Mon constat d'Évolution du comportement de notre société vis-à-vis du sexe ?

Qu'est-ce que j'en pense ? Mon Évolution personnelle ?

Relation garçons/filles ? ; virginité ?; fidélité/infidélité ?; homophobie ?; prostitution ? ; pédophilie ?

Aix-en-Provence le 10 février 2003

 

o    Je sors d’une réunion de l’école des parents où on a constaté la dépendance des adolescents à l’égard des sites pornos sur internet. Les pires déviations y sont représentées et les jeunes disent qu’ils ne peuvent plus s’en passer.

o      Les parents ont la possibilité de verrouiller ces sites. S’ils ne le font pas, ils sont responsables. Et c’est cette démission des parents qui est grave. Le sexe est devenu un produit de consommation. Et l’amour, que devient-il ? Les valeurs morales ne sont plus transmises, alors qu’il faut le faire, même de façon autoritaire.

o      Je suis toujours frappée de constater que les adolescents, et aussi les parents, vivent de plus en plus dans un monde virtuel, dont ils sont les prisonniers. Il n’y a plus d’espace de liberté créatrice.

o      La censure ne doit plus être taboue. Nous voyons des publicités immorales qui sont directement destinées aux enfants. Au-dessus des parents, c’est la société elle-même qui est responsable, et qui démissionne. La sexualité est un serviteur, mais un mauvais maître.

o      Est-ce qu’on ne disait pas la même chose de la télé il y a 30 ans ? Je pose la question, et me la pose. Les sites pornos sont chers, Il faut utiliser la carte bleue… En revanche, il y a des "chats" de discussion libres d'accès, sur n'importe quel sujet. Je crois que les jeunes ne sont délurés qu'en paroles (je le constatais déjà quand, en 3e de collège, j'ai vu arriver les élèves de 6e). Dans la réalité, c'est la pruderie américaine qui perdure.

o      Les sites pédophiles sont très vite repérés et dénoncés à la police. On peut se faire confisquer son matériel rien que pour les avoir regardés. La pudeur chez les jeunes continue à exister (quand il faut leur prendre la température, par ex.). Ce sont plutôt les quadragénaires que les ados qui sont délurés. Le langage est ordurier, mais les ados sont aussi idéalistes et réservés qu'avant. Le mariage et la fidélité sont toujours des valeurs sûres.

o      Les ados ont à se battre pour leurs études, qui comptent plus pour eux que la sexualité, de même qu'ensuite leur insertion dans le monde du travail.

o      Lorsque le petit ami de ma fille est parti s'installer à Paris, il l'a très honnêtement avertie qu'il ne s'engageait pas à être fidèle. Elle en a souffert. Les filles sont plus "fleur bleue", les garçons plus réalistes et plus vantards. Le divorce des parents continue à être un drame pour les enfants, et la famille est toujours la valeur sûre.

o      C'est vrai, même dans les cités. Un divorce peut-être bien vécu par les enfants s'il n'y a pas de disputes.

o      Les jeux vidéos sont pires que les sites pornos. Comment peut-on supporter que des enfants tirent sans arrêt sur tout ce qui bouge, même si c'est "virtuel"? Le cul est moins grave que le meurtre.

Je pense qu'il y a moins de différence entre les enfants d'aujourd'hui et leurs parents qu'il n'y en a eu en mai 68, où la pilule a été un extraordinaire moyen de libération.

o      Les psychotiques que je voyais à l'hôpital, avaient très souvent une sexualité normale. Maintenant que j'ai un cabinet en ville, je découvre chez mes patients la plus totale confusion sur le plan sexuel, du moins dans la génération des post-soixante-huitards. Les enfants que leurs parents m'amènent sont, eux, en quête de pureté et ont besoin d'éducation sentimentale plus que sexuelle. Ils sont souvent amoureux très tôt.

o      Je constate qu'en 50 ans le comportement de notre société à l'égard du sexe a été bouleversé. Il n'y a plus d'interdit ni de pudeur. La pornographie tue l'érotisme. Les jeunes d'aujourd'hui savent tout et voient tout avant de pratiquer eux-mêmes. Nous les privons du plaisir de la découverte, à la fois du corps humain et des gestes de l'amour. Je trouve cette situation très triste.