Face aux obstacles, fatigue, contraintes,
angoisses d’aujourd’hui,
mes réactions, ce qui m’aide… ce qui m’est impossible…
Grenoble, 25 mai 2011
14 présents
- Le plus gros problème a été le départ de notre belle-fille. On a « géré » en parlant beaucoup, avec notre fils, mais pas avec nos petits-enfants qui étaient pris au milieu. Porter cette épreuve à deux, ensemble, est un atout formidable. J’ai beaucoup écrit, 416 pages ; j’ai eu mal à l’estomac, car on ne peut pas agir. Parler permet de ne pas garder à l’intérieur de soi. Des conflits intérieurs resteront toujours. Par exemple, les prêtres mariés très engagés. La Mission de France a pu le faire, mais pas tous. À la Villeneuve les militants prennent de l’âge et n’arrivent plus à prendre contact avec la population. Il me semble qu’il faudrait parler, en parler. J’admire les militants !
- Quand j’ai des difficultés (disparition de mon mari) je réagis par l’action. Je me noie dans l’action. Il faut que j’aide, que j’aille voir les autres.
- On constate comment on réagit. Je réagis par affolement, il faut que je parle. Puis j’ai besoin de me noyer dans quelque chose. Puis je suis attentive aux petits signes, un écureuil, une petite phrase que j’arrive à lire comme attention autour de moi. Ouvrir les mains. Je m’organise sur des activités pare-feu. Je ne peux porter une difficulté en couple, ce n’est pas une aide.
- J’ai eu la chance de ne jamais avoir eu de grosses difficultés. Pour gérer des ratés que j’ai commis : en parler, y penser, accepter, repartir.
- Je n’ai pas de stratégie. Dans les coups de la vie – pas vraiment des coups durs –, plutôt des moments de stress, ma réaction est de lâcher prise, en parler aux autres, et voir après pour reprendre un coup d’avance. Dans la vie de couple on a l’avantage de pouvoir s’aider.
- En un an, trois décès, c’est un « obstacle » très difficile, avec en plus l’accompagnement. Des épreuves dures à surmonter, avec en plus les enfants et le travail. Ce qui m’a aidé : le lâcher prise dans la prière, pas forcément par la parole. Avec mon mari, on se parle et on peut compter l’un sur l’autre. Il a été essentiel d’accompagner ma mère, et ma sœur. Puis accompagner mon mari au moment de son énorme stress, quand il supportait peu. Je le lui ai dit, et il a entendu.
- J’ai de bons amis. Partager, un café par exemple, aide. La présence des autres m’a beaucoup aidé.
- J’ai eu longtemps une vie sans difficulté majeure. Mais il y a 3 ans, ma mère de 103 ans est venue chez nous. Cela a bouleversé notre vie, a bouleversé mon tempérament. Je n’ai plus envie, j’ai besoin d’être poussée, sollicitée. Et par contre mon mari a changé : lui qui parlait peu, parle. Il a accepté cette situation. Cette arrivée nous a bouleversés, renversés. Je compte sur mes amis. Le compagnon de notre fille en Afghanistan est un souci permanent. Il est un père très présent malgré l’éloignement. Drôle de vie depuis l’arrivée de Maman. Nous avions été prévenus que ce serait dur, effectivement, c’est très dur !
- Mon départ en retraite ne s’est pas passé comme prévu. L’évolution chez ma femme et chez moi s’est faite en sens inverse. J’ai tendance à me décourager ; elle m’aide bien. L’un pousse l’autre. Notre préoccupation est l’aventure de notre fils au Yémen, avec ses 3 filles. À présent, il y a aussi la Maman de mon épouse qui est très fatiguée. La relation et le partage aident. Les ressources : faire partie de groupes, d’avoir des amis. On arrive à résoudre les choses en prenant de la distance. Marcher, l’eau, la mer me permettent de souffler. Souci de notre fils au Yémen et de l’éducation de ses filles.
- Après tout la foi peut aider. Ma femme, qui est très positive, n’est pas croyante, cependant les troubles sont souvent mêlés de joies. Ce qui fait du bien, c’est savoir s’accepter comme on est.
- Quand je travaillais, j’ai dû affronter une situation de rencontre avec une mère infanticide : situation d’agression et de violence extrême. Dans ce cas-là, il faut regarder en face, garder le calme, ne pas avoir peur, parler, pour laisser du temps. Une autre situation avec une personne sous curatelle, encore seule un vendredi après-midi : ma réaction a été de parler et calmer, ne pas se laisser gagner par la peur. Quand ma fille nous a annoncé le problème de son fils à la lèvre, après discussion avec le médecin, j’ai réagi en apprenant à tricoter ! Lors du voyage au Vietnam, j’ai trouvé le séjour trop long et j’ai voulu rentrer. Il faut parler et voir comment on vit. Pour moi, c’est par la prière que je me confie.
- Mon obstacle actuellement, c’est de répondre positivement à une exigence d’engagement que je sens, et à l’attrait d’une vie tranquille que je pourrais vivre. Il n’y a pas beaucoup de sollicitations, je dois inventer. Je vais essayer de me réengager. S’indigner ne suffit pas, ce n’est pas ce que Dieu me demande. L’aide, c’est le milieu d’Église qui peut aider et enrichir.
- Quand ça ne va pas, je m’énerve ! J’ai réagi en hurlant, mon seul recours, c’est mon mari. Parler tranquillement permet de moins s’énerver.
- Les problèmes professionnels me chamboulent, je n’en parle pas, je le garde pour moi pendant un certain temps. J’essaie de me dire : je ne suis pas le problème, je peux faire autrement, je peux faire autre chose. Sorti de la phase sans issue, je peux alors en parler, écouter. Quand j’ai eu mes problèmes médicaux il y a presque 5 ans, avec de nombreuses opérations, j’ai eu le recours d’en parler avec mon beau-frère qui avait subi la même opération et qui pouvait me comprendre. Marcher, parler en marchant : j’ai eu l’occasion de venir en aide à mon frère qui était dans une phase terrible, en le faisant marcher pendant plusieurs heures dans le froid. Cela lui a permis d’évacuer. En couple on a la chance de pouvoir s’aider.