REUNION des PINGOUINS d’AIX en Provence
COMPTE RENDU DE LA REUNION REGIONALE Aix-en-Provence :
La Sainte-Baume, les 5 et 6 octobre 2002
Thème d’année = “ Homme et femme ” :
L’altérité(l’autre n’est pas comme moi !); sexe fort - sexe faible = les préjugés historiques, les nôtres ; Homme et femme à la maison, dans le travail, la société, les Eglises ; pour continuer la vie, nécessité du masculin et féminin, sexualité, virginité, unisexisme, phobie de l’homosexualité ; Homme femme et violences, dans la guerre ; “ Dieu créa l’homme à son image, à son image Il le créa, mâle et femelle Il les créa. … Et Dieu vit que cela était bon. ” (Genèse 1 v 27…)
Treize présents.
Les témoignages :
Au départ de la vie, chez les religieux il y avait séparation des sexes : cela amène une catastrophe au niveau éducatif par méconnaissance de l’autre sexe. Les rapprochements se feront ultérieurement avec beaucoup d’erreurs et cela crée des problèmes au niveau individuel.
Y a-t-il différence ou complémentarité des sexes ? Pour moi, il y a complémentarité dans la différence. Les rapports sont basés sur la confiance, et dans l’échange on peut dire ce que l’on veut.
La différence n’est pas catastrophique et nous sommes nés pour joindre le masculin et le féminin : c’est extraordinaire ! On a besoin de la différence pour se constituer. Il faut apprendre à vivre avec son contraire. Se dire complémentaire est une façon optimiste de voir ; plus on avance et plus c’est difficile. La sexualité est la base où masculin et féminin se retrouvent unis.
Elevée avec des principes chez les sœurs, j’avais une vision idéale de l’homme protecteur, comme la Belle au bois dormant.
On ne parlait pas de travail pour une fille, il fallait être soumise et se marier ; j’avais le modèle de ma mère qui travaillait. Aujourd’hui c’est plus facile pour les filles car elles ont un métier ; et sont sur ce plan, à égalité avec les garçons. On demande aux femmes de prendre la place des hommes. Le masculin empiète sur le féminin et cela crée des conflits. Il faut qu’il y ait une complémentarité. Quand il y a rencontre entre un homme et une femme, il est nécessaire de se comprendre et d’évoluer ensemble. L’histoire de deux êtres s’écrit difficilement même avec une base de confiance.
Ce sujet me passionne. Mon expérience de la femme est limitée car je n’ai pas eu de sœur et pas de fille. La seule femme que je connaisse bien, c’est ma femme. L’arrivée de mes petites filles m’a déstabilisé dans ma façon de penser la différence entre ma femme et moi. Je pensais que les différences qui existaient entre nous étaient les mêmes que celles entre tous les individus. J’ai découvert que nous sommes deux êtres humains différents, et que les femmes sont bâties pareilles et que les mâles sont sur le même modèle. Nous n’avons pas du tout la même logique. Je comprends mieux mes petits fils.
Une émission à la télé a abordé ce problème récemment, en faisant des expériences sur les bébés pour voir leurs réactions : elles sont différentes selon qu’ils sont filles ou garçons. L’imagerie médicale montre que nous n’avons pas le même cerveau.
Cette constatation me facilite la vie quotidienne. L’intuition féminine rend service et le réalisme masculin aussi.
Je suis persuadé que si nous n’avions pas eu la chance de nous entendre sexuellement, ma femme et moi, nous n’aurions jamais pu vivre ensemble.
J’ai vécu entourée de femmes, dans un milieu féminin, sans une vraie relation avec mon père et ma mère. Les hommes je les ai découverts à 17- 18 ans. Mon grand père était mon idole, il a beaucoup compté dans mon enfance. Je ne savais pas bien naviguer dans le milieu masculin. Comme j’ai du très vite me débrouiller seule, j’ai tiré sur mon côté masculin en voulant réussir comme un homme dans ma vie professionnelle. Mon mari n’est pas le stéréotype du mâle, on a du jouer des rôles inverses dans notre couple ; cela a pu créer des problèmes pour nos enfants. Notre fils a un problème de positionnement dans la famille.
Depuis peu de temps je prends du recul et je pense réussir à mieux m’équilibrer maintenant.
Dans l’entreprise je peux dire des choses qu’un homme ne pourrait pas dire, et tout cela avec le sourire ! Je ne peux m’empêcher de penser que toutes les grandes gueules au boulot doivent se laisser mener par le bout du nez à la maison. La femme a plus de facilité à manipuler.
Je n’ai pas de problème avec des subordonnées femmes ; je marche au respect réciproque. Les femmes sont minoritaires dans le service, mais dans un milieu purement féminin, c’est sans doute différent.
J’ai grandi dans un milieu masculin avec une mère qui rejetait sa féminité et vivait sous la loi de mon père. Orientée vers des études techniques, je voulais ainsi être au même niveau que le milieu qui m’entourait. Suite à des problèmes de santé j’ai eu à réinstaller cette féminité pour que dans la famille tout le monde soit mieux.
Au travail, je regrette que les femmes ne s’affirment pas plus. Au service qualité il y a plus de femmes car le travail leur est mieux adapté : contrôle, relationnel.
Dans notre couple, c’est inversé : je suis cartésienne, et lui est plus artiste. Aujourd’hui je retrouve le plaisir de créer. Au niveau des activités il est important de devenir co-créateur, chacun apporte sa pierre.
Les sociétés étaient matriarcales primitivement : l’homme défendait les biens. Pour avoir sa place, la femme a bousculé l’homme et l’homme a peur de perdre sa place. La femme garde sa place dans la féminité.
Dans le partage des tâches, l’homme et la femme sont à côté l’un de l’autre. Il est difficile pour un homme de plus de 70 ans d’être autonome, il n’a jamais appris. Quand je demande un coup de mains à mes fils , c’est pour l’apprentissage de l’autonomie autant que par besoin d’aide.
Pour mon équilibre il est nécessaire d’avoir du masculin et du féminin dans ma vie. En Terre Adélie on vivait entre hommes et on oubliait les femmes. Il se mettait en place des substituts ; par exemple on avait besoin de se toucher. On perd le stéréotype de l’homme. On dansait et le côté féminin se révélait.
Proche de la cinquantaine, je vois des mâles affamés et des femelles frustrées. L’homme est toujours en recherche de procréation et de production et toujours insatisfait sexuellement et cherche à séduire. Ce n’est pas par hasard qu’il y a des prostituées. Dans ma relation à la femme, j’ai été longtemps un peu faussé par celle qui pouvait me toucher le cœur ou sexuellement. Je deviens le témoin du plaisir de l’autre dans la relation sexuelle, je ne suis plus un affamé. C’est le point central qui détermine toute mon attitude par rapport aux femmes.
Je me sens pleinement acteur et ma femme aime quand je suis affamé. Dans le contexte actuel je suis comme un poisson dans l’eau, autrefois j’aurais été en décalage par rapport aux hommes. Je suis content de m’occuper des fleurs, de mettre la table, de parler musique.
Je vois des femmes plus jeunes qui ont des attitudes de mecs et “ l’émoussement ”de la différence me marque.
Dans la famille arabe, les pères sont largués ; il y a une vénération pour la mère et toutes les autres femmes sont de la “ merde ”. Il est inconcevable pour un arabe de recevoir un ordre d’une femme. Ils sont en contradiction avec la culture actuelle.
A mes enfants, je ne cache ni mes erreurs ni mes contradictions : papa peut se tromper, maman peut réagir impulsivement !
Ma femme et ma fille ont d’autres points de vue qui apportent richesses, intérêts majeurs dans le raisonnement et la construction.
C’est formidable de travailler homme et femme ensemble ! Les civilisations qui le refusent sont amputées. On vit une époque formidable. Dans le domaine sexuel, on est dans l’émotion, ; on a toujours envie de baiser mais on ne passe pas à l’acte, c’est biologique. En temps que gériatre, je vois l’évolution des personnes âgées : l’homme qui ne peut plus diriger n’est plus rien ; si la femme a tout fondé sur la séduction, elle n’est plus rien : on va donc vers une relation homme-femme moins névrosée.
Moi aussi j’ai ressenti une forme d’inversion dans notre couple et c’est pour cela que nous nous sommes trouvés. Je pense souvent à l’inverse des autres hommes. Cette inversion peut surprendre. Ma femme fait carrière et moi je fais du mi-temps à la maison mais sans abandonner mon travail. Je ne suis pas doué pour la cuisine mais je ne refuse pas les tâches ménagères.
Vis à vis de nos enfants, cela les troublent-ils ?Je n’en suis pas persuadé, il y a d’autres hérédités.
Je trouve très sympa en faisant mes courses de rencontrer des filles sympas sans toutes les désirer. J’attribue cela au fait que ma fille est devenue une femme et j’ai donc un regard différent sur les femmes. Cela change la nature de nos relations.
Les femmes dans le travail, je sais que je succomberais tout de suite, mais le milieu professionnel a amené des femmes avec qui j’ai des relations de travail, de bonnes relations mais plutôt dans le style “ Alliot-Marie ” . Le désir, le fait que la sexualité existe, chacun le gère en fonction de ses objectifs, de ses contraintes, de son éducation.
Dans ma famille, les femmes ont toujours eu autant d’importance et d’influence que les hommes. Elevée avec des frères, j’ai eu les mêmes droits qu’eux : études, permis de conduire, sorties. Je me suis toujours sentie différente, heureuse d’être une fille. J’ai appris à connaître les hommes et à savoir très vite que nous ne fonctionnions pas de la même façon. J’ai aussi constaté que des filles élevées dans une famille où il n’y avait pas de garçons, ne savaient pas se tenir avec les garçons qu’elles rencontraient.
Adulte, je me suis tenue dans un rapport d’égalité avec les hommes : cela m’a aidé dans mes rapports professionnels où je rencontrais des prêtres. De même dans ma vie de couple, cela a permis un certain équilibre et je n’ai jamais eu besoin de chercher ailleurs.
Mes rapports avec les autres, hommes ou femmes sont basés sur le respect de l’autre, quel qu’il soit ; l’effort nécessaire est de se mettre à l’écoute de l’autre, à son niveau sans l’abaisser ni s’abaisser.
Dans mes rapports à mes fils, je ne me pose pas trop de problèmes : je suis leur mère pas leur confidente. Avec mes belles filles j’apprends à accepter les différences mais je ne suis pas en concurrence.
Avec mes enfants, j’ai dû jouer les deux rôles à la fois, père et mère. Avec mon fils, il y a eu une mise à l’épreuve 2 fois, et maintenant c’est plus calme.
Il y a des choses qu’on ne se dit pas mais que ces réunions nous donnent l’occasion de se dire.
Sortant d’un milieu très traditionnel, avec une sœur plus âgée que moi et des parents qui tenaient un bar-restaurant, j’ai vécu avec des pères de substitution dans le café. J’ai découvert tardivement ce qu’est la cellule familiale, (dans la mienne il y avait peu de calins car on n’avait pas le temps) dans la famille de ma femme.
Dans la cellule familiale que j’ai crée avec mon épouse nous avons accueilli deux enfants en plus des deux nôtres pour faire éclater la cellule.
Quand j’étais interne au pensionnat, lorsqu’on croisait les filles, on nous disait : “ Baissez la tête, voilà le péché qui passe ”, on les appelait les tortues. Après le bac, il y a eu le Grand Séminaire puis le service militaire en Algérie et donc peu de relations féminines, cela restait dans l’imaginaire et le fantasmagorique. Cela a retardé l’expérimentation de la confrontation homme-femme ; elle n’était ni autorisée ni possible dans le ministère de prêtre où j’ai travaillé avec beaucoup de femmes.
Dans mon travail, j’adore qu’on m’aime et cela se traduit par une façon d’être, une certaine écoute, une envie inconsciente d’éviter les affrontements. En responsabilité, je déstabilisais les gens en les laissant s’organiser ; ils n’étaient pas préparés à cela. .Dans la Chambre de commerce où j’ai travaillé tous les postes de direction étaient occupés par des hommes et les femmes étaient des exécutantes : faire bouger les choses n’a pas été facile, même pour les femmes elles-mêmes.
Cela fait deux ans que je suis à la retraite, et donc présent à la maison : je n’ai pas encore réussi à partager le territoire avec mon épouse. Ce n’est pas évident de passer d’un temps où on est très absent et où la femme gère son temps à un temps où la présence de l’autre devient contraignante. Ce qui est bien c’est qu’on arrive à en rire !
De la méconnaissance viennent les peurs, et si on n’a pas connu des rapports homme-femme dès l’enfance, ensuite on a peur.
Dans l’adolescence il y a une forme d’idéalisation de la femme qui se trouve être aussi très néfaste.
Je suis très admiratif des couples très âgés qui vivent sur leurs souvenirs, et les femmes qui ont des rides peuvent encore avoir beaucoup de charme. Je me dis qu’ils ont réussi leurs vies.
------------------