LIMITES DE LA CRÉATION – CRÉATION INACHEVÉE

MON COMPORTEMENT PAR RAPPORT AUX LIMITES DU MONDE

Grenoble, 10 décembre 2014

 

13 participants

 

Heureusement que la Création est inachevée ! Sinon il n’y aurait pas de place pour une vie libre. Mais c’est une liberté dans un monde fini, ce qui implique une gestion économique des biens. Cela ne m’empêche pas de voyager sans me soucier d’une comptabilité carbone.

Le paradis terrestre était limité ; et je suis content qu’Adam et Ève aient cherché au-delà de ces limites. Face aux pénuries qui menacent notre monde, je me dois d’être sobre. Mais je crois au progrès humain de développement maîtrisé de l’énergie.

 

Le monde nous a été confié ; un monde fini qui suscite des créations responsables. Je suis optimiste sur l’avenir malgré les crises et les ruptures, car ce monde est animé par un Esprit Créateur. Je veux garder cet optimisme face à mes enfants, et ne pas leur transmettre un sentiment de culpabilité.

Dans mes recherches sur les crues et les précipitations, je n’ai pas trouvé de limites, même si la probabilité d’événements extrêmes est faible ; la Nature est très puissante. Par contre je trouve que la Nature est très inégalitaire. En comparaison de l’Europe, les pays sahéliens comme le Burkina sont très défavorisés par la Nature ; c’est choquant.

 

Je suis sensible aux inégalités ; mais que faire ? Je suis optimiste car l’Univers a du ressort ; et je pense que mes petits-enfants vont vivre cette dynamique. Cependant j’ai conscience que les inégalités grandissent car on fait des choix élitistes qui ne peuvent être fournis à tous.

 

Face à l’évolution du monde j’ai un sentiment de peur et de colère. Les progrès s’emballent sur la procréation, les robots pour aider les vieux, etc. Est-ce bien raisonnable de poursuivre des performances spatiales comme la sonde Rosetta, alors qu’on ne parvient pas à juguler la faim d’un million de personnes dans notre monde. Finir dans une Apocalypse ne me paraît pas séduisant.

 

Dans l’Antarctique j’ai eu la sensation de l’immensité sans limites. Mais j’ai aussi eu l’expérience des pollutions engendrées par la chimie. La science a le pouvoir de créer de nouvelles molécules ; mais attention aux conséquences imprévues. Par contre dans la cité, il ne faut pas craindre de créer du neuf, comme l’émergence des projets de cités jardins, et les efforts pour sortir des lois que nous imposent certaines technologies comme la voiture. Il nous faut retrouver la dimension vivante du sol. L’enfant symbolise l’inachevé de notre nature humaine.

 

Dans l’évolution actuelle du monde, je suis sensible au conflit entre la recherche du « bien vivre ensemble » et la recherche des « produits financiers ». Nous ne nous heurtons pas aux limites du monde, mais à un processus de dégradation des biens naturels et de l’harmonie sociale, conséquence de la dérégulation de l’économie. Face aux lobbies financiers, je constate l’émergence d’un front d’ONG qui proposent des alternatives et commencent à peser dans la promotion d’un droit international. Donc, mon comportement personnel est de participer, comme citoyen du monde, à ce mouvement.

Je suis observateur de l’évolution du monde à laquelle j’ai participé en exerçant mon métier, en faisant des affaires, en militant dans le domaine associatif. Mais je considère que ces évolutions sont soumises aux nécessités économiques.

 

Dieu s’est arrêté au 7e jour de la Création pour laisser les êtres créés poursuivre son œuvre. C’est pourquoi je suis sensible au fait de déléguer, de laisser les autres agir conformément à leur vocation, à faire confiance. La recherche scientifique est motrice dans le processus créatif de l’humanité ; et je pense que les prouesses de la sonde Rosetta sont préférables à celles des armes qui alimentent les conflits.

 

L’humanité est en mouvement grâce aux naissances ; c’est pourquoi je suis admirative devant mes enfants et petits-enfants. Les limites de ressources telles que l’énergie ne me posent pas problème, car je pense que l’on peut s’adapter, et trouver autre chose. Je ne suis pas esclave des objets qui me sont proposés. Dans un contexte d’inégalité de revenus, je remarque que beaucoup de personnes dans le monde parviennent à bien vivre avec peu. Mon angoisse, dans l’évolution du monde actuel, est de constater une non-acceptation des différences.

 

J’ai eu l’angoisse de vivre dans la guerre ; de me dire « Dieu dort » et que c’est à moi de me débrouiller dans ce chaos. Nous, les anciens, sommes perturbés par les mœurs modernes. Je vis avec les valeurs du passé, et suis un peu perdue dans l’évolution des pratiques et des mœurs. Je suis cependant sensible aux bienfaits des progrès de la médecine.

 

J’ai peur d’une évolution non maitrisée ; et je suis inquiète de ce que nous allons laisser aux enfants.