HOMME – FEMME ?

Témoignage de frère Denis à la Pierre qui Vire en juillet 2003.

1. La question qui est posée n’est pas seulement celle du mariage, mais celle des relations de l’homme et de la femme.

Quand un homme se marie, une femme se marie, il y a sa femme et les autres femmes, il y a son mari et les autres hommes. On ne vit pas, même si on a pris une femme, sans les autres femmes.

Quand on se fait moine et qu’on est célibataire par vocation, par choix, on ne va pas vivre sans le monde féminin. On ne peut jamais penser un homme sans le monde féminin, on ne peut jamais penser une femme sans le monde masculin. C’est-à-dire on ne peut jamais penser un être humain sans le genre humain dans son entier.

D’autant plus qu’il y a le fameux ‘50/ 50’, à très peu près : l’humanité est duelle. Elle n’est pas double, elle est duelle et nier la moitié de l’humanité serait se déshumaniser. Au contraire penser l’humanité sous cet aspect duel, c’est s’humaniser.

La question homme - femme pourrait avoir comme titre : qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que l’être humain ?

Première réponse, à laquelle nous sommes habitués, l’être humain a un corps et une âme. A tout amour il faut du corps, à tout amour il faut de l’esprit, il n’y a pas de vie spirituelle, il n’y a pas de vie corporelle, il y a de la vie, tout ensemble spirituelle et corporelle.

A partir de cela, on peut donner une définition banale : l’homme engendre, la femme enfante. Il ne s’agit pas uniquement de l’enfant né du mariage, mais de tout ce que l’homme et la femme, même non mariés, vont vivre. Sans jamais oublier la différence qu’il y a entre les deux mots, engendrer et enfanter, qui précisent ce que l’un et l’autre font.

Que font-ils l’un et l’autre ? Ils deviennent eux-mêmes, vraiment homme et femme.

Tout homme devient homme par la femme, la femme révèle à l’homme ce qu’il est et l’homme révèle à la femme ce qu’elle est. Ils se révèlent l’un à l’autre et c’est le premier résultat de cette existence duelle : elle est révélante. Ensemble ils deviennent humains en ce sens que tout homme et toute femme produisent de la vie, qu’ils soient mariés ou célibataires.

Le Père Bouyer, oratorien, le déclare : « il n’y a pas de grande œuvre dans la vie d’un homme sans une présence féminine », laissant supposer (sans le dire) que, dans sa vie, une ou plusieurs femmes l’ont aidé à produire son œuvre. Pour sa part, Urs von Balthasar, théologien suisse allemand, le dit, à propos surtout d’Adrien von Speir, femme médecin mariée et théologienne. Les techniques de leurs théologies diffèrent, mais affirme Balthasar : «la mienne vient de la sienne ».

Dépassant donc le mariage, disons déjà que l’homme et la femme, voulus par Dieu semblables et différents, ne cessent de favoriser la vie, collaborant à son apparition, à son développement en eux les premiers et hors d’eux dans la communauté humaine.

Essayons de préciser la raison de cette fécondité vitale, et c’est l’amour, l’amour sous toutes ses formes : amour proprement conjugal, amitié, entraide, solidarité ou simplement camaraderie, réalité si forte, qui ne le sait ? Modalités diverses de l’amour, mais où se manifeste toujours la synthèse (la symbiose ?) du corps et de l’esprit.

Je parle du corps et il faut clairement distinguer chair et corps.

Le corps est une chair animée, la chair est une matière qui n’est plus animée.(Dans les cimetières il n’y a plus aucun corps, mais des chairs rapidement devenues poussière).

Il n’y a pas de vie humaine sans corps, sans esprit animant un corps. Cela est vrai de tout être humain, qu’il soit homme ou femme. Et pourtant l’un n’est pas l’autre, ni corporellement ni spirituellement. Et cela relance la question : qui sont-ils, que font-ils ?

2. Une vue rapide sur la Bible, quelques mots seulement de ce livre où tout, les lumières comme les ténèbres, dit le déploiement d’une vie temporelle devenant éternelle.

- La Genèse, c’est le devenir, une ébullition totale, la bénédiction originelle sur le monde et, au centre de tout, l’homme et la femme, image personnelle et ressemblance de Dieu. Genèse, présentation d’une harmonie voulue par Lui et à laquelle les humains de cessent d’aspirer une fois survenu l’accident, celui que nous disons, lui aussi, originel.

- Car, assez rapidement dans la Genèse apparaît l’accident, le péché, la faute qui ne supprime pas la bénédiction mais la colore d’une façon nouvelle. Il n’y a plus de paradis terrestre et l’idéal divin, toujours proposé à l’homme, va devenir un travail. Notre vie entière sera le chantier du bonheur. Si on définissait le plan de Dieu comme un amour partagé, un bonheur partagé, la conclusion est immédiate : l’amour est moins que jamais un coup au cœur, un coup de foudre, mais un long labeur. C’est le titre d’un livre du sociologue Pagès : « Le travail amoureux ». L’amour comme travail, le travail comme amour, formule disant assez bien la vie humaine et, pour l’homme et la femme, disons pour tous les hommes et toutes les femmes, la certitude que si l’amour est un travail, il n’est pas une impasse.

- Un autre texte biblique, la lettre aux Galates, chapitre 3, permet cette espérance à propos des trois conflits permanents dans la vie des humains :

1er conflit entre l’homme libre et l’esclave, le maître et l’employé, ceux qui ont le pouvoir et ceux qui sont sous le pouvoir.

2e conflit : le juif et le Grec, l’israélite et le païen, dit Paul. Les Grecs auraient dit : le Grec et l’étranger ; le citoyen et l’immigré, etc.

3e conflit : l’homme et la femme.

L’amour est le travail de deux personnes (ou groupes de personnes) qui ne sont pas spontanément accordées et veulent l’être. Le travail va consister à harmoniser des différences pour vivre davantage au lieu de se détruire.

Paul écrivant aux Galates ne nie pas les différences, elles sont toujours là, mais il l’affirme fortement, en Christ tous ces genres d’opposition perdent leur caractère d’opposition agressive parce que, en Christ, tous sont égaux.

Retenons l’opposition homme-femme, dont beaucoup pensent que des trois types de conflits énumérés par saint Paul, le conflit entre et la femme est le plus humain ou le plus inhumain de tous, en tout cas le plus révélateur de l’enjeu proposé aux êtres humains. De sa solution dépendrait celle des autres conflits, comme si tout conflit était affaire de justes relations dans l’amour entre acteurs différents.

L’homme et la femme deviennent donc comme l’humanité totale en recherche de son unité. En dépassant le « toi et moi » de leur amour à deux, l’homme et la femme se réalisent en un troisième qui, tout en consolidant cet amour, l’ouvre à sa plus grande dimension qui est de construire un monde meilleur pour tous les hommes. L’opposition de l’homme et de la femme devient alors collaboration et c’est ici qu’il faudrait réfléchir à ces nuances symbolisées plus haut quand je disais : l’homme engendre, la femme enfante. Qu’en pensez-vous ?

Ce troisième qui permet aux Chrétiens de dépasser les conflits, précise saint Paul, est le Christ. En lui et en lui seul, se constitue l’humanité nouvelle que le Christ inaugure.

Troisième texte, c’est la généalogie du Christ, en St Matthieu en particulier.

Il y a beaucoup d’hommes, les pères (un tel fils de un tel) et cinq femmes nommées à des moments critiques : Thamar qui se déguise en prostituée pour avoir un fils de Judas ; Rahab, prostituée qui a permis la prise de Jéricho ; Ruth, étrangère au peuple d’Israël ; Bethsabé, la victime, de qui naîtra Salomon ; et Marie.

Deux prostituées, une étrangère, une femme mariée prise par un roi, une vierge (Marie) : c’est l’humanité entière qui se conclut en Jésus-Christ.

Les femmes ne sont jamais étrangères à la vie du Christ. Le Christ n’est pas un « pur-sang », il est venu pour les pêcheurs parce qu’il est venu par les pêcheurs. Qu’on soit homme ou femme nous sommes des disciples ; avant Jésus la femme n’était pas un disciple. L’homme n’est pas plus disciple que la femme. Nous sommes des créatures qui écoutons les secrets de Dieu.

3. Peut-on aller plus loin pour définir l’homme et la femme ? Qu’est-ce que l’homme et qu’est ce que la femme ?

L’homme ou la femme sont des personnes, des solitudes, des consciences, des libertés. La solitude est une chance, elle dit que chacun et une créature unique, précieuse, à respecter comme Dieu la respecte dans sa liberté. Solitude parfois confondue avec l’isolement alors que les deux sont en opposition complète. Solitude, lieu réservé à Dieu, où Dieu seul peut venir. Isolement, enfermement de soi sur soi. (Solitude vient de solus, ce qui est unique, précieux. Isolement vient de isola, l’île).

L’homme et la femme sont et seront toujours des belles solitudes, appelées pour cela même à vivre librement en communion, à avoir une vraie liberté de se donner sans être absorbé par l’autre, volé ou violé.

En Dieu, les trois Personnes divines sont chacune ce que n’est pas l’autre, mais toutes sont en don mutuel permanent, parfaite communion, Dieu Amour, dit saint Jean. Ce Dieu Amour qui, nous ayant créés à son image, fait tout pour que nous, les humains, soyons un, un seul corps (l’Eglise), un seul cœur. Mais quel travail pour nous ! L’homme et la femme ? A eux deux, ils sont le monde entier en travail d’unité.

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QUESTIONS

Durant l’année, plusieurs équipes ont abordé le thème homme et femme dans l’Eglise, en particulier la place de la femme dans l’Eglise.
Tout à l’heure vous avez dit que les femmes étaient des disciples au même titre et à égalité avec les hommes. Qu’est-ce qui a pris au Christ de prendre douze apôtres hommes ?

Il y a plusieurs fonctions.

Le disciple reste la définition de l’être humain, en ce sens qu’il n’est pas son créateur, il est créé, tout le monde ne l’accepte pas, mais nous, Chrétiens, l’acceptons. Nous sommes créés, ce qui veut dire disciples, nous avons appris à vivre. Nous ne faisons pas notre vie, nous recevons la vie et nous apprenons à vivre. Nous sommes des écoutants qui apprenont. À partir de là il y aura différentes fonctions. Nous sommes tous disciples, mais à partir de là, tout le monde fait son travail qui n’est pas le même.

Je prends un exemple, mais c’est une conviction très grande. Il n’y a rien de tel que la femme comme agent apostolique. En Afrique, en Asie, en Amérique, en Europe c’est différent, la femme pénètre partout, elle est partout chez elle. L’homme fait peur, souvent pour des raisons religieuses et philosophiques. La femme ne fait pas peur, elle rentre partout, c’est incroyable. Si bien que si j’étais évêque en Afrique, je demanderais dix femmes pour un homme. Elles feraient un travail extraordinaire que ne pourrait pas faire l’homme. Je suis persuadé que le jour où les femmes deviendraient prêtres ce serait un métier qui deviendrait féminin et peu à peu les hommes disparaîtraient. Elles seraient plus généreuses que nous, elles prendraient toute l’importance et les hommes disparaîtraient comme dans d’autres métiers : enseignement primaire, école des chartes, pharmacie…

Ce serait dommage parce que je crois que la femme devenue prêtre ferait peur, parce qu’elle aurait un certain pouvoir qu’elle n’a pas comme femme, alors qu’elle a comme femme une capacité incroyable à être présente.

Je crois que nous sommes tous disciples, nous ne sommes pas des maîtres. Nous apprenons et transmettons ce que nous avons entendu. C’est la définition chrétienne de l'être humain, alors que la fonction varie : un dentiste n’est pas un généraliste…

La femme comme agent est remarquable partout.

Au Viêt-Nam c’est incroyable ce que le gouvernement communiste donne ou redonne aux religieuses dans les écoles et les hôpitaux parce qu’effectivement ces femmes se révèlent des agents incroyablement capables.

Vous êtes redoutables !

On ne peut pas tous faire le même travail.

Question sur les femmes théologiens. Elles font le même travail que les hommes ?

C’est le même objet, ce n'est pas le même sujet.

La théologie de Balthasar n’est pas celle d'Adrien von Speir. La théologie de Jean de la Croix n’est pas celle de Thérese d’Avilla…

La généalogie arrive à Joseph et non pas à Marie…

Jésus est un « pur-sang » par Marie. Par Joseph il ne le serait pas parce que Joseph a des ancêtres parfois dégoûtants.

Vous avez dit : il n’y a pas de grande œuvre chez l’homme sans présence féminine. Comment cela peut-il se vivre dans un lieu comme la Pierre qui Vire ? Quand est-ce que l’Eglise bougera sur le problème homme/femme, par exemple on prépare les couples au diaconat et on ordonne seulement l’homme. Est-ce qu’il peut y avoir une œuvre féminine sans présence masculine ?

Le pasteur ou le diacre ont une autre polarité, il y a le foyer et le ministère diaconal. Il n’y a pas que les diacres… combien d’hommes finissent accaparés par leur métier, et puis l’épouse…

La femme diaconesse peut arriver un jour, ce sera alors la même chose pour le mari, elle est diaconesse et moi ?

La formation au diaconat s’adresse au couple quand il y a un couple, on en ordonne un et pas l’autre ?

La femme accompagne pour savoir de quoi il s’agit, pas pour le faire.

Elle pourrait le faire !

On n’est pas forcément fait pour tout faire. Dans le couple humain on ne peut jamais abolir la solitude, les deux sont deux ils ne sont pas un. Cela fait dans toute relation humaine une séparation profonde et bonne, une distinction.

On a du mal parce qu’on voudrait tellement ne faire qu’un, mais on ne peut pas, il ne faut pas non plus.

Il peut très bien y avoir des diaconesses un jour, on en parle.

Est-ce qu’il ne peut pas y avoir de grande œuvre féminine sans présence masculine ?

Je crois que c’est vrai.

Sur le cheminement entre le moi, le je et le nous : comment passer du moi au je et comment passer du je au nous ? Quelle est la spécificité de l’homme et de la femme dans le nous d’une communauté masculine ou d’une communauté féminine ?

L’enfant et sa mère ont formé très longtemps un moi, même si maintenant on sait que l’enfant entend son père avant de naître, que l’enfant se familiarise avec la voix de son père avant la naissance. C’est pourquoi on dit au papa : « parlez à votre enfant » qui est encore dans le sein de sa mère.

Le rôle du père est de séparer l’enfant de sa mère afin qu’il soit lui-même et non plus le fils de sa maman. Elle est à moi, je suis son époux, tu ne peux pas me la prendre pour toi seul, il faut que l’enfant accepte cela. L’enfant est sevré, séparé, il découvre qu’il vit sans sa mère, qu’il est séparé de ses parents et en même temps il n’est pas isolé, alors il devient un « je ». Il devient un je jusqu’au jour ou il dit « non » à ses parents. C’est bon signe, c’est qu’il est capable de dire une parole personnelle, il devient un je. On arrive au « nous » quand on comprend qu’on est un « je » consistant, ayant une volonté personnelle, une conscience, une liberté (c’est le même mot).

Pourtant on n’est pas le seul, il y a d’autres « je », d’autres personnes. Ou bien on se retire, on renforce le moi, on régresse, ou au contraire on rentre en relation sans perdre sa personnalité, son «je », sa liberté, sa conscience. On devient très lentement humain, très lentement homme, très lentement femme, très lentement chrétien et cela n’en finit pas. On a cela en communauté aussi… c’est inévitable.

Une chose m’a toujours amusé dans l’éducation des enfants, c’est combien on apprend à l’enfant à remporter des succès, oui vraiment il faut gagner et le jour ou il est le premier en classe on est très heureux, on le félicite.

Arrive le jour… où surviennent les échecs. On est aussi très content des échecs de l’enfant afin qu’il apprenne qu’il ne peut pas tout faire. C’est comme nous dans une relation d’adulte.

Dans tous les métiers, il y a une jalousie inévitable… Cela prouve qu’il y a un désir, mais il ne faut pas qu’il soit tyrannique.

Le conflit homme/femme est finalement du même ordre que le conflit maître/esclave, étranger/citoyen, colon/colonisé, moine/frère convers… Qui va être le maître de l’autre ? Le passage du je au nous n’est jamais réalisé, c’est toujours à faire.

Tout être humain est à la fois masculin et féminin, dans un ménage, l’homme peut être très féminin et la femme très masculine… cela arrive.

C’est un jeu continuel la vie, c’est continuellement adaptation, découverte, la marque humaine, c’est la parole. Le jour où ils se parlent ils deviennent humains, ils peuvent trouver la parole qui convient à la situation. La parole est le signe de l’amour (ou de la haine), c’est le signe qu’on est à l’image de Dieu.

Il y a une conviction inconsciente de la prévalence de l’homme, on en sort lentement, c’est encore plus vrai dans certains coins d’Afrique. Mais dans les monastères africains, les monastères de moniales sont plus cohérents, plus stables que les monastères d’hommes.

Pourquoi le Christ n’a pas pris de femmes comme disciples ?… Je ne sais pas. Cela correspond aux usages de l’époque sans doute. Intelligent comme il était, il a vu dans la femme un agent pastoral encore plus fort que les apôtres (je dis cela en riant mais je n’en sais rien).

Le travail

La femme enfantera dans la douleur et l’homme cultivera la terre à la sueur de son front. Tout le monde va travailler péniblement, chacun dans son domaine.

Le père engendre péniblement, cela coûte cher un fils en préoccupations, désirs... La mère va le vivre autrement que le père sans doute. Il faut très longtemps à un enfant pour comprendre ce que ses parents ont peiné pour lui.

Le travail a marqué ma vie sous toutes ses formes, quand on nous disait « le latin sans peine » c’est de la blague !

Il n’y a pas de travail sans peine même si on est heureux de travailler : on peine.

Engendrer – enfanter

Adrien von Speir a fait un texte qui n’est pas encore traduit en français, c’est « théologie du sexe ». Elle a des audaces parce qu’elle était médecin et mariée deux fois (veuve et remariée). Elle a fait cette théologie avec un réalisme extraordinaire, elle n’est pas féministe, elle dit : « le mari engendre, la femme enfante ».

Le mari engendre, il provoque, il inaugure, il sème, et la femme accueille la semence, non pas passivement, elle enfante lentement et elle va continuer. Ces deux rôles différents sont vrais. Dans le devenir homme, le devenir femme, le devenir humain, on voit des ralentissements, des accélérations, des impatiences… qui disent bien des rôles différents.

Un chauffeur homme et un chauffeur femme ne conduisent pas de la même manière, un avocat femme et un avocat homme n’ont pas le même langage.

Qu’est ce qui est le plus important ? Ce n'est pas l’un ou l’autre mais l’un et l’autre pourvu qu’ils harmonisent. Si après le patriarcat, on trouve le matriarcat, non !

Solitude – isolement : comment cette opposition est-elle vécue dans la communauté monastique, et comment aider les frères qui restent dans l’isolement ?

Nous sommes créés unique dans une relation à Dieu, à celui non pas qui m’a créé mais qui me crée actuellement, encore. Je suis en relation de création avec quelqu’un que j’appelle Dieu.

C’est la solitude et elle est originale autrement dit, ce rapport de moi à Dieu est original et il est personnel mais il n’est pas unique. Dieu n’a pas qu’un fils, « moi », donc si je suis en relation avec mon père, avec ma source, si ma solitude est une vraie solitude, je suis automatiquement frère des autres.

L’isolement c’est le « non-frère et le non-fils », c’est pour des raisons souvent bien compliquées, personne ne m’aime, je n’intéresse personne, Dieu bien sûr que non, c’est l’isolement.

Comment passer à l’autre… et dans la vie commune ?

Les moines ne sont pas des saints. Saint Benoît dit : il arrive qu’un moine se mette en marge, boude comme un enfant. On va jouer son jeu, on le laisse en marge, on va seulement lui apporter à manger sans bénir son repas, il mangera tout seul, on joue son jeu, mais c’est très dangereux. L’isolement, c’est la folie. On enverra par derrière un frère capable, qui va essayer de lui parler afin qu’en lui parlant, il ramène l’autre à la parole et ayant de nouveau parlé au frère qui est venu le voir il rentre en communauté.

C’est par la parole que l’homme est homme, disons par la parole vraie, comme le répète Denis Vasse.