gagnant avant la fin du dépouillement. En banlieue rouge, j’allais régulièrement participer au dépouillement. J’ai vu une sénatrice bourrer les urnes ; j’ai vu les méthodes de triche des communistes au dépouillement, à base de taches de gras et de coups de crayon qui annulaient des bulletins. À Tahiti, j’ai vu comment se faisaient massivement les achats de voix. Tout ça relativise la démocratie.

Je n’ai pas eu d’éducation politique. On allait peu voter dans la famille. Je vais voter, mais je ne me sens pas très éclairée. On ne retrouve pas à la fin les promesses entendues. Je critique, mais je reconnais qu’il faut des gouvernants. J’aimerais avoir une information bien structurée qui m’aide à choisir. Il importe que chaque citoyen s’engage pour aider à rendre la démocratie plus reluisante.

 

En accompagnant mon père aux réunions, j’entendais des discours politiques. Aujourd’hui quand je regarde les media, je ne vois que des rigolos. Mais parmi les candidats à la primaire de droite, j’en vois un qui me semble droit et compétent.

Je vote à chaque fois que je peux, par devoir, et pour « m’abstenir de râler si je ne l’avais pas fait ». Je me demande ce qui reste du poids du vote, quand le poids des sociétés multinationales est grandissant. Je déplore les petits jeux locaux, les bagarres de colleurs d’affiches, etc. Je suis témoin d’un tel cas qui a pourri une association non politique dont j’étais membre. Je trouve que la mise en place de primaires est dommageable, car cela biaise le principe de la compétition électorale.


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