La parole donnée

Expression de promesse d'acte qui engendre un engagement, tenu ou pas…

Urrugne. 21 octobre 2006

8 présents.

Petite, autour de moi, quand on promettait une chose, on la faisait, quitte à se gêner pour la réaliser. La parole prenait le pas sur le reste. On pouvait s'appuyer sur une promesse, souvent verbale, d'ailleurs.

Très tôt j'ai ressenti un fort malaise, une certaine méfiance quand la parole n'était pas tenue. Cela abîmait la relation avec la personne concernée.

Avec nos enfants, cette notion a fait partie des priorités à leur transmettre.

Je ne peux pas donner ma parole si je ne sais  pas que je pourrai la tenir.

La parole, c'est déjà une partie de la réalisation, on peut compter dessus, comme si c'était déjà arrivé, au moins en partie. On est projeté dans l'avenir.

La parole unit les personnes concernées ; si elle est rompue, il se crée une division, au moins une distance.

Dans la Bible, le peuple israélien s'est construit avec les promesses, les paroles qui ont été matérialisées au fil du temps.

Dans mon enfance, on me promettait, mais on s'évertuait à ne pas tenir sa parole.

Quand on tient sa parole, ça permet de "se construire", on acquiert la confiance de l'autre qui te renvoie une image positive.

Dans le travail, je sens qu'il y a  un besoin d'écoute très fort chez chacun, parce qu'il ne sait pas ou ne peut pas communiquer ou bien parce qu'il est seul.

Je vois des élèves qui n'ont personne à qui parler. Dès qu'on les écoute, ils se livrent ou même ils se délivrent.

Je crois beaucoup aux vertus curatives de la parole.

Dans mon enfance, j'ai entendu des promesses qui n'ont pas été tenues : "Tu auras un vélo pour ton CEP"… J'ai compris que cela n'avait pas été possible, par manque d'argent. Cela m'a ouvert à la tendresse.

Il peut y avoir un décalage entre la promesse dite et la manière dont elle est reçue, perçue.

La parole – la pensée. Je me rends compte qu'aujourd'hui la parole est très souvent démunie de pensée.

Il m'arrive de ne pas bien mettre en paroles des pensées profondes…. Et donc de décevoir.

Parole – écriture

Moyen – vecteur – pensée – émotion – expression

La parole n'est pas forcément l'expression d'un engagement mais le renvoi d'un désir chez l'autre, lui dire ce qu'il attend pour lui faire plaisir.

Élan pour se rapprocher, sachant que dans l'immédiat, ce ne sera pas possible. C'est une déception chez l'autre qui peut saper la confiance.

Aujourd'hui j'ai vécu une matinée de parole féconde lors d'une réunion de travail. Il y a eu 20 prises de parole. Chacun a été écouté sans être interrompu, sans qu'il y ait de polémique. Alors qu'il y avait une crainte de démotivation pour continuer l'action qui était l'objet de la réunion, les personnes les plus "tièdes" sont reparties à nouveau motivées.

Toute parole ne demande pas toujours d'être suivie d'une action mais aussi du silence…

Est-ce que les gens sont aptes à écouter les silences ?

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