Compte–rendu du voyage de Van Huong au Vietnam

Je rentre d’un voyage de 3 semaines au Vietnam. J’étais seule, sans Michel. J’étais parfois prise pour une religieuse ou une paysanne qui vient aider sa famille à la ville. Je n’avais pas du tout l’air d’une Vietnamienne venant de l’étranger et qui a réussi. L’apparence compte, elle permet souvent de dominer les autres.

Depuis l’exode de 1954, je n’étais pas retournée à mon village du Nord. Rencontres :

-Cousine de 80 ans. Elle était grande propriétaire, avec un mari pêcheur et commerçant maritime, possédant un domaine avec un petit zoo. Expropriés en 1956, ils vivent alors dans une cabane. Puis le mari est envoyé dans les camps de rééducation. Il est de retour en 1967. En 1968, alors qu’il est à la pêche en mer avec ses 2 garçons, ils sont bombardés par les avions américains ; tous les 3 sont tués. La cousine reste seule avec une fille de 4 ans. On s’est parlé longuement. Elle n’a pas de rancune… la vie est comme ça… Sérénité, foi inébranlable en Dieu !

-Petit garçon de 5 ans. C’est le petit-neveu de ma sœur. Il n’a pas d’acte de naissance. Il est le 9e enfant et ses parents ne le déclarent pas, car ils auraient une forte amende à payer. La loi n’autorise que 2 enfants. Pour l’état, il n’existe pas. Pour la communauté locale, il existe car il est baptisé.

J’ai trop vu, trop entendu, de misères, dessous de table… Il faut souvent graisser la patte pour que les notes scolaires soient augmentées en vue d’entrer à l’université, or on n’a pas d’argent ! Les gens travaillent beaucoup. Ils sont obsédés par la maladie qui entraîne toute la famille dans la misère car la sécurité sociale n’existe pas.

Chez mes neveux du sud qui cultivent le café, il faut dormir dans les champs pour surveiller la récolte, car il y a des gens qui vivent de vol. Le cours du café est déterminant pour la survie de la famille.

Le Vietnam n’a plus de chants d’oiseaux… ils ont été mangés !

Saïgon est dans un bruit permanent, voitures, karaoké. J’ai passé 2 jours chez les bénédictines en banlieue saïgonnaise, dans le calme, avec cette fois des oiseaux chantant à tue-tête dans la bambouseraie.

-Grand séminaire. Sermon de l’évêque « osez vivre votre vie…si trop de pression de la famille, il faut savoir résister… ». Le recrutement des séminaristes se fait après l’Université (niveau licence) ou après l’obtention d’un métier. Il y a concurrence avec le parti. Si le jeune est d’origine populaire, il peut obtenir une bourse. Ces jeunes sont très dynamiques, sains d’esprit et avec bon moral ; ça bouge !

-Les Femmes. Elles sont plus avancées que les garçons en milieu rural. Cela est en partie dû à la régulation des naissances. On le dit à la confession ; le prêtre répond : voyez votre conscience !

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