MOI À L’ÉTRANGER.

(Mon comportement, aventure, dialogue, découverte)

Grenoble, 9 mars 2016

12 présents


Je suis allé en Espagne dans ma jeunesse, au pair dans une famille. Ce fut un espace de liberté vis-à-vis de mes parents, mais j’ai souffert que l’on me renvoie toujours à l’image de la Française aux mœurs légères. Je me suis surtout bien entendue avec la petite bonne avec qui le contact était facile.

Au Venezuela, pendant un an en famille, ce sont les enfants qui ont facilité le contact. J’ai découvert une autre manière de vivre et de réagir. Il y avait beaucoup de familiarité, mais aussi du sans gêne, comme sur la plage, une nuit, où la radio des voisins nous a saoulés d’un match de coupe du monde ; mais d’autres voisins les ont remerciés d’avoir diffusé ce reportage. J’ai tout de même souffert d’isolement avec mes 4 enfants, à cause du problème de langue. C’est avec une famille colombienne et ma femme de ménage que j’ai eu des dialogues intéressants.

 

À Madagascar, j’ai apprécié les liens avec la belle famille de Clément. J’ai cependant ressenti de la peur et du mal-être de ne pas connaître les codes, les habitudes du pays, tout en appréciant leur gaité, leur solidarité et leur gout de vivre dans l’instant présent.

J’ai vécu un an et demi au Chili, en tant que coopérant célibataire dans une université catholique où ma qualité de séminariste virtuel (!) m’a protégé des sollicitations féminines. J’ai dû apprendre l’espagnol pour exercer la fonction d’enseignant-chercheur. Le Chili d’avant Allende était un pays paisible que j’ai beaucoup aimé ; et j’accepterais de devenir Chilien.

 

Par contre, le Venezuela où j’ai séjourné un an pour mon travail, ne m’a pas plu. C’est un pays de nouveaux riches, où les immigrés venus des dictatures d’Amérique du Sud étaient mal reçus, et où la campagne est infectée de moustiques et de serpents.

J’ai un bon souvenir des 6 mois passés dans un collège anglais, à l’âge de 14 ans.

Dans mes voyages professionnels j’ai eu des relations de travail plus ou moins sympathiques. Les liens restent superficiels. Il faut tenir compte du mode de fonctionnement des gens, s’adapter à la mentalité du pays.

 

Lors de mes voyages touristiques avec M., nous rencontrions les gens dans les « Bed and Breakfast », au Canada, Norvège et Italie ; mais ce sont des relations superficielles. Cependant, après 3 semaines passées dans un village de vacances en Écosse, nous avons lié amitié avec des Anglais qui sont venus nous rendre visite en France et nous avons visité, en Angleterre, leur domaine agricole.

De mes expériences de tourisme à l’étranger, je garde le souvenir cuisant d’une visite dans l’île de Gorée, au large de Dakar, base de départ des esclaves, où photographiant une maison, je me suis fait agressé par le propriétaire, autochtone, furieux de mon attitude de « touriste » qui se croit tout permis.

Malgré 6 ans passés à Singapour, je me sentais toujours étrangère, et je ne suis pas parvenue à tisser des relations. La culture des habitants, Chinois et Malais, est trop différente de la nôtre.

 

Au Mexique, j’ai été bien accueillie par la belle famille de mon fils, et j’ai rencontré des gens proches de nous par la culture d’origine espagnole.

J’ai apprécié la découverte d’autres pays européens, lors des échanges de correspondants, lors de ma jeunesse scolaire. Dans mes voyages avec D., je ne cherchais pas à nouer des liens d’amitié, mais j’étais curieuse de voir du nouveau.

 

Lors de notre séjour de 6 ans à Singapour, j’ai eu l’occasion de voyager dans d’autres pays de l’Asie du Sud-Est pour voir des clients ou des partenaires industriels. J’ai toujours ressenti de la difficulté à se comprendre du fait de la langue non maîtrisée et des différences culturelles. J’ai appris à me méfier de ce que je croyais comprendre et à faire un gros travail pour éclairer les positions réciproques. Dans ces situations, il faut être ouvert, écouter.

J’ai aussi le souvenir d’avoir été paniqué lors d’un premier voyage en Asie, où j’étais submergé par des flots de langues étrangères, à l’aéroport et à l’hôtel.

J’ai apprécié un trek au Ladakh. Mais je n’ai plus envie de renouveler cette expérience car je suis gêné de participer à cette forme de tourisme qui envahit un pays pour profiter d’un paysage. On n’a pas besoin d’aller si loin pour marcher.

 

J’ai peu d’expérience à l’étranger : en Islande et dans le désert, on ne rencontre personne.

J’ai cependant été en Tchécoslovaquie, en vacances chez une amie collègue ; c’était sous occupation soviétique, et j’ai ressenti le malaise de ne pas pouvoir parler du pays avec les gens à cause du risque de délation. Au cours d’un second voyage, après la libéralisation, c’était mieux.

Grâce à J., j’ai gardé de bons contacts avec ses collègues scientifiques rencontrés au Mexique et au Japon. Lors d’un séjour de 7 mois à Los Angeles, les relations avec les Américains sont restées conventionnelles, mais des contacts entre scientifiques se sont maintenus après notre départ, et je suis toujours en relation avec certains.

 

J’étais en Algérie pendant la période de départ de l’armée française, ce qui ne favorise pas les contacts avec la population. Grâce à l’aumônier, j’ai été invité dans une famille algérienne. On était entre hommes, les femmes nous servaient. J’ai été bien reçu, mais cela n’a duré qu’une soirée. Avec des « fausses permissions », j’ai pu visiter le pays, surtout les sites archéologiques.

 

Dans ma jeunesse, les voyages sac au dos au Mexique, Thaïlande et Kenya, permettent des contacts, avec parfois des surprises désagréables : sur une plage au Kenya, je me suis réveillé avec une machette sur le ventre ; de peur, je me suis jeté à la mer tout habillé.

En voyage en couple au Vietnam, j’ai rencontré la grande famille, le milieu catho, les militaires pour les innombrables formalités, et les minorités ethniques.

Ma rencontre marquante avec l’étranger, c’est celle des minorités au Vietnam. J’ai pu les côtoyer après avoir appris leur langue, au titre de ma fonction d’assistante sociale et avec l’atout de mes études d’infirmière. J’ai alors été confrontée à la spécificité de leur culture : accouchement dans l’obscurité pour ne pas attirer les mauvais esprits. Ma connaissance de leur langue et de leur culture m’a permis de les aider à faire le lien avec les Vietnamiens, dans les hôpitaux et les administrations.

 

J’ai beaucoup voyagé dans ma vie professionnelle d’ingénieur hydrologue ; surtout des missions de terrain qui m’ont mis en contact avec la vie simple, pauvre et digne des paysans en Éthiopie, Iran, Iraq, Indonésie et Maroc. Cette vie paysanne ancienne, analogue à celle que j’ai connue en 1940 en Auvergne, m’a replongé dans notre passé.

Ayant apprécié la vie à Rabat au cours de courtes missions, j’ai obtenu un contrat de coopération qui m’a permis d’habiter en famille pendant 3 ans. J’ai surtout apprécié de voir la vie animée des souks, des médinas et des villages berbères de l’Atlas.

J’ai eu de bons contacts professionnels avec les ingénieurs marocains ; et j’ai eu le plaisir de rencontrer un jeune universitaire marocain, violoniste amateur, avec qui j’ai fait de la musique, que j’ai revu en France et avec qui je suis resté en contact en France pendant quelques années.