LANDEVENNEC

AVENIR-DEVENIR

Landévennec. 1 et 2 avril 2006

15 participants

Nous constatons les effets négatifs de la civilisation, sur fond de profits financiers et du chacun pour soi, en particulier, la fonte des glaciers, les pollutions (voitures, engrais, pesticides …), la déforestation, l’intoxication au plomb, mercure, amiante dioxine. Nous sommes dans une société de folle consommation avec influence de la pub (télé, journaux, magazines).

Nous sommes loin du XVIIIe siècle avec, en France, 65.000 moulins à eau, 15.000 usines hydrauliques, 16.000 moulins à vent.

Mais parallèlement, des prises de conscience conduisent à des améliorations :

- essais de voitures électriques, bus propres, transports en commun facilités, pistes cyclables.

- des écologistes se manifestent (en Afrique notamment) pour lutter contre la déforestation.

- économie d’eau (revoir la culture du maïs dans les Deux Sèvres).

- des énergies renouvelables apparaissent : valorisation de la filière bois- électricité à partir de la combustion   de déchets verts, branches, souches (Mimizan), éoliennes.

- recyclage du papier (moins d’énergie et 200 fois moins d’eau qu’en utilisant du bois).

- plus grande maîtrise et sélection des déchets.

- solidarité internationale lors des catastrophes naturelles (tsunami, tremblements de terre).

- commerce équitable.

- associations actives au service des plus démunis, des grands malades.

Ainsi un avenir est toujours possible. La vie est plus forte que la mort. Ce que nous faisons pour les autres fait avancer l’humanité. L’espérance est la vertu de la marche en avant. Les réflexions de Nicolas Hulot, Jean Vannier, entretiennent le dynamisme : « chacun à son niveau peut agir ». Luc Besson : « ce sont les rêves qui font avancer les civilisations. » Le mur de Berlin n’est pas tombé à coups de décrets mais du rêve des hommes. Il est temps de réagir en pensant à ce que nous allons transmettre à nos enfants.

« Avenir » combien d’années ? Nul ne le sait.

Au niveau de l’environnement, je suis sensible et essaie de transmettre par l’exemple. Ce qui me reste de temps à vivre, il faut le vivre le mieux possible, à mon niveau. Je suis interpellée par des articles qui m’inquiètent. On se sent tout petit. C’est effrayant que le profit domine, et important d’avoir autour de soi des gens avec qui avancer dans la même direction.

Je suis  inquiétée par la réflexion de ma fille, professeur au Futuroscope : la moitié de la classe de terminale est alcoolique, ce qui a provoqué la convocation des parents et professeurs. Les élèves dorment pendant les cours ; le SAMU est appelé très souvent. Depuis un an et demi ceci touche tous les milieux et suppose 70 à 150 euros d’argent de poche par mois. Certains ont un job le soir à Auchan. Ils s’approvisionnent en topettes à base de vodka et jus de fruits par un passage dans la clôture ! Que faire, quel est leur avenir ?

Je suis effarée du nombre de gens qui prennent quelque chose pour dormir. Il faut être au top ! Boire ! Il ne faut pas d’états d’âme. On met la pression partout et le comportement des adultes est en cause aussi. Pour des jeunes, c’est souvent un « passage », et après, ils se rangent.

En Bretagne, il y a plus de drogues que d’alcool. Les pêcheurs tiennent plus par la drogue que par l’alcool. Notre thème rejoint celui de la Mission de la Mer : « des signes d’Espérance ». L’espoir ? Un mal qui plonge dans l’illusion ! Sommes-nous les acteurs de notre devenir ? (Encyclique Benoît XVI, paragraphe 39)

8 jours en Irlande en juin 2005. On y sent l’effondrement de l’emprise de l’Eglise. Reste la course au profit, au bien être matériel ; çà « picole »; les valeurs matérielles de l’existence sont sacrées. Au Brésil, la civilisation du paraître est très forte, mais des valeurs restent essentielles, comme la solidarité familiale.

Je suis un représentant d’une société qui vieillit. J’ai le devoir d’exprimer des valeurs dans ma vie. On n’a pas le droit d’accepter l’intolérable qui méprise. Mon Devenir : être un vrai grand-père qui ne rouspète plus. Je fais partie d’une association contre l’emplacement de certains relais de téléphones portables : il les faudrait moins puissants et plus nombreux.

Il y a des signes de renouveau dans l’Eglise, mais quand je vois l’égoïsme de chacun (plutôt les éoliennes chez les autres.) Aux USA : les mesures de précaution oui, mais pas pour eux, je trouve que nous sommes mal barrés.

L’Espérance suppose le temps. Il faut faire des années, des siècles d’échecs, d’expériences. 2000 ans dans le temps, c’est peu ! On n’est pas encore évangélisés. Le monde est en marche vers un « mieux ». Il y a deux regards possibles : un regard statique et un regard qui cherche un mieux. Le nombre de paroisses diminue…pas désespérant. On va vers une autre Eglise. Crise de la Foi ? Il faut laisser passer. Il y a une telle emprise du clergé ! Obsèques sans prêtre : je les trouve très bien. Par contre il y a ambigüité, quand les prêtres viennent célébrer pour des « personnages ». La communion hors Eucharistie, sauf pour les malades, est un non-sens. « Avenir » ? Rarement prévisible. On projette, on imagine, et il y a beaucoup d’imprévus.

Pour l’Eglise, c’est l’Espérance, le Règne qui vient peu à peu. Quand je regarde l’Eglise actuelle, elle me réjouit par rapport au passé. Obligée d’approfondir sa Foi ; retour à la Bible base dela prière. Mais je suis comme tous, j’ai 1 nièce sur 10 neveux qui a une foi affirmée. Pourtant l’Eglise est vivante avec des groupes divers de croyants. Elle est moins conformiste, plus libre dans la Foi et la pratique, avec une place plus grande pour les laïcs. Elle est le temple des croyants, moins nombreux, mais plus forts.

Le « Devenir » ? Ce que nous en ferons si on se laisse évangéliser. De 51 moines quand je suis arrivé au monastère, nous sommes passés à 21 aujourd’hui et personne à l’horizon, mais la vie monastique continue parce que l’on croit à l’avenir. Il y aura toujours une vie contemplative, des chrétiens qui choisiront cette facette de Jésus, la prière ; on ne peut pas tout faire.

« Optimiste et pessimiste » à la fois. Les politiques ont d’autres ambitions que le bien des citoyens. L’idéologie politique bloque. Il y a aussi des choses positives qui se font : au Conseil économique dans le secteur sud : comment peut-on apprendre aux gens à tenir compte de l’environnement ? Dans la jeunesse, tout n’est pas beau, mais certains se remuent : dans le quartier, il y a des groupuscules difficiles, mais aussi des jeunes que se groupent pour faire des choses positives. C’est un travail de fond qui apparaitra plus tard. On a l’avenir tant qu’on peut apporter quelque chose de notre propre expérience. Cela rend actif, pas renfermé sur soi-même. Il faut garder le positif à l’esprit pour continuer.

Des progrès sont en marche quant à l’environnement, à la protection de la nature (ramassage des déchets sur les plages par les enfants pour leur faire prendre conscience). Restreindre la pub papier diminuerait les déchets. Le tabac se limite de plus en plus en public. Des choses incompréhensibles scandalisent : par ex. Gaz de France qui a fait des bénéfices colossaux mai augmente les tarifs à la consommation…

L’Eglise est aussi en mutation : le clergé dirigeait tout.

Sensible à l’avenir des Jeunes. Les enfants ont passé l’âge pour que je me mêle de leurs affaires. Les petits-enfants n’ont pas la même éducation que celle de leurs parents, et il n’y a pas grand-chose à dire sauf quand on les a sans leurs parents. L’avenir c’est demain, pas dans 5 ans. Je veux profiter des jours. Pour le devenir…on avance dans les dizaines… « Je n’ai vraiment pas peur de « partir ». Je n’ai pas envie de « trainer ». Je prends bonheurs et difficultés comme ils se présentent. Des signes d’Espérance ? Pas facile en ce moment.

Quant à la spiritualité, j’ai plus de questions que de réponses. Sommes déçus en paroisse même en essayant de se rendre disponibles. Les prêtres, pas toujours charitables, me choquent. Je trouve un réconfort dans les préparations de funérailles où l’on rencontre des familles de tous horizons. L’égalité est difficile selon les paroisses. Dans le Finistère, les funérailles se font sans prêtre. Les mentalités progressent, mais il ne faut pas d’ambigüité.

Le futur ? mystère ! Le présent : accueillir la Vie ; tu marches solidement sur le chemin ; sur ta tête, tu portes le ciel. Conscient des menaces et des catastrophes. L’avenir professionnel est fini, mais l’avenir familial continue. Parfois optimiste, parfois pessimiste : la confiance me manque parfois, la prière apaise mon angoisse. Je crois à la communion des saints. Avec le réseau amical, il faut garder le lien ainsi qu’avec mon pays et les amis qui travaillent là-bas. Au niveau de la paroisse, quand les jeunes deviennent adultes, il faut une autre forme. Avec des projets, il faut le désir de l’avenir.

Mon ancienne paroisse est un lieu de vie des chrétiens : j’y vais !

On a une vue un peu planétaire par la famille vietnamienne, mais je suis très coincé par les langues. Le projet européen me passionne, mais il est en panne. En sillonnant la France, je remarque que les « pingouins » ne meurent pas. Dans notre quartier, où beaucoup de familles sont issues de l’immigration, la question se pose : « qu’est-ce qu’être français » ? Il s’ensuit un travail de tolérance avec mes voisins différents.

Qu’est-ce que c’est que d’avoir une autre religion quand on croit à l’universalité du Christ ? Jésus est un questionnement planétaire. L’altérité est là, et je n’y ai pas été formé.

Nous sommes des étrangers adoptés, mais moins par l’Eglise que par voisins et amis. En paroisse regroupée, je n’ai personne à saluer. J’aime aller dans une église où il y a beaucoup de Portugais. Je ne comprends toujours pas pourquoi il peut y avoir 3 prêtres à une célébration commune.

Assez confiant face à l’engagement des « laïcs » qui est de plus en plus grand. Les célébrations sont plus dynamiques qu’autrefois. Je mets des bémols entre ce que dit « Rome » et ce que les gens ont à vivre. Relations monastère et paroisse : on demande aux fidèles d’aller dans leur paroisse, ce milieu pas homogène, si ce n’est la Foi.

Environnement, qualité de vie, bien être, je crois que tout cela est lié. En général il y a une prise de conscience individuelle de la nécessité du développement durable (associations). Au moment de Noël, Pax Christi a lancé une campagne de sensibilisation (rejoint par 7 mouvements d’Eglise) « Noël Autrement » (consommer autrement, faire des cadeaux autrement).

L’ACGF a un groupe de travail « environnement et qualité de la vie », qui existe parce que les femmes y sont intéressées. J’essaie de respecter le tri collectif dans mon immeuble, mais je remarque que certains n’en ont rien à faire. Nous pouvons pourtant être acteur dans ce domaine. Quelle terre laisserons-nous ?

Longtemps je me suis nourrie n’importe comment ; maintenant j’essaie de manger équilibré pour me maintenir en bonne santé. Aujourd’hui, il y a une quête plus importante du bien être (corps et esprit) mais des risques aussi dans le besoin de spiritualité au sens large (sectes, extrémisme, comportements irraisonnés).

Personnellement, je crois avoir une vie spirituelle qui évolue avec le temps, la réflexion les évènements que j’ai à vivre et la relecture que j’en fais. L’année vécue en Israël m’a fait voir la vie avec d’autres lunettes : les enfants handicapés m’ont évangélisée, en me faisant découvrir que Dieu est tendresse à travers celle que je leur donnais et surtout celle qu’ils me renvoyaient. Cela m’a fait avancer avec plus de confiance, de Foi. J’ai toujours des peurs, des incertitudes, des doutes, mais je me sens de plus en plus en paix et porteuse d’espérance, de liberté. J’ai gagné en estime de moi-même si c’est à travailler chaque jour, en composant avec les surprises de la vie. Essayer de poser sur la vie le regard du Christ : j’essaie sur le plan personnel et associatif.

Dans la nature ? Je remarque une attention et une demande plus grande, mais pas généralisées, pour les produits « bio » et le commerce équitable, une lutte contre le gaspillage, le plastic superflu.

Sur le plan économique et politique ? Beaucoup de questions ! Quelle part de liberté et d’honnêteté pour tous ces mondes qui s’interfèrent ? J’admire les femmes qui s’y lancent et en encouragent dans toutes les élections. La société ? Trop dominée par la peur, la violence, le chômage, la course aux loisirs : elle est boiteuse et incertaine.

Avant de revendiquer une identité, je cherche d’abord la similitude.

L’environnementrelationnel et familial ? Il est de plus en plus soumis à l’âge (maladies, décès) et au malaise social (divorces, chômage), mais cela n’empêche pas la vie de toujours surgir – autrement – étonnement parfois.

Spiritualité ? L’écoute, qui est une valeur essentielle, est manifestement rare même chez les clercs (qui ne sont pas des modèles entre eux !). Peu s’intéressent à se connaître et à changer. C’est plus facile d’éluder en parlant de « faire » ; plus facile de moraliser en paroles que de lutter contre ses propres faiblesses. Le chemin serait souvent décourageant sans l’expérience d’amitiés solides qui relèvent le niveau d’humanité et appelle à croire à la dignité promise, au bonheur de la communication, à la confiance dans l’Invisible Présent.


Rendez-vous l’an prochain à l’abbaye de Landévennec quand les rhododendrons seront en fleurs : 21-22 avril 2007.