AIX en PROVENCE

Témoignage 1997/87 de l´équipe Pingouins

Thème d’année = “virtuel, rêvé ou vécu, quel est mon monde ?”

1° - Réunion régionale à La Pourraque des 11 et 12 octobre 97 :

- Le monde "virtuel" ne se trouve pas qu'en informatique. Celui que l'on a connu mais qui n'existe plus, le rêve, l'imaginaire, font partie de ce "virtuel". Certain vocabulaire ne couvre plus de réalité, ex :
. les "patrons", sauf exception ils n'existent plus, ils ont été remplacés par des actionnaires ... et  beaucoup de personnes détiennent 2 ou 3 actions. Ils acquièrent vite et pour trois sous, des réflexes de gains "capitalistes". Les "chefs" sont des salariés de l'entreprise et non des patrons. Cette dernière ne peut distribuer que ce qui rentre ! Tous ceux qui travaillent sont écrasés par les heures au boulot non payées, mais il n'y a pas de travail pour les chômeurs et on veut diminuer encore les heures théoriques ! !
-. unanimement le chômage est dit être le problème n°1 des français. Mais dès qu'un remèdeest proposé, tous les corporatismes et individualités s'opposent à tout changement. Réduire la durée du travail ? Oui, mais en gardant les salaires à ceux qui ont déjà la chance de travailler !
- les discours n'ont souvent rien à voir avec les actes (entreprise, politique, ...).
- quelques heures en microinformatique, les jeux virtuels, ...semblent rendre les jeunes asociaux.
- le monde que l'on dit réel, ou tangible, est un "décor" perçu différemment d'une personne à une autre. Il n'y a donc pas UN mais bien MON monde réel qui, de fait, n'est qu'une convention avec mes interlocuteurs. Si tout n'est que ondes, fréquences, LE monde est virtuel !- ma pensée, ... ma prière, le rêve, bien que "virtuels" ont des retombées concrètes dans ma vie réelle en particulier dans mes relations sociales.
- Les réalités importantes ne sont elles pas du domaine de l'esprit (virtuel ?) et non du "décor" ? Ex = les sentiments, le bonheur, ...- méditations, prières, ...est ce virtuel ? C'est une façon de calmer ses peurs (de la mort), de reprendre confiance, de s'aimer à nouveau et donc d'Aimer.
- la perspective de la mort dirige, détermine, toute notre vie. Elle est à l'origine de toutes les religions.
- être chrétien = croire (confiance, espérance) au Christ mort ET ressuscité. La prière chrétienne = décentrage vers les autres (et non recentrage vers soi-même !) et vers Le Christ ... tout en étant ce que je suis. Il est, de fait historiquement, l'unique homme dont ses témoins attestent, même après 2000 ans, qu'il est mort ET ressuscité. Il y a eu beaucoup d'autres gourous, saints, justes, témoins, (...etc.) qui ont fait du bien, de grandes choses, des miracles, ...  mais le Christ ressuscité est unique.
- foi et religion sont 2 choses différentes. Foi = présence, croyance, ...personnelles. Religion = ce qui relie les gens, donc les rites ... nécessaires pour vivre en société.
- importance du témoin , du modèle à suivre, pour se construire soi-même. Nécessité de l’imitation ( mimétisme).
- L'informatique et l'intelligence artificielle, la "logique floue", est-ce que la machine pourrait , un jour dominer l'humain ? Tout cela peut poser problème, à certain.

2° 18/12/97, thème de la soirée : "Ai-je l'impression de vivre dans un monde à complexité croissante ?"

L’avis quasi unanime qui ressort des témoignages est que ce n’est pas la complexité du monde qui croît mais le nombre de solutions qui nous sont offertes.
- “Avant” il y avait un rail à suivre “c’est comme cela que l’on fait et pas autrement”, plus ou moins de bon gré on suivait.
- Les relations avec les autres sont devenues plus complexes (règles de vie en société = civisme, remises en cause … ou simplement méconnues).
- Par ailleurs, l’URGENCE est partout, on ne sait plus donner du temps au temps. Grâce aux moyens informatiques on fait des statistiques en tout genre souvent absurdes, de nombreux contrôles … qui peuvent conduire à des comportements touchant à l’insupportable  (contrôle des entrées au Conseil Général de Marseille !).
- En bref notre impression d’inconfort viendrait de l’embarras du choix, qui est plutôt une richesse, donc une chance, mais encore faut-il être capable d’accepter ne pas tout avoir et de ne pas détruire ce dont on a besoin (les Bus par ex. !) !

Quelques extraits de témoignages personnels :

-Faire des choix c’est difficile, on peut se tromper et donc faire le mauvais ou, simplement, ne pas faire de choix (c’est à dire laisser faire …les minorités agissantes ?)
- Nous découvrons que notre ignorance croît en même temps que celle de nos connaissances.
- On complique artificiellement la vie quotidienne. Par ex : regardez la feuille de paie ou celle de déclaration des revenus, les rubriques s’allongent d’année en année, de dérogations, d’exceptions etc.
L’homme est-il vraiment à la hauteur de son intelligence ?
- On maîtrise aujourd’hui ce qui n’était même pas imaginable par nos parents, mais on peut se demander si l’humanité va vers de + en + d’intelligence ou, au contraire, vers un “plantage” complet ?
- Il y a concurrence permanente entre l’arme et la cuirasse, ceci dans tous les domaines (financier, juridique, … comme militaire). Dès que “la Loi” sort, on cherche la faille pour la détourner à son profit, puis le système réagit trouve une parade et le cycle continue en se compliquant à l’infini.

- Faire des choix ne pas se disperser, simplifier, faire confiance à l’autre. Est-ce le début de la sagesse ?
- Avec le temps j’accepte de ne pas avoir prise sur tout. J’élague, je simplifie, j’essaie de faire confiance aux autres (experts), en restant responsable avec esprit critique.
- Ma relation à Dieu est devenue confiance. Maintenant j’accepte de ne pas avoir toutes les réponses (pourquoi la souffrance ?)
- La transformation prodigieuse que je constate chez les jeunes en seulement trois ans de lycée me laisse confiante en l’avenir.
- Avec l’âge on devient moins rapide et moins pressé. L’évolution effectivement s’accélère, l’adaptation est donc plus difficile. Mais l’humanité s’organise, se prend en main. Certes il y a des profiteurs, mais aussi une foule d’associations au service des autres et des idées nouvelles comme le “devoir d’ingérence”.
Est-ce plus difficile pour nous que cela à été pour nos parents qui ont subi et vécu la (les) guerre(s) ?

N° 3 : jeudi 22/01/98, thème de la soirée : "Comment je vis le monde que j’ai rêvé ?"
La majorité d’entre-nous n’a pas eu de rêve ou ne s’en souvient plus : vie au jour le jour, en privilégiant l’instant, sans réelle projection dans le futur. Certains ont eu des projets, réalisés ou non, d’autre ont besoin de rêver et il n’y a pas de limite d’âge pour cela !

Quelques extraits :
- Mes projets d’aventures et de missions humanitaires, non encore réalisés, seront peut-être pour plus tard ? L’espérance de vie qui ne fait que croître nous permet d’en rêver !
- Comment “ rêver ” à UNE personne parmi une infinité d’autre, pour bâtir un couple, et pourtant il faut bien choisir. “ Là où la chèvre est au piquet, là elle broute ”. Cela n’empêche d’ailleurs pas la passion.
- Je me complais dans le Vivre et m’évade seulement par la pensée.
- Un de mes rêves d’enfant, à probabilité quasi nulle, où je me voyais œuvrer dans la toute nouvelle et mythique énergie atomique, s’est concrétisé réellement. Cela reste pour moi une énigme étrange. A trente ans j’ai choisi, de manière consciente cette fois ci, de privilégier la fondation d’une famille à la vie d’aventures australes qui s’offrait à moi = j’ai effectivement fondé une famille.
- Enfant je n’avais pas de réponse à la question classique et bête “ quel âge voudrais-tu avoir ”. J’ai mordu la vie à pleines dents … en faisant des choix. Je ne regrette rien.
- Je n’ai eu ni rêve, ni désir, ni inhibition, …peut-être par peur de l’échec ? J’ai choisi d’enseigner. Une carrière imprévue de musicien s’est greffée dessus, j’en suis très content.
- J’ai rêvé d'un idéal de vie (Dieu, à travers ma mère, semblait être la référence) et à une société fraternelle et juste. Après bien des aléas, la réalité de la vie m’a fait découvrir l’importance de l’Amour, ce don de Dieu qui nous guide dans la vie même si nous n’en sommes pas conscients.
- J’ai cru à la possibilité de mieux organiser le monde vers plus de fraternité, or  : communisme, capitalisme … et autres, ne conduisent qu’à des aberrations, déceptions et même escroqueries. Rêver, imaginer la vie ne peut que décevoir. Je préfère vivre l’instant : “ Ici et maintenant ”.
- Je rêvais de ne pas vivre comme ma famille et je fais deux choses que j’aime : médecine et musique. J’en suis heureux tout en étant conscient de la misère intolérable qui nous entoure. Je continue à rêver de science fiction, à aimer l’émotion spirituelle (artistique, aimer les autres, admirer le miracle quotidien de la vie) mais pas le spirituel religieux qui me semble être un frein à l’évolution positive de l’humanité. Pourquoi inventer un Dieu ? On n'en a pas besoin !
- J’ai eu une enfance “ rêvée ” ! Je désirais profondément fonder une famille de six enfants, j’en ai eu quatre. Je souhaitais travailler dans le monde de l’Edition. Il m’est cependant impossible de me projeter dans un avenir, mais je lui fais confiance implicitement. Grâce au spirituel (Se savoir aimée de Dieu) je suis capable d’affronter ce qui arrive et de lâcher prise sur les événements. Tout ne vient pas de moi, même si j’ai à faire des choix. Par exemple, la naissance de notre petite fille le lendemain de la sépulture de ma mère est pour moi, un signe très fort, un clin d’œil, venu de Dieu.
- Je rêve en permanence. Certains de mes rêves se sont, au moins en partie, réalisés. Le réel m’apporte le nécessaire, le virtuel me permet d’être plus heureux.
- Je suis toujours plein d’idées pour mon futur et 300 ans de vie ne me suffirait pas : objectifs, rêves ou utopies ? Je vais de l’avant, en équilibre permanent (spirituel/matériel),  une marche après l’autre dès que la première est stable.

N°4 : jeudi 19 février, thème de la soirée : "Mon métier rêvé et vécu ?"

- Je suis mère de famille, j’enseigne le Taï-Chi et je prie, … sont-ce des “ métiers ” ?

Quand je me retourne sur mon itinéraire, j’ai l’impression d’avoir réalisé beaucoup plus que mes rêves d’enfance. Dans le monde, comme dans la vie, tout est relatif, je suis passée du militantisme pur, à une vie intérieure personnelle.

- Infirmière, j’ai participée à la vie des autres en soignant, en écoutant, en aidant. J’ai toujours fait confiance (espérance) en la vie, en l’homme, et même en la matière (cf. Theilhard). J’avais rêvé d’être milliardaire pour mieux pouvoir aider les autres. Finalement je suis devenue riche d’Amour.

- Je n’ai pas rêvé de ce que je souhaitais, mais ai toujours su ce que je ne voulais pas ! De fait, mes choix se sont faits en avançant dans la vie. J’ai découvert l’importance de “ l’énergie intérieure ”. Dans mon métier (contrôle des impôts) je n’ai pas de liberté de choix, je dois réprimander  alors que je préférerais conseiller. Je ne suis donc pas toujours en harmonie avec mes souhaits profonds.

- J’ai exercé un métier rêvé sans faire tout ce dont je rêvais = comprendre les “ gens d’avant ”. J’ai été par nécessité un “ répéteur d’histoire ” (enseignement) au lycée et en fac. Où, de fait, j’ai été heureux. Ma vraie passion reste la recherche. De ce point de vue la retraite c’est l’idéal !

- Pour moi l’important n’est pas ce que l’on fait mais à quoi l’on sert. D’ou mon rêve de travailler pour la société (=> service public). que je réalise effectivement. De plus j’ai été à des endroits où tout était à débroussailler, à créer et donc avec beaucoup de liberté. C’est idéal = faire ce que je veux, quand je veux, comme je veux !

- Peut-être ai-je rêvé d’être hôtesse de l’air, puis professeur de math. ? Je suis prédisposée à capter les opportunités, liées au hasard, en étant présente et autonome. La tournure actuelle me satisfait professionnellement, je suis bien dans ma peau.

- Ma voie semblait toute tracée = prendre la succession de mon père à la tête de son entreprise. Je ne pouvais avoir d’autre perspective ! J’ai gardé de mon enfance le rêve d’être responsable et indépendant, mais j’ai hésité longtemps avant de me lancer. Actuellement je vis un rêve, j’ai pu embaucher trois personnes (2 mi-temps et 1 temps plein), les produits (traitement des sols)  marchent, des perspectives existent, je me passionne toujours pour la nouveauté, la recherche et les essais. Le rêve continue donc, mais apparaît la nécessité de préserver l’équilibre entre famille et travail.

- Aurai-je pu rêver d'un métier que je n’ai pas choisi ? Je réalise à l’instant que j’ai été deux fois pionnière :- première animatrice laïque, puis première responsable laïque, en pastorale scolaire dans notre école (La Nativité),
- première laïque responsable du Service Diocésain de la Catéchèse (Aix et Arles).

Ceux et celles qui ont eu à essuyer mes plâtres ont dû en souffrir ! Professionnellement, ce que j’assume actuellement me conduit à découvrir une foule de choses, à rencontrer beaucoup de gens. La palette est très riche, je ne pouvais imaginer cela, c’est donc forcément au-delà de mon rêve.

- Je voulais être archéologue (= voyage dans le temps et dans l’espace), puis médecin (Tiers Monde et voyages) malgré l’avis contraire de ma famille.  Je suis psychiatre spécialisée en gérontopsychiatrie (c’est donc une forme d’archéologie !). Le travail est très varié, avec recherches et enseignement, mais mes récentes propositions au niveau du service n’ont pas été retenues et je suis, en ce moment, quelque peu déçue.

- Je vis deux contradictions inexplicables : sur le moment je trouve mon travail intéressant, mais après coup je me demande pourquoi ! De fait, comme ingénieur, je pense faire trop de papiers au détriment de ce que j’aime réellement = mettre la main dans la technique et le bricolage manuel. J’ai l’expérience de deux entreprises et je regrette la première, où l’initiative, l’innovation était bien vues. Il fallait tout à la fois être initiateur, catalyseur, réalisateur et actif, le travail était d’équipe et on pouvait être “ envoyé en mission ”. Dans celle actuelle (plus grosse), il vaut mieux laisser faire sans trop bousculer, et être au service du chef. Nous faisons partie de Sa troupe et éventuellement nous “ demandons une mission ” ! En bref, j’ai le sentiment d’être un électron libre, mais quand même utile à la société.

- Par moment, je trouve qu’être médecin c’est fantastique, à d’autres moments je me dis que je ne vais quand même pas faire cela toute ma vie ! Il faut beaucoup improviser (comme sur une scène de théâtre), se mettre en phase avec l’état d’esprit du patient. Un médecin est donc à la fois acteur, confident et technicien. En consultation la clientèle, de fait, se fidélise. Etre de garde est complètement différent, on passe du coq à l’âne, on voit de tout, c’est chargé d’émotions, stressant et même violent. En bref c’est passionnant.

- A 14 ans j’ai choisi d’être électricien et me suis formé à l’électrotechnique jusqu’à 24 ans … pour exercer un métier différent ! La Recherche je n’en avais pas rêvée, mais c’est une activité passionnante pour peu que l’on soit curieux et surtout que l’on accepte l’échec. En recherche une voie peut se révéler bouchée, ce n’est pas gratifiant et difficile à vivre, pourtant le résultat négatif fait progresser la connaissance autant que la réussite.

N°6 : jeudi 19 mars, thème de la soirée : "Dans le travail que j’assume, puis-je (ai-je pu) respecter sa durée normalement prévue (officielle, légale, … programmée ?)

A une exception près (administration), tous les présents travaillent beaucoup plus (50 à 70 h/s.) que les 39 h/s. légales actuelles. Il n’y a que dans les organismes qui contraignent la durée du travail que ces horaires sont respectés.
- La tendance naturelle semble être respecter un horaire familiale librement choisi puis, autant que faire se peut, le reste du temps est consacré au travail. Ce dernier est, de fait, prioritaire les jours où l’on travaille.
- Il paraît que l’on est aiguillonné par l’un ou l’autre des quatre “drivers ” suivants : Faire Vite ; Faire Plaisir ; Soit Fort ; Soit Parfait
-Enseignant dans le Supérieur = 7h/s. de cours. Chaque heure d’un nouveau cours peut nécessiter 10 h. de préparation si l’on est sérieux, et en Fac des cours changent chaque année. Tous mes collègues travaillaient plus de 60 h/s.
-Notre Administration contrôle strictement les horaires comme la durée de travail. Les HS sont obligatoirement récupérées. Actuellement nous faisons 37,5 h/s. Notre Administration contrôle strictement les horaires comme la durée de travail. Les HS sont obligatoirement récupérées. Actuellement nous faisons 37,5 h/s..

- Pendant 8 années aucun contrôle de durée, ensuite j’ai connu la pointeuse (pour surveillance du minimum travaillé). Ce système d’horaire “ libre ”  conduit à des perversions, et des idioties, surtout lors des déplacements. Quand le choix de ne plus pointer m’a été offert je l’ai choisi. Il est maintenant fortement question (besoin administratif, peut-être lié aux 35 h. ?) de revenir au pointage pour tous, mais cette fois-ci pour contrôler aussi le maximum de la durée de travail !

- Ma façon de gérer le temps évolue. A une époque je planifiais tout. Maintenant je laisse plus de place à l’imprévu et aux rencontres avec les collègues. “  On gère son temps en fonction du sens que l’on donne à sa vie ”.

- J’ai du mal à gérer le temps. Si je dispose de délais je ne fais pas ! “ Faire Vite ” est mon “ driver ”. Je travaille de 09h (avec quelques minutes de retard !) pour être de retour à la maison à 20 h. pour éviter la scène de ménage ! Souvent je travaille (lecture) à la maison pendant le petit déjeuner. La perspective des 35 h/s. en quatre jours est fortement évoquée. Les choix resteront-ils ouverts ?

- J’ai de moins en moins d’impératif de délais et je donne la priorité au “ Bien Faire ”. Ma production est le rapport technique que je construis comme un artisan fait une œuvre d’art … sans savoir qu’il fait de l’art ! Si mon beau rapport n’était pas lu, tant pis, ça reste mon œuvre, le temps passé, 35 ou 60 h., n’a aucune importance.

- Ma charge de responsable à l’hôpital n’est pas limitée en h/s. mais en “ dix demi-journées par semaine ” ! Le système est pervers, Il nous est difficile de tout faire, comme de dire non. Il faudrait être plus nombreux.

- Dans mon lycée, en théorie je suis à 29,25 h/s. En pratique ma présence auprès des élèves comme des professeurs est nécessaire. De plus il y a les réunions en soirée, quelques week-ends en aumônerie, et les préparations à la maison … de fait, je ne compte pas le temps de travail !

- J’ai besoin d’avoir toujours du travail devant moi. Je travaille au minimum 11h/jour soit 55 h/s. et j’amène du travail à la maison. Je me sens coupable de prévoir des loisirs mais, après coup, je les apprécie .

- Comme bénévole, je débordais déjà constamment les horaires. Ces derniers ne m’ont été imposés que depuis quelques six années. Je suis réputée pour mon ¼ d’heure de retard. Mon driver est “ Faire Vite ”, je ne travaille bien que dans l’urgence.

- Pendant toute ma carrière, j’ai rêvé de pointer pour contrôler, au moins dans ma tête, la durée consacrée à mon travail. Lors des chantiers les horaires étaient forcément largement dépassés puisqu’il fallait souvent “envelopper ” les horaires des différentes entreprises sous-traitantes. C’est uniquement pendant mes trois dernières années d’activité salariée où je travaillais seul, que j’ai pu utiliser les cars de ramassage du personnel et faire exactement les 39 h/s. officielles.

N°6 : jeudi 30 avril ,Thème de la soirée : "En quoi, pour quoi, suis-je intolérant (en particulier vis à vis de mes proches) ? : religion, culture, politique, mode de vie, nationalité, couleur de peau, vêtements, coiffures, …etc. ”

-Les handicaps, mourir de faim, …voilà l’intolérable ! Personnellement, je ne tolère pas les attaques contre la culture et les traditions, la lâcheté, l’abandon. Tolérer c’est accepter du bout des lèvres. Le foulard islamique à l’école je ne tolère pas et encore moins les arabes avec Pittbull, mais dans l’affaire du foulard je trouve que nous avons collectivement réagi avec beaucoup de scrupules, ce qui nous honore. Sans vouloir déclarer une guerre, je pense que “ la ” religion peut devenir quelque chose d’effroyable ! De fait la France est un pays extrêmement tolérant. Ce “ groupe pingouins d’Aix ” est extrêmement tolérant aussi et je trouve cela épatant !

- Je suis plus hostile à l’égard du “ français beauf ” qu’à l’égard de l’Arabe ! Les armes (cf. les Pittbull) je les vois plus chez l’ancien d’AFN. Notre pays est paradoxal, on a des têtes, des lumières, des artistes (Coluche, Renaud et son “ laisse béton ”, …), mais la masse derrière semble ne pas décoller ? Malgré les problèmes, le chômage, on progresse tout de même grâce à l’école, la Fac., la réflexion. Personnellement, mon intolérance est permanente, mais je ne me mouille pas, je ne fais rien ! Je ne comprends pas pourquoi un prof. se sent gêné par un élève qui mâchouille un chewing-gum ?

- Intolérance = attitude hostile ou agressive envers ceux dont on ne partage ni les opinions ni la croyance (Larousse). Vis à vis de nous-mêmes nous pouvons constater dans notre vie quotidienne que “ je fais le mal que je ne voudrais pas et je ne fais pas le bien que je voudrais faire ” (St Paul). Comme nous, les autres ont peut-être des intentions inachevées ? Cette remarque devrait nous aider à être plus tolérant. J’ai connu, aux USA, un racisme anti-noirs dans la rue, les bus,etc. Aujourd’hui j’ai, nous avons un regard sur les autres (riches, pauvres, noirs, blancs, musulmans, chrétiens, …) différent parce que nous avons rencontré un AUTRE qui nous dépasse infiniment  Le Christ.

- Je suis intolérant pour un certain nombre d’attidudes méprisant les autres : ex. le manque de ponctualité ;  Je peux devenir agressif, voire dangereux : si on me soumet à un bruit inutile et violent ; par l’absence de logique, l’arrogance, l’intolérance ; par toute irruption dans ma liberté (cf. liberté de circulation = la grève des routiers en totale contradiction avec la constitution !) ; le racisme, mais il ne faut pas en ce domaine ignorer le contexte historique.. Quel délai de prescription pour l’impéralisme, par ex. ? La “ reconquista ” espagnole était-elle une “ invasion ” ?
Je signerais une pétition quand on mettra racisme au pluriel.

-(Ecrit) Je suis intolérant pour tout ce qui va à l’encontre de la liberté individuelle, de la solidarité communautaire et des codes de vie en société. Je définis cette première comme étant essentiellement une autocensure personnelle = ma liberté s’arrête là où celle de l’autre commence. Pour moi l’idéal serait : épanouissement individuel dans une société (famille, entreprise, …, nation, Europe) solidaire, respectant chaque individu. Exemples concrets :- dans la vie quotidienne : - rejet de tout ce qui “ force ” ma liberté de décision =
-Rémi qui veut que toute affaire cessante j’aille mettre en route mon PC, laveur de pare-brise qui ne demande pas mon accord, courrier d’association avec cadeaux pour forcer le don, piquet de grève pour m’empêcher de choisir ;
- religion : secte phagocytant l’individu, Eglise catholique qui rejette les femmes à certains postes (y compris après la même formation que le diacre de mari !), et le cas extrême = les “ Talibants ” de Kaboul.

-Politique : le collectivisme qui nie l’individu, le fascisme et ses castes, l’individualisme qui revoie toujours aux autres et à l’Etat avec les “ ils n’ont qu’à … ” et, enfin, le non-respect de la loi au profit d’une corporation. Ce dernier point mériterait à lui seul un long échange sur, par exemple, les prises d’otages (blocage des routes, des trains, des ports, …etc.) par une minorité qui abuse et de sa force et du laxisme de la démocratie.

-Ce qui m’énerve ? = mon épouse quand elle me dit intolérant ! Ma définition de l’intolérance n’est pas la sienne ! Il y a des refus de ma part mais ce n’est pas de l’intolérance. Mon refus découle d’un raisonnement, mon intolérance est irraisonnée, reptilienne. Exemples : la personne qui jette son mégot, la maman qui a bien harnaché son enfant dans sa voiture mais qui t’écraserait sur le passage clouté. Je suis intolérant pour tout ce qui n’est pas de “ ma ” culture ou religion, mais je suis très tolérant vis à vis des cons !

-- Mon éducation est probablement à l’origine de mes intolérances ? Exemples : le “ truandage ” au travail, le téléphone mobile pour lequel les codes de bon usage restent à inventer, les tribus ou communautés fermées et rejetant les autres (juifs traditionnels, il y en a autres !).

- Les extrêmes, droites, gauches, … m’agacent. Savoir bien vivre ensemble c’est respecter des codes, des règles. Nos jeunes ont actuellement tendance à les rejeter, pourtant la politesse permet, comme le code de la route, de ne pas se “ rentrer dedans ” !

- Je suis intolérant sur une foule de choses. Si l’intolérance qui concerne le passé est stupide, celle qui influe sur l’avenir me parait constructive. Où peut-être le bonheur de l’Homme du prochain milliard d’années ?

- Par éducation je suis intolérante pour tout ce qui ne respecte pas l’autre. Je ne supporte pas le laisser-aller. Certains patients sont imbuvables et ont commis des actes horribles, mais je suis obligée de les comprendre avant de pouvoir les soigner,

- La tolérance est une vertu. Il faut s’y exercer. L’intolérance a quelque chose de plus profond que l’agacement. Je suis intolérante pour tout ce qui touche à la liberté et au respect de l’autre. Avec les enfants : mots intolérables, espaces de l’autre à respecter, comme l’intimité des parents, le respect du courrier de l’enfant (que je n’ai jamais essayé de lire)  Sur le plan professionnel, le mépris du travail de l’autre m’est insupportable. La tolérance est un combat, l’effort est nécessaire.

N°7 : Jeudi 30 avril,thème de la soirée : "Quels livres de culture de base religieuse (Bible, Coran, etc.)ai-je lu ? Ai-je regardé l’émission Corpus Christi ? Quelle est ma façon personnelle de lire et de comprendre ces textes (Evangile par exemple) ? ”

De nombreux livres, pas forcément sacrés, ont été cités comme ayant marqués :
La Bible (NT = 12 fois, AT = 11 fois), Ouvrages de Teilhard de Chardin (3), Coran (2), Biblica, Enseignement de Ramakrishna, Joie de vivre joie de croire de F.Varillon, Journal de Dany de M.Quoist, La force de l’Amour (sur Teilhard), La plus belle histoire de Dieu , La vie du Petit St Placid, La vie de Raïssa et Jacques Maritain, Le moine et le philosophe, Les Evangiles au risque de la psychanalyse, Les textes apocryphes, Les grands Initiés, Prions en Eglise, Yiking (taoïsme) ou livre de la sagesse,.

Quelques auteurs ont aussi été cités : Alfred de Vigny, Bossuet, Castaneda, Jacob, Marx,
La poésie de certains textes bibliques a été plusieurs fois soulignée. Texte fondateur, avec d’autres, la Bible est, depuis peu, enseignée en cours de français. Plusieurs modes de lecture ont été évoquées par les participants, qui vont de la lecture triviale (“ livres d’historiens de l’époque ”) et personnelle, à la lecture poétique …symbolique … et ecclésiale (Pères de l’Eglise). “ L’AT me passionne par sa lecture chrétienne. Par exemple, de Sarah (ménopausée) et Abraham (99 ans) Dieu fait jaillir la vie d’Israël et la promesse d’un peuple élu. De même de la mort du Christ Dieu fait jaillir la résurrection et la promesse de Vie éternelle ”.
Deux d’entre nous sont perplexes devant l’intérêt que suscite toujours la Bible, probablement au détriment d’ouvrages modernes tout aussi importants mais souvent ignorés. Comme pour la musique, on reste plus volontiers accroché au passé, sans chercher à évoluer, plutôt que d’essayer de découvrir les œuvres récentes. Par exemple, de “ La théorie du chaos ” jaillira peut-être une nouvelle compréhension de l’univers, une nouvelle voie, une nouvelle religion ?
A propos de l’émission “ Corpus-Christi ”, vue en tout ou partie par la moitié d’entre-nous, les avis sont très partagés : trop lent, trop dispersé, trop intellectuel, pontifiant, … intéressant, passionnant, … ne touche pas à ma Foi, probablement à effet négatif auprès des non-croyants ou de croyants fragiles, …leurs diversités et leurs contradictions me rendent les textes d’Evangile crédibles.

Quelques citations (remarquées, au moins par le rédacteur !) :
- L’exégèse ? = dégraissage du texte biblique, cela me passionne ! La théologie ? = construction sur des thèmes abstraits, c’est épouvantable !
- La Bible et ses 2 à 4000 ans d’histoire, ça imprègne notre culture. En se laissant saisir par le texte, on finit par découvrir sa liberté en se découvrant “ soi-même ”.
- “ Aimez-vous les uns les autres … ” c’est la vie dans l’intégralité de ses aspirations !
- Mon espace sacré est mouvant, il ne dépend pas de la seule Bible ou d’un seul livre.
- Je mets tous les livres, y compris les “ sacrés ”, au même niveau d’intérêt.
-J’ai tellement été nourri de la Bible (lignée de protestants) que j’en suis devenu allergique !