Aix-en-Provence le 7 avril 2003
1) Je fais partie d'une génération qui n'a pas eu d'éducation sexuelle. L'infidélité n'a que l'importance qu'on lui donne ; l'homophobie est une conséquence de la domination des femmes. Je suis très tolérante vis-à-vis des homosexuels, et ne serais pas perturbée outre mesure d'être attirée par une femme. L'essentiel est le respect de l'autre et l'amour. Si j'étais infidèle, je craindrais beaucoup … d'être étourdie et de me trahir en mentant.
2) L'importance accordée à l'infidélité dépend des époques, des pays, des cultures. La fidélité, valeur absolue, est d'abord fidélité à soi-même. On peut ne pas mentir à l'autre, sans pour autant dire la vérité… Tout n'est pas à dire, et il faut choisir le moment, le lieu, et savoir ce que l'autre peut supporter. Quant aux petits secrets de famille, ils ne regardent que ceux qui sont concernés directement : chacun à son jardin secret. L'homosexualité masculine me gêne moins que la féminine, tandis que mon mari est moins gêné par l'homosexualité féminine : cela est révélateur !
3) La virginité ne me paraît pas la valeur absolue, mais il est vrai que la "1e fois" doit se passer dans de bonnes conditions. En ce qui concerne l'infidélité : je ne saurais vivre dans le mensonge. Je suis tenté quelques fois, mais sans plus. Je n'ai pas d'homo phobie (les meilleurs amis de ma mère sont homos), mais si le problème se posait pour mon fils, je ne sais pas comment je le vivrais…. Les revendications des homos sont souvent abusives et je ne serais pas d'accord pour changer les référentiels de notre société dans ce domaine. L'homme est fait pour la femme.
4) L’importance accordée à la virginité est question d'éducation. La fidélité est une valeur importante, et je suis fier d'être fidèle à ma femme : c'est une preuve d'amour. Mon grand-père disait souvent qu'il n'accepterait pas de danser avec une femme qu'il trouverait attirante. La fidélité suppose quand même un effort.
Mon fils de 32 ans m'a annoncé il y a quelques mois qu'il était homosexuel. Cela m'a fait un choc, et ensuite nous avons parlé. Il m'a expliqué que pour lui une belle femme était comme une œuvre d'art mais ne l'attirait pas. Il est en ménage depuis 3 ans avec un garçon et se dit très heureux, bien dans sa peau…
Par moment, et c'est le cas au moment où je témoigne, je suis dominé par le chagrin […]
5) Mon 1er contact avec l'homosexualité a été quand, enfant, je constatais la présence de véhicules de gendarmerie dans le bois où je me promenais, et qui était "mal fréquenté".
Ensuite, au collège, j'ai dû subir les questions sournoises des adultes, parce que je préférais la compagnie d'un ou deux copains que j'aimais bien, plutôt que celle des fanas de foot. Notre amitié n'avait rien de louche, pourtant.
La notion de virginité me parait avoir fait plus de mal que de bien. Il ne suffit pas que la femme ait été vierge au soir de ses noces pour que le couple soit réussi ! La fidélité est un placement rentable. C'est reposant, et je n'ai aucune mémoire…
6) La virginité a son importance : il faut bien choisir celui qui vous la fait perdre. En cas d'infidélité, mieux vaut ne rien dire. Du reste la fidélité affective est plus importante que la fidélité sexuelle. On peut faire l'amour en dehors du mariage sans tromper réellement son mari.
J'ai découvert l'homosexualité en traduisant un extrait du Banquet, de Platon, et je croyais avoir mal compris, alors que j'avais tout juste ! J'ai l'impression qu'il y a davantage de couples masculins heureux que de couple de lesbiennes heureuses. Je ne me sens pas homophobe.
7) La virginité ne me paraît pas un avantage. J'aurais l'impression d'entamer un yaourt sans enlever la capsule… Quant à l'infidélité : où s'arrête le fantasme, où commence la tromperie ? Mais si on passe à l'acte, il faut le dire. Je crois qu'il y a 4 catégories de femmes : celles qu'on prend en photos, celles qu'on caresse, celles qu'on baise, et… celles des copains !
Pas de connaissance directe de l'homosexualité. Je conçois mieux celle des hommes que celle des femmes. Si c'était mon fils, j'ai l'impression que ça ne me ferait rien. Mais ma fille…
8) La virginité me semble une chose un peu stressante pour le partenaire masculin. J'ai perdu la mienne avec une femme plus âgée et m'en suis très bien porté. C'est important parce que ça laisse des souvenirs durables qui peuvent déterminer ou infléchir la vie sexuelle. Je n'ai pas de dialogue avec mon fils de 27ans dont la vie personnelle est un mystère, car il est très pudique. En ce qui concerne l'homosexualité je n'ai pas de refus ; je trouve que le corps masculin peut être très beau et reconnais être intéressé, même si je suis majoritairement attiré par les femmes. Et les homophobes me gênent un peu. Quant à l'infidélité, elle ne me paraît pas d'une importance capitale.
9) Il est incontestable que la "1e fois" est un moment important. Mais on peut s'en rapprocher progressivement et il y a des 1e fois pour tous les gestes de l'amour. L'infidélité doit être assumée par celui qui la commet : c'est trop simple, et égoïste, de se débarrasser de la culpabilité sous prétexte de sincérité. On fait du mal à l'autre, alors que la 1e règle est d'éviter de faire souffrir.
En ce qui concerne l'homo phobie, il ne faut pas oublier que la définition en est "la haine et le mépris des homosexuels". J'en vois l'origine dans une supériorité facile que se découvrent des minables vis-à-vis d'hommes ou de femmes qui leur sont souvent supérieurs. Ils se consolent en méprisant les homos, alors que leur "avantage" sur eux ne leur demande aucun effort. Plus on avance dans l'échelle socioculturelle, moins il y a d'homophobie. De plus, celle-ci va de pair avec une vie sexuelle ratée ou médiocre. Étant homosexuel moi-même, je suis très touché par le 4e témoignage, car j'ai vécu la même expérience, mais de l'autre côté. J'ai tout fait pour que mes parents, que j'aimais beaucoup, n'apprennent rien. Mais la société a évolué et il est normal que maintenant un fils choisisse la solution de ne plus se cacher et de dire la vérité à son père. Le chagrin des parents peut et doit maintenant être surmonté : il faut chercher pourquoi on souffre tant alors que la raison n'offre pas d'argument valable à l'homophobie. Personnellement, si c'était à refaire, j'agirais de même, mais je suis d'une autre génération.
10) Nous respections la virginité de la fille. Il semble que de nos jours, ce soit l'inverse. La fidélité est une valeur nécessaire à la durée d'un amour. J'ai failli être infidèle à ma femme, après une longue mission lointaine, mais si j'étais passé à l'acte, je l'aurais fait en pensant à elle (sic…).
Mon attitude vis-à-vis de l'homosexualité a été celle d'une tolérance progressive : étonnement d'abord de la retrouver chez les humains après l'avoir constatée chez les animaux, puis découverte qu'elle n'est pas un choix personnel mais un destin difficilement vécu, puis reconnaissance de la qualité humaine et artistique de certains homosexuels (comme les "réré" de Tahiti). Certains homos sont mes amis.
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