GRENOBLE
L’ÉTRANGER ET MOI
Interpénétration des cultures vers un chemin de fraternité et de paix ?
Monestier-du-Percy, 6 novembre 2015
13 présents
Afin d’établir les thèmes des réunions de l’année chacun fait part de ce que ce sujet lui évoque. La liste ci après synthétise les idées du groupe :
Définir l’étranger : qui ? quoi ?
Qui est étranger ? (mon voisin ? l’autre loin de moi ? l’étrange ! ....)
Comment j’ai pris conscience de l’étranger ?
Être étranger
Pour qui suis-je étranger ? Me suis-je déjà senti étranger ?
Rester étranger
Communautarisme ; intégration ; assimilation.
Famille
Mariage intercommunautaire ; l’étranger dans nos familles (richesses ou sources de conflits)
Dialogue Respect
Dialogue interreligieux ; tolérance ; acceptation ; refus ; le vivre ensemble
Réfugié, étranger et nous
À demeure ou de passage. Quelle attitude ?
Accueillir l’étranger
Comment ? (par devoir ? charité ? intérêt ? curiosité ?...)
Quelle limite ? Quel partage ? (temps, l’espace, biens..)
Les freins (a priori, peur, jugement)
Les moteurs (enrichissement par la différence, le dialogue, la confrontation des idées
Culture pont ou obstacle ?
Connaître l’histoire, la culture des autres pour les comprendre (lecture, médias…)
La différence de culture peut-elle faire obstacle ou être un pont à l’accueil, à la relation personnelle ?
Découverte. Nous à l’étranger
Mon comportement chez les autres
Partir à l’étranger ou partir vers l’étranger
Aventure ; rencontre ; dialogue
L’identité
Identité française ?
Mon identité menacée ?
L’éthique
L’espace commun ? Quoi en commun ?
Recherche d’un langage commun (par exemple la science, …)
Recherche d’une éthique commune
* * *
L’ÉTRANGER, L’AUTRE, QUI EST-CE ? DÉFINITION.
Grenoble, 1er décembre 2015
12 présents
Pour moi, vous êtes étrangers, vous êtes différents de moi.
Avec l’aide de mon mari j’ai fait un petit livre pour raconter aux petits enfants une partie de mon histoire et celle d’un enfant adopté, d’une autre culture vietnamienne que la mienne.
Nous sommes revenus à la Villeneuve après les événements du 13/11 pour une soirée organisée par l’association « Villeneuve debout », analyse du quartier sociologique, social : des femmes entièrement voilées, le quartier est resté fermé. Nous, en vivant en France on est venu pour vivre avec les Français. Là, on voit l’islam conquérant. Cela ne vient pas de nous, nous c’est autre chose. Je me sens étrangère par rapport aux petits enfants qui me regardent. Chacun est étranger par rapport aux autres. L’aîné des petits enfants, 5 ans, après les événements du 13/11 avait peur que le méchant vienne prendre MamiVan.
Définitions du Robert
1°) celui d’une autre nation (sans jugement)
2°) quand je me sens étrangère dans mon propre pays, se considérer ou être considéré comme étranger. Quand on ne participe pas à la vie de son pays.
3°) être étranger nulle part, c’est se sentir bien partout.
4°) qui n’appartient pas ou considéré n’appartenant pas à une famille ou à un groupe. Je me sens souvent étrangère par rapport aux catholiques.
Qui n’a pas part à autre chose et se met à l’écart.
Étrange, tout ce qui est étrange. Ce n’est pas lié à des problèmes de nationalité. Ce qui est en dehors de mes conventions, aspect physique étrange, tout ce qui me pose question. Je peux être plus en phase avec un étranger qu’avec quelqu’un de ma propre nationalité.
Il faut pour moi conjuguer trois choses : l’aspect physique, ne pas parler la même langue, ne pas avoir les mêmes codes de conduite ; alors que des étrangers bien noirs, vivant de la même façon que moi, je ne les ressentirai pas comme étrangers. Quelqu’un qui téléphone très fort dans le tram dans une autre langue.
Étranger, étrange, ce que je ne partage pas, ai du mal à comprendre. Je n’arrive jamais à comprendre ceux qui ont des problèmes mentaux importants, leur comportement m’est complètement étranger, j’ai du mal à rentrer en relation. Parfois il peut y avoir autre chose, des gestes pour comprendre.
Je distingue étranger et différent. Je suis né à l’étranger, j’ai vécu à l’étranger. Il y a la définition administrative, mais pour moi, l’étranger est celui avec qui je ne rentre pas en relation ou ne manifeste pas la volonté d’entrer en relation. À l’étranger, on arrive quand même à rentrer en relation, certaines personnes, même de façon infime, ne sont plus des étrangers.
Nous étions à Paris le 13/11. Le lendemain nous sommes allés nous promener pas très loin des lieux des attentats, vers le canal Saint Martin. Drôle d’ambiance ; pas beaucoup de monde ; trois beurs nous voient passer, l’un sort un drapeau en disant « vive la France », j’ai été assez surpris. Je me suis dit que M. se serait arrêté et aurait parlé, moi j’étais un peu inquiet, alors qu’il voulait dire quelque chose. Je l’ai traité comme un étranger, j’ai raté une occasion.
J’ai passé deux fois plus d’un an à l’étranger. Est-ce que je me suis senti un étranger ? Pour moi, si je m’assieds près de quelqu’un et que je n’ai rien à lui dire, c’est un étranger. Je n’ai pas ressenti les Chiliens comme étrangers, sauf dans l’université où j’étais employé et payé par cette université comme les autres ; je suis allé à une réunion du conseil des professeurs, et l’un des présents a dit : « Que faites vous ici ? » Je suis resté quand même. Je me suis senti étranger en me promenant au nord du pays, presqu’en Bolivie, ces gens qui marchent avec la coca toute la journée…
Même chez moi, dans ma famille, une personne m’est étrangère bien que du même sang si on n’a rien à se dire.
C’est très lié à la langue. Nous avons un filleul républicain guinéen, noir ; il parle et vit comme nous, la communication ne pose pas de difficultés.
Au Maroc, beaucoup parlaient français, on ne se sentait pas étranger. Par contre en Iran où nous avons été invités chez un notable du coin à dîner, de la nourriture très spéciale, on ne comprenait rien à ce qui se disait, on s’est senti vraiment étrangers.
Mon jeune frère a pu épouser un homme, un sénégalais. Ils disent : « On est comme ça, on n’a pas choisi ». Pour se faire accepter, ils sont venus dans la famille. C’est un musulman modéré, je ne le sens pas étranger.
L’étranger, au sens administratif, qui vit en France depuis longtemps, devrait avoir le droit de vote. Quelqu’un d’étranger est celui avec qui je n’ai pas fait le contact ; au parc Paul Mistral, ils sont parfois douze sur un banc, je leur parle. Je ne sais pas s’ils ne sont pas Français, sans papier.
Vendredi où l’on avait demandé de sortir les drapeaux, c’est une maman vietnamienne qui a trouvé des guirlandes bleu blanc rouge et les a installées côté rue.
À New York notre chauffeur de taxi parlait un français impeccable. Dans le 13e à Paris il y a plein de nounous antillaises, françaises. Attention aux mots employés ; juif d’origine ; je suis juif parce que vous me voyez juif ; on a voulu bombarder les Algériens, il fallait leur donner un nom, ce fut les fellaghas, l’ennemi.
Daesh contrôle 5 millions de personnes, cela me pose question.
La frontière n’est pas si nette ; j’ai beaucoup voyagé ; ceux que je rencontrais étaient plus ou moins des étrangers ; on pouvait trouver un langage commun, ce n’est pas le plus important ; il y a la façon de fonctionner. J’ai souvent eu l’impression d’être proche de certains « vrais » étrangers à l’inverse de certains Français qui me donnaient l’impression d’être sur une autre planète, ce pouvait être un collègue de travail.
Ce n’est pas uniquement géographique, ni la langue, mais la façon d’avoir des contacts ; on peut trouver des idées communes et parler en confiance.
Il faudrait enlever ce mot de la langue française. On est tous de la race humaine. On est tous pareils. Notion un peu difficile. Une émission parlait d’utopie. S’ils nous ressemblent on peut parler alors qu’il y a bien des Français à qui on ne parle pas. Dans la vie quotidienne, on n’a pas besoin de ce mot. Les étrangers, c’est toujours une richesse ; on peut aimer ce qui est autre que soi. J’ai accueilli un étudiant marocain chez moi (il s’était caché dans un bateau).
Je trouve de temps en temps deux jeunes en haut de mon escalier, devant ma porte d’entrée ; ils ne fument pas, ni ne se droguent (c’est encore une des rares montées non fermées) ; je leur ai demandé leurs prénoms, Raja et Walid, mais je ne sais pas aller plus loin. Par contre je ne demande pas son nom au monsieur habillé correctement, sous curatelle, ayant peu d’argent mensuellement, qui continue à venir demander quelque chose (informations de mon voisin du dessous qui l’avait connu professionnellement, mais à qui il a soutiré des sommes énormes, je l’ai su par son fils quand son père a fait un AVC alors qu’il allait tirer de l’argent). Au début j’avais des mots avec lui, disant que j’étais au courant, puis j’ai décidé de ne rien dire, juste donner une pièce (j’ai une réserve), bonjour, au revoir ; ce qui fait hurler ma fille quand je lui ai dit la destination de ces pièces.
Une anecdote que l’on raconte au Japon : vous pouvez remplir un ascenseur plein de gens, en les poussant, mais s’ils se retrouvent ensemble un tant soit peu, au retour, ce n’est plus possible de les faire rentrer dans l’ascenseur, chacun s’excusant devant l’autre.
Ensuite il y a eu des propos libres.
- M qui travaille à l’échoppe (tenue par le diaconat protestant pour l’aide alimentaire sur le quartier Teisseire) ; il y a une grosse population africaine noire, des femmes en foulard. Récemment une femme avec le voile intégral refuse de lever son voile, on contrôle les cartes des ayants droit. Comment voulez-vous que je sache qui vous êtes si je ne vous vois pas ! – Vous êtes raciste. Elle a soulevé son voile et l’a rabaissé avant de se faire servir. Une maghrébine qui travaille pour nous a eu peur et s’est cachée d’elle. Le coran admettrait que l’on prenne du porc dans des conditions particulières, mais si l’une en prend, quelqu’un à côté lui dira : « Tu ne prends pas la viande ».
- Un imam a dit que c’était de notre faute, ils avaient tiré les sonnettes d’alarme, nous avons laissé faire des mosquées pirates, au lieu de donner des lieux, des terrains.
- Ils ne distinguent pas la vie quotidienne de la vie cultuelle.
- Strange, en anglais, veut dire dérangé mentalement.
- Entrée interdite à toute personne étrangère au service.