VIVRE ENSEMBLE

Landévennec, 5 et 6 avril 2008

13 présents

- Être une petite équipe a donné une force à ma vie professionnelle.

J’ai vécu une expérience bouleversante lors d un séjour au Yémen auprès de la famille de ma belle fille qui est voilée ; ce fut une rencontre avec l’inconnu, les différentes générations, la culture (langue, rythmes et rites de vie, environnement, etc.) D’abord il y a eu angoisse, puis observation pour « vivre autrement ».

Conclusion : les habitudes peuvent être un danger.  – Vivre au présent – Penser comme si c’était la première fois.

 

- Vivre ensemble = comment est-ce que je vis la relation (avec moi, autrui, l’environnement) ? Des travaux pratiques : quelles nourritures ? Quelle culture (y compris le jardin), des interrelations directes, des choix de vie et de consommations et toujours des apprentissages, des langages, des comportements, des pensées complexes ?

Il y a toujours à cheminer de l’isolement à la solitude, de la culpabilité à la responsabilité.

L’angle « relationnel » est central. Apprendre l élaboration  des liens, le service du vivant : c’est révolutionnaire, cela simplifie de vivre plutôt que de survivre, même si c’est exigeant et non conforme.

Vivre avec un « minimum social » : la pauvreté peut être un terreau précieux pour découvrir l’essentiel. Il y a des cultures de lenteur, minimalisme, disponibilité à l’être, qui enclenchent le foisonnement, la richesse, la joie, la concentration. Le silence et la solitude nourrissent la présence à la relation au monde.

Étudier, expérimenter les systèmes d’interdépendance, de coordination et de non subordination : voilà de quoi s’exercer à vivre de manière créative et inventer une vieillesse féconde, sans oublier la danse bretonne : de belles expériences de vivre ensemble.

 - Une famille nombreuse, la vie étudiante, couple mixte : que d’apprentissages !

Il n’y avait pas de vie ensemble avant le mariage, parler de belles choses sans aborder le fond, la conjugalité, ensuite c’est la surprise.

Mariée, je ne savais pas faire certaines choses, sa famille était toujours meilleure, j’étalais mes affaires. Mais je savais crier aussi fort !

J’admire son sens de l’amitié, sa capacité au pardon, (moi, têtue, j’ai besoin de digérer). Il m’a appris.

À la retraite : passage de ma maison de moi à lui.

Quarante ans de vie ensemble et je découvre des choses inattendues. Avec sa maladie, j’apprends la patience et l’acceptation. Je suis toujours amoureuse de lui.

 

- Pourquoi suis-je impatient avec elle et différent avec les autres ?

L’âge aiguise les différences culturelles.

Trouver un juste milieu entre deux  tempéraments explosifs.

Mon séjour à l’hôpital m’a appris la patience et que nous sommes des « vernis » par rapport à beaucoup d’autres.

Je suis inquiet maintenant : si je la laisse seule,  comment fera-t-elle ?

 

- Un métier de marin, des pays et  des religions différents, cela conduit à une vie intense.

J’ai souvent fait le médiateur, cela m’était plus facile avec les étrangers qu’avec les locaux.

Il y a eu de bons moments mais aussi des coups durs et des problèmes à régler (maladies, alcool, pauvreté, etc.)

Partager c’est se poser la question : « comment s’y prendre ? »

J’ai navigué avec les derniers prêtres marins ; un constat : l’équipage se posait beaucoup de questions  sur leur fonction.

À la maison, même marin, la prise en charge de la famille est importante, j’ai été disponible.

Je me reconnais souvent intolérant avec certains citoyens et paroissiens ; pas à l’aise dans la vie actuelle et dans  la cité. Est-ce lié à mon enfance stricte ?

Le respect de l’autorité, de la hiérarchie, de la réserve c’est important. Aujourd’hui, je suis bouleversé sur le plan religieux. Je trouve le clergé « fonctionnaire ».

Vivre ensemble il y a  tellement de facettes !

 

- Le couple c’est du réajustement permanent. Les milieux d’origine peuvent être différents mais un minimum de choses communes est nécessaire.

Avec des amis choisis c’est O.K. mais autrement ?

Le travail : priorité au patient et même entre soignants.

L’engagement associatif (Sida) : une population inconnue, lire, s’informer, avancer pas à pas, lors de la rencontre :  on n’a pas forcément le bon mode d’emploi (tout seul) et des problèmes à tant de niveaux. Le comportement des toxicos avec des règles et des normes inhabituelles, voire un refus d’accompagnement, questionne. Que peut-on accepter et mettre en place ?

 

- Vivre ensemble c’est rechercher des relations amicales dans tous les milieux, des goûts partagés, la tolérance (savoir laisser filer). Rencontrer l’envie de retrait, avoir le droit de ne pas être d’accord. Mais dialogue et doigté sont nécessaires pour avancer, surtout dans la difficulté.

Des activités ensemble, bien sûr, mais aussi séparées sont indispensables.

L’arrivée de la retraite amène un réajustement des rôles et la mise en place de nouvelles habitudes de vie. Surtout continuer à entreprendre des engagements extérieurs (sport, paroisse etc.)

Actuellement, avec la présence d’un jeune curé, je dois être ferme, ne pas faire le dos rond, accepter apports et différences.

 

- La retraite ?  Il faut un temps d’adaptation au vivre ensemble, plus difficile pour lui, car sa vie – son travail de marin – Donc redistribution et implication pour lui dans de nouveaux domaines.

Les fréquentations amicales : beaucoup de monde, parfois compliqué, l’amitié se distribue inégalement…

Si la vie autrefois était un rail, des activités diverses m’ont procuré une respiration : (responsabilité auprès des enfants, engagements ACGF, les sessions dominicaines).Elles ont permis un enrichissement, une ouverture  et ont nourri mon besoin de relations alors que la vie en paroisse me semblait difficile.

La culture bretonne me permet de m’interroger sur la responsabilité.

Les concessions me semblent indispensables au vivre ensemble.

 

- Secrétaire du conseil de paroisse, je rencontre des situations difficiles à vivre. L’arrivée d’un recteur de pays étranger a bouleversé l’ancienne équipe très impliquée. Ne supportant pas la contestation, cela a amené des retraits et nous sommes dans l’impasse (je suis entre les deux).

Dans la vie à bord, certaines situations sont intenses ; lors du décès d’un marin, la tension et les attentes sont fortes. Le capitaine doit mettre en œuvre un rituel pour la mise en cercueil.

Je suis veuf depuis 3 ans ; mon épouse reste présente intérieurement, la communauté paroissiale m’a beaucoup  aidé.

 

- Les années dernières, j’ai vécu deux ruptures, une dans ma vie professionnelle et l’autre dans ma vie conjugale. Pour l’instant, suite à son départ, nous n’avons pas retrouvé de terrain commun, le pardon est impossible.

Un temps d’évolution a été nécessaire avec les enfants. Quelles réponses donner aux petits-enfants à propos du divorce ?

La vie à l’étranger des enfants a été riche en enseignements : culture, contexte, éloignement, information, voire surinformation.

L’équilibre personnel est une évidence (famille, associatif, cultiver des liens avec d’anciennes collègues, action catholique) je découvre une nouvelle équipe et je rencontre donc de nouveaux partenaires ; maintenant je suis élue municipale.

J’étouffe dans la paroisse et me sens méfiante dans les relations.

 

- La vie monastique pousse à l’extrême : c’est le « communisme intégral ». Propriété exclue et vie en commun.

La perte de la liberté de faire à son gré peut coûter.

Les couples se choisissent, les Frères se prennent comme ils sont ! Difficile d’accepter l’autre, différent (ça aide de se dire que l’autre vit la même chose).  C’est de la non uniformité, on peut trouver aussi aide et soutien. En outre, nous avons les mêmes motivations, un idéal commun, la règle de saint Benoît pour mode de vie.

La règle du silence limite le partage des paroles personnelles. Des changements sont intervenus : groupe de frères, réunions communes, repas en self, moments de vie partagés, consultations du père abbé avant des prises de décision.

Nous vivons l’expérience avant les complies d’un temps d’accusation pour les fautes aux manquements communautaires.

Bien faire ce que l’on doit accomplir, être un frère sur qui l’on peut compter. Au-delà de ce qui agace, accepter et aimer…

 

- Avec le bouleversement de la retraite, il y a eu un dérangement dans mes habitudes, activités sportives, vie amicale. Intolérants, il a fallu 3 années pour retrouver nos marques.

Notre fils navigue aussi ; les  contacts sont  facilités avec le monde maritime et les anciens collègues.

Je me trouve nantie par rapport à d’autres.

La  paroisse : j’assure les funérailles, c’est du temps et de l’investissement importants. Le travail avec le clergé ? Parfois surprenant dans les comportements. Il arrive à des familles de dire : « on est mieux sans prêtre… »

 - Le décalage de la retraite avec le conjoint, la cohabitation avec des enfants adultes, autant de moments qui exigent des réajustements, toujours savoir anticiper.

Le couple : pas de fusion, des projets communs et aussi séparés. Importance de la parole. Jeune, j’ai vécu avec un père muet.

Ne pas vouloir la perfection, prendre le temps (oui, la patience s’apprend), battre en brèche les idées reçues, mais on n’est pas là pour se violenter. La solitude est nécessaire pour se connaître, construire des repères, être attentifs, confronter les différences pour vivre ensemble (même si parfois on peut penser : « ce serait plus simple de vivre seul » !

Ne pas oublier de cultiver l’état amoureux. Comment transmettre cela à ses enfants ?

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