BRETAGNE

L’eau. Ce que ce thème évoque pour nous.

Quels sont nos comportements ?

Bretagne-Nord. 18 janvier 2004.

8 présents

-Notre réflexion survient le jour où l’Evangile de Cana nous parle de l’eau des ablutions transformée en vin de fête.

La phrase très pertinente de Léon « cela nous parait si naturel », pourrait bien faire dire : « pourquoi le thème de l’eau ? ». Et pourtant cette chose liquide qui glisse entre les doigts, sans graisser, sans salir, eau du ciel, de surface, souterraine, douce ou salée, minérale... soulève bien des problèmes.

Sa place dans ma vie... je la bois, je cuis, je lave. Elle entre dans la composition des cellules, du liquide amniotique, elle soigne. Elle crée une ambiance sonore particulière selon qu’elle est pluie, mer, rivière, fontaine... elle invite au silence, au rêve, au voyage dans l’imaginaire, à la prière, à l’émerveillement comme... la rosée sur une toile d’araignée ou sur une rose, ou encore ce jeu d’enfant qui consiste à faire courir des gouttes sur une feuille de chou. Enfin l’eau, des purifications, du baptême, des fontaines miraculeuses... qui n’a de vertu que dans la foi.

Et puis... les eaux usées, polluées, insalubres ; les eaux dévastatrices, pluies torrentielles, inondations, mers démontées, raz-de-marée... l’abondance sauvage d’un côté, et le manque, la sécheresse de l’autre coté. J’essaie de ne pas gaspiller, en récupérant l’eau de lavage des légumes pour l’arrosage, en prenant des douches courtes et en évitant les mini-lavages par exemple. Mais aussi en signant des pétitions de l’association de protection, de sauvegarde et lutte pour l’eau potable en amont du compteur. Il s’agit de limiter, même dans le jardin, herbicides, fongicides, engrais polluants...

L’eau ne devrait jamais être captée de façon égoïste, pour en priver d’autres, pour assoiffer, pour tuer... c’est une forme d’homicide. Cela devrait figurer dans les droits de l’Homme. Il faudrait éduquer, inculquer le sens du devoir, de partage et de l’émerveillement, sources de joies. On pourrait adapter le principe de Mère Térésa sur la vie :

L’eau est beauté, admire-la

L’eau est précieuse, soigne-la

L’eau est amour, jouis-en

Un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable.

Deux milliards de personnes n’ont pas de sanitaires.

 

-Dans l’Ancien Testament et le Nouveau Testament l’eau est source de vie, symbole principal de pureté. On y fait souvent référence à l’eau : Marie-Madeleine et le lavement des pieds... Ses bienfaits et ses méfaits : la mer qui se referme sur les poursuivants, le déluge...

L’eau est indispensable à la vie : hygiène, détente, soin... elle est donc aussi source de profit : eau en bouteille, installations de purificateurs en raison de la mauvaise qualité de l’eau du robinet. Sur les bateaux de commerce l’eau était autre fois très chère car sa production était difficile. On embarquait avec de l’eau douce potable, puis des installations ont permis de fournir de l’eau distillée.

La mer, les fleuves... l’eau est alors un moyen de communication mais aussi de conflits. En Afrique l’eau est plus précieuse que le pétrole. Quant à la pollution due aux rejets des pétroliers, elle a duré car il y a eu une absence de volonté politique pendant des années. Il y avait un manque d’installations de nettoyage antipollution, et les amendes n’étaient pas dissuasives.

-Ce thème est pour moi une incitation à réfléchir sur l’importance de l’eau. Elle semble être la base de la sécurité alimentaire, sanitaire. Elle peut être vecteur de maladies : des millions d’humains en meurent de par le monde... Pour moi, il s’agit surtout de ne pas laisser le robinet ouvert inconsidérément. Au niveau collectif, pour le problème des nitrates, il faut une vigilance pour la Bretagne.

L’eau est au cœur du conflit en Israël où je vais tous les ans. C’est un problème crucial pour aboutir à un climat de paix. C’est une valeur, une denrée précieuse, et pour en garantir l’accès à tous il faut changer des comportements.

L’eau qu’on ne peut canaliser, la beauté de l’eau, le bruit de l’eau... et l’eau qu’on renvoie au symbole : pour les chrétiens, l’eau du baptême qui purifie. Dans le désert, la moindre goutte d’eau fait jaillir une touffe d’herbe. C’est beau et symbolique. Et quand il y a un départ pour le désert, la précaution rappelée est : « n’oubliez pas l’eau ! »

-L’eau m’évoque des bonnes choses, et des mauvaises. L’eau et la Justice : le Brésil possède 20% de l’eau douce du monde, et malgré cela des régions n’en ont pas. Les riches ont de l’eau potable, les pauvres non. Tous doivent avoir accès à l’eau. En France on dit « à tous », mais pas gratuite. L’eau devrait être gratuite pour tous, mais avec des quotas pour éviter le gaspillage : les piscines, les jardins anglais...

Sans eau, on est pauvre, sale, malodorant, malade. La soif c’est une douleur, et le manque d’eau tue gens et animaux.

Mon comportement ? J’aime l’eau, les longues douches... on est heureux avec l’eau et... j’oublie les autres...  Je suis fâchée quand, au cours de voyages, je vois des chasses d’eau qui coulent... non réparées.

Après une longue période sèche, la pluie est une fête. La beauté de l’eau et son bruit... « Mamie, écoute la mer » me dit ma petite fille. Par son bruit, l’eau calme, donne la paix.

-L’eau est indispensable à la vie et la santé. Elle est un bien précieux à ne pas gaspiller. La gestion de l’eau est un acte de solidarité. Elle est présente par son abondance à travers les fleuves, les rivières, les lacs, les étangs, les marais, les glaciers qui alimentent cascades et torrents... mais que des hivers répétés soient moins rigoureux, et tout est à revoir.

L’eau est présente dans son manque – certaines régions pourraient avoir de l’eau mais n’ont pas les moyens de forer – sans eau tout dépérit et meurt.

L’eau est présente dans sa quiétude : les méandres de la Seine, les cours d’eau de la campagne sont reposants. Elle est la joie des plaisanciers, détente et sérénité.

L’eau est présente dans ses excès : inondations – les conjonctions de plusieurs torrents qui descendent des Cévennes ont provoqué de graves inondations dans le Gard. La Camargue a beaucoup souffert. Près de chez nous, la Vilaine déborde tous les ans... routes coupées, maison inondées, découragement des riverains. Pourtant certains excès sont bénéfiques, comme les limons du Nil.

L’eau, seule voie de circulation dans certaines régions, peut être un lien entre les Hommes, et assurer le seul contact possible.

Elle est un moyen de purification : dans la religion chrétienne avec l’eau du baptême, de l’aspersion ; chez les romains avec les bains rituels... Propreté, toilette, étancher la soif – une nécessité primordiale, et ultime : donner à boire ou humecter les lèvres est un des derniers gestes que nous puissions accomplir à l’égard d’un mourant.

 

-Dans l’enfance, ma mère étant une inconditionnelle de Belle-Île, on passait trois mois sans eau, ni électricité. Je ne suis pas très engagée en tant que citoyenne et je m’en veux un peu. Il me faudrait prévoir un bac de récupération dans le jardin.

L’eau est facile... on laisse couler. En location les gens ne se contrôlent pas, il faudrait limiter le gâchis. C’est un combat pour limiter les porcheries et le nombre de porcs. Un frère, à Nîmes, a été inondé plusieurs fois. Des maires parlent d’erreurs en causes.

La précarité s’aggrave avec le risque de coupures d’eau au compteur. Je vois aussi l’eau symbole.

-En tant que catéchiste, on travaille beaucoup sur l’eau en tant que passage de la mort à la vie – à une vie nouvelle – présente dans la Bible, comme le passage de la mer Rouge.

En tant que citoyenne, l’eau fait partie de la vie, avec un usage normal. Dans beaucoup de pays, le problème de l’eau est évoqué. En Angola, les 2/3 de la population n’a pas accès à l’eau. Il y a aussi les eaux porteuses de microbes.

Habitant près d’un terrain de foot, j’enrage parfois en voyant pratiquer l’arrosage pour que la pelouse reste verte même l’été... pour moi c’est du gaspillage. On s’aperçoit que cela demande des efforts d’être citoyenne, l’incivilité est plus facile.

-Ce thème m’a obligé à réfléchir. Dans ma vie professionnelle j’ai fait appel à un droit à l’eau qui n’est pas respecté. Des concentrations urbaines posent des problèmes, Calcutta et tant d’autres... En Belgique il y a obligation de prévoir une citerne à la construction d’une maison.

L’eau c’est la vie. Y a-t-il de l’eau sur Mars ? Mais sur Terre, comment faire des liens, résoudre des problèmes, par exemple pour les Nordestins du brésil qui manquent d’eau. Au Soudan où la première chose à penser est d’apporter de l’eau, il y a autant d’eau que d’essence à emprunter les routes. A la messe en écoutant le récit des noces de Cana, j’ai pensé que les symboles ne me marquent plus. C’est puissant dans la Bible et je me sens à côté de la plaque (tant c’est banal et facile d’ouvrir un robinet, peut-être ?) et cela ne pousse pas aux économies d’eau, surtout l’été.

Quel est le pouvoir des multinationales sur la gestion de l’eau dans le monde ?