Mon constat d'Évolution du comportement de notre société vis-à-vis du sexe ?

Qu'est-ce que j'en pense ? Mon Évolution personnelle ?

Aix-en-Provence le 10 mars 2003

Onze personnes présentes.

¤          Il y a eu un bouleversement et même un retournement depuis ma jeunesse. Quand j’avais 20 ans, le garçon avait le rôle de chasser, de conquérir, et la fille attendait que le garçon se déclare. Dans les années 80 les garçons étaient chassés par les filles, particulièrement lorsqu’ils étaient moniteurs de ski !

Aujourd’hui, en 2000, je ne sais pas, mais les mâles semblent avoir du mal à s’engager.

¤          Si je n’avais pas fait les premiers pas, mon mari ne serait pas là aujourd’hui.

En 1968 j’avais 13 ans et j’étais dans une école de filles. Je n’ai eu l’expérience de la mixité qu’en fac. Heureusement que j’avais une copine pour me donner des leçons !

Je trouve mes enfants beaucoup plus réservés. Il y a un retour de balancier et deux copains de mon fils sont fiancés à 18 ans. La mixité est remise en cause ; les filles trouvent les garçons de leur âge « cons ».

Il y a une autre génération où il y a une plus grande pudeur.

¤          Au niveau individuel, je suis un pré soixante-huitard, pour la liberté sexuelle et avec mon opinion sur la virginité. J’accorde de la valeur à la fidélité et trouve normal d’avoir une seule partenaire. La fidélité, ce n’est pas qu’une seule question de sexe mais c’est aussi avoir un projet de vie.

Nos enfants ne nous ont jamais demandé notre avis sur leurs relations.

Dans mon expérience professionnelle de médecin de cabinet, je suis souvent confronté à des jeunes filles de 14 ans qui ont des relations sexuelles non -assumées et des idées très traditionnelles sur le mariage, même si leur accoutrement n’est pas du tout traditionnel !

Quant à l’évolution des mœurs, le sida est passé par là.

¤          Je suis post soixante huitard et mon adolescence s’est passée au moment d’une grande libération des mœurs, la pilule et pas de sida. Les filles et leurs revendications incessantes à l’égalité nous ont cassé les pieds, et avec elles ont se conduisait donc comme avec nos potes.

Je n’ai jamais été le premier, mais cela m’aurait sans doute paniqué.

Depuis 10 ans les relations sont plus difficiles à cause du sida. L’influence des média est considérable et on prend le chemin des américains en copiant leur puritanisme.

¤          Récemment j’ai retrouvé une copine de mes 16 ans ; elle m’a avoué avoir attendu que je fasse les premiers pas. À l’époque j’étais timide et je n’osais pas. À mon premier mariage, nous étions vierges tous les deux ; à l’époque les filles étaient très réservées. La virginité n’est cependant pas une garantie sur l’avenir.

¤          À 24 ans, j’ai rencontré l’ami de mes 5 ans qui était marié. Sa femme me l’a mis dans les bras pour désamorcer l’attirance qu’il avait pour moi. Ce ménage a trois, avec un enfant au milieu a duré quelque temps. Après coup, je trouve cela délirant.

J’ai surtout été attirée par des hommes plus âgés, et quelques fois mariés. Je ne sais pas ce que cela veut dire. C’est moi qui ensuite ai conquis mon mari !

Aujourd’hui les jeunes se fiancent à 18 ans et s’installent avant de faire de réels projets de vie ; tout est planifié : la situation, la voiture, la maison, l’enfant. Ils se comportent en adultes avant de l’être. Je trouve que cela manque de fantaisie : c’est le rêve du croulant !

¤          Les jeunes sont moins légers que nous ne l’étions. Pour ma part, j’avais beaucoup de problèmes personnels et la sexualité je ne connaissais pas ; je ne désirais qu’une chose, partir de mon milieu, de l’usine, je voulais connaître la vie. J’étais à la fois attirée par les garçons et éprouvais la haine de l’homme. Je ne connais pas le coup de foudre. Les hommes que j’ai connus m’ont beaucoup apporté.

Après mon divorce, j’ai été heureuse de rencontrer un homme qui était lui aussi libre avec lequel j’ai pu reconstruire un couple. Mais dans ma vie, il y a des manques, en particulier au niveau de la construction de l’individu.

Je pense que les jeunes font beaucoup de choses ensemble, se parlent ; c’est une chance. Je suis contente d’avoir un fils et je n’aurais pas voulu avoir une fille qui me ressemble.

¤          Ce thème me rend muette ; pour vous il évoque des souvenirs de jeunesse ou des jugements sur les jeunes. Je trouve que ce n’est pas un problème et que c’est inintéressant. Je regrette que les jeunes aient toujours autant de problèmes pour vivre ensemble. Le cadre des relations garçons/filles n’a pas évolué, il ne s’est pas amélioré. Il faudrait savoir ce qu’on peut faire, mais je ne vois pas ce que je peux et ce n’est donc pas intéressant. Le problème est mal posé.

¤          Quand j’étais enfant j’étais timide et, cachant cette timidité je passais pour un bêcheur. Mes relations ont commencé très tard, mais par la suite ça se bousculait ! Pour les filles il y avait une sorte de compétition.

Mes amies étaient plus âgées que moi et c’est ma femme qui m’a choisi. C’est la première que j’ai présentée à ma famille.

Pendant toute une période j’ai été indifférent mais surtout je me sentais dans un carcan. Aujourd’hui j’ai un regard sur les femmes qui est différent et qui me rend plus proche d’elles sans toutefois trahir la fidélité envers ma femme.

Notre fils est tombé sur une photo d’une de mes premières amies, et il l’a toujours dans ses affaires : je ne sais pas ce que cela veut dire ?

¤          J’ai été dans un collège où il n’y avait que des garçons et les sœurs de mes copains n’étaient pas très attirantes ou trop âgées. Ce n’était pas mon truc.

J’ai été choisi par des femmes, très tôt et souvent par des femmes plus âgées que moi. Je suis entré trop vite dans une relation de couple, avec une femme qui avait un caractère très affirmé. Je ne suis pas dragueur dans l’âme.

Je suis étonné de voir combien mes jeunes patients sont conventionnels, avec le désir de s’installer à 20, 23 ans. Je suis aussi étonné par le célibat forcé de jeunes femmes.

J’ai le sentiment qu’à un moment on en a disait plus que ce qu’on en faisait, et ensuite on en a fait plus qu’on en a dit. Mes enfants à 17 et 20 ans ne sont pas intéressés par le sexe. Je reste convaincu qu’on est toujours choisi par la femme.

¤          Je suis d’accord pour dire que c’est la femme qui choisit mais elle attend que l’homme fasse les premiers pas.

Pour nos enfants il y a un retour car ils ont été marqués par le divorce de leurs parents et ils ont peur de vivre cette expérience. Ils veulent construire à coup sûr et ils ne papillonnent pas.

¤          D’un sujet tabou et secret dans ma jeunesse, on est passé à un affichage public et permanent. Je ne sais pas ce qui est le mieux mais j’apprécie qu’on soit sorti d’une hypocrisie qui voulait par exemple que les filles n’aient pas l’air de comprendre les histoires « sales ». Un de mes premiers actes d’émancipation a été de décider de rire aussi fort que les garçons… quand je les comprenais !

Dans mon éducation, on parlait du mariage, d’avoir des enfants mais pas de la sexualité. Même entre copines, si on parlait de nos flirts, de nos amoureux, c’est à peine si on osait demander si on embrassait « avec la langue ».

Mon éducation sentimentale je l’ai faite essentiellement par mes lectures : je lisais les romans à l’eau de rose, les feuilletons de « Bonnes Soirées ». Cela m’a permis de connaître la sphère des émotions et des émois. Mais le sexe restait interdit, interdit d’en parler, interdit de toucher ou de se faire toucher. J’ai accepté cet interdit avec la conscience que si j’y touchais je ne pourrais plus m’en passer et la conviction profonde que c’était la grande aventure de ma vie, que je ne voulais pas le rater. J’ai eu envie de vivre cette relation à l’autre en plénitude ; cela entendait bien sûr, qu’elle passe par le mariage. Je voulais vivre en pleine lumière, sans me cacher, sans mentir, sans interdit et sans tabou. Je n’ai jamais envié les quelques copines de fac qui ne savaient pas avec quel garçon elles passeraient la nuit. Ce n’est pas que je fasse de la virginité un absolu, mais je trouvais cela très compliqué et je n’ai jamais pu séparer sexe et sentiment. Et j’en suis toujours là. Pour moi il ne peut qu’y avoir harmonie entre mon corps et mon esprit.

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