FAUT-IL PROTÉGER ET/OU RENFORCER LES FONCTIONS

(Aix en Provence 28 janvier 2002)

Ce titre est-il une provocation ? C’est comme à la télé, on ne peut répondre que par oui ou non. Je dirais : « quand peut-on, quand doit-on renforcer les mesures de sécurité. Si c’est non : pourquoi ne pas le faire ? Finalement : dans quelles circonstances faut-il renforcer les fonctions sécuritaires ? Car je pense que oui, mais je ne sais pas répondre à quand. »

En France, nous avons le plus grand nombre de fonctionnaires : policiers, gendarmes, CRS, Ilotiers, Educateurs de rues. Guerre des polices, ils sont mal employés. Idem pour l’Education. Il faut surtout déployer tous ces moyens qui existent déjà plutôt que de vouloir toujours créer plus. Beaucoup de Services de Police sont concentrés sur Paris.

IL n’y a pas que la sécurité. Grande évolution de la société qui remet en cause les fonctions. Ex : les médecins et le secret médical. Médecins, Pompiers sont attaqués. Notre génération a lutté pour faire sauter les uniformes. Mais on attaque aujourd’hui le secret de confession. On considère que les vieux ne sont pas respectables, idem pour les enseignants, etc… où va-t-on si on ne respecte pas la fonction ? A ne pas confondre avec la personne qui l’assume. Chacun de nous doit respecter la fonction… ensuite seulement la personne qui l’incarne (ex : flics).

Je suis d’accord avec mon prédécesseur, alors que je suis soixante-huitard attardé (CRS = SS), c’est allé trop loin. Récemment je faisais la queue, la caissière gentille bavardait, une vieille peau râlait, une jeune fille a répondu, la vieille l’a prise de haut. On peut être respecté quand on respecte les autres. J’ai parfois envie de solutions extrêmes (que les flics tirent sur les gens qui volent une vieille dame). Idem pour les insultes des ados, et adultes qui viennent tabasser le prof. Que faire ? La notion de respect : moi aussi, j’ai expérimenté des profs cons qui n’ont manqué de respect, je n’ai pas été violent. Si on renforce la police, ça va être la guerre civile.

A double tranchant pour moi. Je suis attachée aux règles de la vie en société : code de la route par ex. Quand je suis arrivée en France, à Paris, à 20 ans, c’était les Harkis qui me tenaient ma porte, les Français la laissait claquer. Autre ex. : j’ai réagi à un homme âgé qui me passait devant, il a levé la main sur moi, mais j’étais prête (cf. expérience en Afrique) et je l’ai traité de minable. Il y a des jeunes « biens », mais on ne les voit pas ; des vieux cons, ça existe aussi. En politique, ces gens nous montrent ce qu’il ne faut pas faire. Pour notre civilisation, je crois que nous sommes sur le déclin. Il faudrait enfermer les parents ? Mettre les enfants au travail. Toutes les civilisations ont eu leur déclin, c’est notre tour. Je rajoute que j’ai rencontré des enseignants formidables (peu) et des « pourritures », idem pour les médecins, les ingénieurs, mères au foyer et les moniteurs de plongée (cf. L.).

J’ai du mal à faire une différence entre le et la personne (donc avis contraire de G.). J’ai une certaine idée de la justice, mais ce qui se passe actuellement me pose question : tous ces non-lieux pour hommes politiques. Du coup, j’ai pour eux de moins en moins de respect (ex Martine Aubry). En final, à quoi ça sert de voter, je suis triste de perdre mes illusions. Notion de pouvoir derrière la fonction (prêtres : leur pervertit la relation à l’autre).

Il m’est revenu en mémoire Dominique RENOUARD, on parlait de la Bible et de l’inquisition. Il nous a dit : « J’aurai fait ce qu’il y avait à faire ».

Il a voulu dire que Dominicain, il aurait été sans doute obligé d’être inquisiteur.

IL y a un problème ce soir : on ne parle que de fin sécuritaire. Au départ, l’Etat ne remplit pas sa fonction (élever chacun, en fraternité).

Oui, scrogneugneu oui (Ma gueule d’emmerdeur public n’est pas respectée).

Je trouve que dans ma quête de citoyen électeur, je ne suis pas respecté. De droite ou de gauche, un remède = recréer maison de correction, à l’inverse du % de délinquance (alors que déjà l’année dernière, taux inacceptable). Il y a quelques mois ; j’ai été chez les CRS pour témoigner pour un accident. La chef m’a cherché pour que je témoigne, et m’a expliqué que c’était dans le but que le chauffard reconnaisse les faits : elle a fait du bon travail, elle avait une stratégie positive. Sa fonction de policier s’est trouvée d’autant plus respectable que la personne l’incarnait bien.

Fonction de parents pas si pessimiste, l’éducation civique remise au goût du jour mais inquiète sur la fonction de parents. Paul nous a dépassé, nous avons failli à notre rôle de parents. Entre parents, il faudrait se renforcer. En Suède, sessions de préparation à être parents.

Dans toute fonction ; il peut y avoir abus de pouvoir. Certains jeunes ont raison de s’opposer à des profs qui abusent de leur pouvoir.

Ex : Lycée Vauvenargues, le Proviseur a réussi à remonter par la volonté du chef. Investissement de cet homme pour appréhender la fonction d’éducateur vis-à-vis de notre fils.

Notre fonction de citoyen : mon intervention pour rappeler le code de la route à de jeunes imprudents.

Au départ, je me disais à quoi bon ce titre ? Renforcer la fonction, c’est inutile, il faut renforcer la manière dont les gens remplissent leur fonction. Inutile de multiplier les décrets.

Médecin de quartiers « difficiles ». Je me suis fait souvent engueuler pour avoir fait sonner trop longtemps… Ça n’est pas le gyrophare, mais mon attitude qui renforçait ma fonction (écouter les gens, les respecter) : à chaque fois, ces gens simples me testent. Idem pour les gardes à vue : bravo aux policiers, alors qu’ado je ne les supportais pas, qui travaillent de façon professionnelle, avec de la distance, mais pas de mépris. Globalement, ils sont très contents alors qu’ils se font insulter, taper dessus par les jeunes délinquants. Seule l’instauration d’une relation te fait respecter, renforcer la fonction ? C’est du blabla. L’histoire de la tolérance zéro : aux USA, des gens condamnés. Il faut un idéal plutôt que la peur du gendarme. Les médias nous inondent avec « gagneurs ».

Pour mes enfants, je leur appends à ne pas transgresser. A certains moments, je suis pessimiste, à d’autres optimistes. Ceux qui travaillent, qui sont les plus honnêtes, sont les plus nombreux.

C’est l’individu qui, par son comportement, fait respecter sa fonction. Les enfants reconnaissent les profs qui font bien leur travail, qui donnent beaucoup d’eux-mêmes. C’est vrai de la police, l’enseignement. C’est par l’éducation par le renforcement de la fonction qui est facteur de progrès (attention à l’abus de pouvoir).

Comportement professionnel des flics, avec souvent plus de qualité au travail qu’en famille. Oui, parce que la société de plus en plus complexe, il faut éclaircir et affermir : ex de RMISTE (lui rappeler qu’il a l’obligation d’essayer de s’en sortir). Il faut le dissocier de l’individu, car elle n’est pas inamovible du fait de la complexité sociale croissante. De l’imbécile ordinaire de banlieue.

Le terme de fonction a été pris sous différents aspects. Pour moi, il faut résister et remplir sa fonction avec dignité. En tant qu’élève, je n’ai jamais subi d’injures de la part des profs, et en tant que profs jamais proférés. Mon expérience d’enseignant est dans ce sens. L’uniforme de la fonction fait rigoler (distribution des prix à Toulon en 1947 par professeur en Toge).

Le prêtre n’est plus en soutane. La fonction doit évoluer. Souvenir : Cohn Bendit face aux CRS en casque qui n’ont pas bronché. CQF à mes élèves : bon ou beau métier… ex CRS… puisqu’il a fallu un bourreau.

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