La Parole dans l’art qui a une résonnance en moi

(poésie, cinéma, chant, théâtre…)

Grenoble. 3 mai 2007.

6 présents.

- Je n’ai pas eu de formation artistique, mais de multiples petites touches. Ainsi, dans l’enfance, mon père, après nous avoir accompagnés au parc de la tête d’or à Lyon, nous faisait visiter le musée Guimet tout proche. Puis au lycée technique, tout centré sur la chimie, ce fut ce prof arrivant au labo avec une carte postale représentant une peinture de Van Gogh. Me parle ce qui représente l’harmonie dépassant le désordre, ainsi les mosaïques de Ravenne montrant un monde réunifié autour de l’agneau, en architecture  la place de Sienne en Italie. C’est aussi l’amour dominant la violence, comme  dans le film russe  sur le peintre Roublev peignant l’icône de la Trinité. Je pourrais aussi passer des journées dans les lieux archéologiques comme le site antique  de Rome, Djemila en petite Kabylie, Palenque au Mexique ou My Son au Vietnam. Pourquoi ? « Objets inanimés avez-vous donc une âme…» ?

Je voudrais maintenant pouvoir répondre à cette parole que m’adressent l’art, le beau, par ma propre création artistique. Mais comment ?

- Je ne suis pas artiste ! Qu’est-ce qui me fait vibrer ?

La voix, comme dans le film « la double vie de Véronique ».

Certaines musiques, comme le requiem de Mozart, le chant grégorien, les voix d’enfants.

En peinture, surtout les modernes, tableaux devant lesquels je peux m’attarder longuement.

- Je n’ai jamais eu d’éducation artistique pour cause de guerre.

À 10 ans, alors que notre maison était surveillée en permanence par un agent secret se cachant derrière notre haie de bambou, ma mère m’avait chargé de lui dire s’il était là. J’imagine alors un jardin secret plein de fleurs multicolores où le guetteur est comme un intrus. Je parle de ce jardin à mes amies avec tellement de conviction qu’elles  me demandent de le leur faire visiter. Prise au piège, je leur dit que ma mère m’a dit que le jardin est plein de vipères. Dans une vie trop dure, j’invente un monde imaginaire…..

J’aime les images symboliques comme celle des quatre aveugles qui touchent l’éléphant, celui touchant le pied dit alors que l’éléphant est comme un pilier, l’autre touchant le ventre que ….etc..

Ma mère m’a aidé à voir le beau, même chez l’adversaire.

Dans le  Vietnam actuel, les parents ne parlent pas de la guerre aux enfants.

J’ai découvert la musique avec mes enfants qui ont commencé le violon dès l’âge de trois   ans

- J’aime la peinture, mon père peignait les paysages dauphinois. Maintenant non-voyant, je peuple ma nuit par ces mêmes paysages. Ainsi, de mon balcon, je vois encore le massif de Belledonne au soleil couchant !

Une amie m’emmène quelquefois au concert et je lui en suis très reconnaissant.

J’aime aussi Brassens, sa musique, ses paroles, surtout son « Je vous salue Marie » avec lequel je prie.

- Je n’ai pas de dons artistiques, mais j’apprécie :

Le chant, mais j’aime bien avoir les paroles pour comprendre (Stabat Mater, Requiem…)

La voix qui peut me prendre aux entrailles.

Le cinéma, beau par les images et les agencements

Le théâtre. Là aussi j’aime le texte, mais il y en a de moins en moins dans le moderne !

 

- J’aime le chant. Petits, on s’écoutait beaucoup. M’ont marqué « la nuit » de Rameau, « les feuilles mortes »… Je découvre que les chants modernes, à l’église, sont très bien, ont du sens.

La voix est un instrument, la musique donne du sens, plus que la parole.

Le théâtre est important par la parole. J’aime en particulier le théâtre antique, sortant de la mythologie et abordant l’humanisme, où l’on voit l’homme face à son destin. J’aimerais avoir l’équivalent pour l’ancien testament. Le théâtre permet aussi un contact direct.

Et la musique, bien sûr, puisque je joue du piano ! Chaque matin je joue une heure de Bach, sa musique révèle l’harmonie du monde. La musique transcende les croyances….

L’art devient sacré, même s’il est exprimé par un incroyant !

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