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PARIS

PREMIÈRES IDÉES RELATIVES AU THÈME

Paris, septembre 2014

 

12 participants

 

La limite

Tout est-il permis ? Transgresser ? Franchir ?

Pourquoi et comment j’engage ma responsabilité face aux enjeux du monde actuel ?

 

1-Professionnellement, ce thème me fait penser à la mécanique des structures : chaque structure et ouvrage de génie civil à sa limite.

Le règlement des ouvrages en béton armé avant les Eurocodes a pour intitulé règles des ouvrages en béton armé aux « états limites ».

On appelle état/limite, un état particulier au-delà duquel une structure cesse de remplir la ou les fonctions pour laquelle ou lesquelles elle a été conçue (stabilité, fonctionnalité, absence de ruine).

Pour ne pas dépasser les limites (respect des exigences de comportement), il est nécessaire de se doter de règles et de recommandations dont l’application offre la garantie d’être en deçà des limites.

 

2-Les limites de mon corps – elles varient avec l’âge et les conditions physiques (fatigue, environnement, maladie).

Les limites intellectuelles.

Important de connaître ses limites, de les faire évoluer et aussi de les accepter.

Limites de la médecine, de la neurobiologie, des nanotechnologies ; pourra-t-on construire un robot intelligent et immortel ?

 

3-Ma limite de vie qui se terminera inéluctablement, sans savoir quand, ni comment mais sûrement ; j’accepte ou j’essaie de l’oublier par différents moyens : pouvoir, argent…

(voir Ecclésiaste : Vanité des vanités, tout est vanité ; quel profit trouve l’homme à toute la peine qu’il prend sous le soleil ; un âge va, un âge vient, mais la terre tient toujours).

 

4-Besoin de limites pour vie privée et vie en société (vivre ensemble) : morale, croyances religions, lois… Exemples de vie en groupe, au travail, au quotidien avec des personnes sans limites ? Un enfant a besoin de limites.

 

5-Autres exemples :

Conduite d’une voiture : respect code, limites de vitesses, arrêt aux feux et panneaux, franchissement de la ligne jaune ;

L’anarchie est-elle vivable ? Tout est permis, il est interdit d’interdire,

Perception des limites du monde dans lequel nous vivons :

Limites de notre planète : ressources, poussée démographique, difficultés pour l’homme de s’échapper de cette planète, réflexions planétaires pour éviter des catastrophe, réchauffement climatique, comment laisser une terre vivable aux générations futures…

Quel avenir pour l’homme ?

 

6-Et Dieu dans tout ça ?

Qu’entend-on par éternité, immortalité, illimité ?

L’amour divin est illimité (hors espace-temps) : ouvrier de la 11e heure.

Dans la transmission de la tradition, l’existence d’un Dieu se transmet avec une immortalité de l’âme qui dépasse les limites de la mort : espérance.

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Propositions de thèmes en vue de la réunion de novembre 2014


Définition : Limite, non pas au sens de seuil absolument infranchissable (la mort par exemple) mais de contraintes, lois, règles, traditions, façons de penser ou d’être que l’on s’impose volontairement ou involontairement à soi-même, ou que la société et le monde qui nous entourent nous imposent.

La limite est une notion relative ; elle évolue avec le temps.

Qu’est ce qui dans ma vie, fut « limite » avant et qui ne l’est plus, et vice versa.

Quelles sont les limites que j’ai vu bouger dans le monde qui m’entoure?

Ai-je accepté facilement ces différents changements?

Ai-je pour autant modifié mon comportement ?

Cette évolution a-t-elle été une bonne chose pour moi ?

Quelles libertés ai-je gagnées ? Quelles libertés ai-je perdues ?

Et pour mes contemporains (de mon point de vue) ?

Quelles sont les limites que j’aimerais voir bouger ?

À titre de guide et non pas de figure imposée, les questionnements peuvent porter sur :

  • L’évolution technique et médicale,
  • Les lois, les codes sociaux, la morale, l’information...,
  • L’évolution des religions,
  • L’écologie,
  • La culture,
  • Mes proches,

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Propositions de thèmes en vue de la réunion de décembre 2014

Refus des limites, fantasme de toute-puissance ?

« Vouloir toujours plus est une fuite en avant. S’arrêter, c’est se libérer ». (Frédéric Rognon, professeur de philosophie des religions, faculté de théologie protestante de Strasbourg).

Par rapport à ces remarques, trois pistes de réflexion au choix :

 

- Vouloir toujours plus ou même, simplement, vouloir plus… dans le domaine du confort matériel, des finances, des engagements (quantité, niveau de qualité), des loisirs et voyages, des connaissances, du statut social, de la durée de la vie :

Est-ce une fuite en avant ou un simple besoin de croissance ?

S’arrêter, est-ce se libérer ?

 

- Vouloir toujours plus ou même, simplement, vouloir plus dans l’éducation de nos petits-enfants :

Est-ce des rêves que nous projetons sur eux ?

Faut-il et comment apprendre aux enfants à se limiter devant les tentations de puissance que donnent les jeux vidéo ?

 

- Vouloir toujours plus ou même, simplement, vouloir plus… avec de « bonnes raisons » :

Comment cachons-nous nos tentations de puissance sous des légitimités fallacieuses ? « La tentation satanique du bien ».

Exemples : temps consacré aux voyages, à la culture personnelle, etc. plutôt qu’à des activités moins valorisantes (service Restaus du cœur).

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Propositions de thèmes en vue de la réunion de janvier 2015


Nous vous proposons de lire le dernier livre d’Alexis Jenni Son visage et le tien

Dans une méditation nourrie de souvenirs, Alexis Jenni, Prix Goncourt pour L’Art français de la guerre, compose un hymne à nos cinq sens. Sentir, c’est alors croire, et c’est aimer. C’est encore saisir l’intensité d’une présence qui réside entre deux visages, lorsque l’amour abolit toute distance et révèle l’éternité.

« Ce qui est là, et d'une façon très intense, c’est la vie avant la mort, celle où je suis, celle où nous sommes ensembles, celle qui me porte, m’imprègne et m’anime. Cette vie-là a valeur d’éternité ».

 

« L’écoute est ceci : une sensibilité active. Le corps ainsi déployé, ainsi tendu, devient sensible à la présence. Le corps attentif est membrane vivante qui frémit de tous les mouvements, proches ou lointains, frissons, contacts, sons transmis par l’air. Le corps désirant est un corps attentif à l’extrême, il ne se sent plus corps, il se sent élan et, c’est là qu’étrangement il est le plus proche des propriétés du corps réel et vivant, il n’est plus qu’échange, interface, contact. Je suis vivant, car relié à toi, aux autres, à l’air qui nous contient tous ; à Dieu... »

 

« La vie éternelle, au sens naïf du terme qu’on lui donne est une contradiction dans les termes, tant la vie est par essence liée au temps, au temps interne dans lequel elle se déploie, à sa durée : la vie s’épanouit, évolue, se dégrade et cesse, on le sait. Alors la vie éternelle, ce serait quoi ? La vie qui dure longtemps ? Mais longtemps ce n’est pas l’éternité, longtemps, c’est encore du temps. La vie éternelle, c’est la vie condensée en son point d’apparition, vitalité pure qui entretient la vie, qui est à la fois abolissement brusque du temps et sa source vive.

 

Ceci a lieu en des instants de taille indifférente, dans l’immensité de ce qu’on appelle naïvement éternité, tout autant que dans ces instants infimes où la vie se montre brusquement disponible pour donner vie sans jamais s’épuiser. Ceci arrive ici ou là, comme autant d’éclairs, comme un contact, une note qui résonne, un trait de lumière. En apprivoisant la peur du vide, ceci on peut le sentir souvent, et de plus en plus souvent ; et notre vie en est apaisée. Elle ne galope plus vers la fin, elle est là, et cela suffit pour toujours, sa durée est indifférente, elle étend ses racines vers un fond fertile toujours présent, qui se manifeste toujours pour peu qu’on l’écoute... »

 

Au fond, ce livre est une méditation sur les 5 sens, comme des limites à vivre à fond, à vivre totalement pour découvrir l’Autre...

 

Propositions de thèmes en vue de la réunion de février 2015

 

Notre prochaine réunion se profile à l’horizon et nous nous réjouissons d’accueillir deux nouveaux membres. Nous vous proposons de poursuivre notre réflexion sur le thème de l’année : les limites.

Nous pourrons réfléchir aux limites qui peuvent exister dans l’expression publique ou privée.

Nous pourrons partir de l’actualité : sommes-nous Charlie, un peu, beaucoup, passionnément ? Pourquoi le sommes-nous et comment le sommes-nous ?

La presse peut-elle tout dire ? Pouvons-nous tout dire aux autres ?

Pour aider à la réflexion, nous vous proposons un texte de P. Claverie sur la délicatesse.

 

Pierre Claverie : Petit traité de la rencontre et du dialogue.

Cerf 2004.

La délicatesse

 

Une autre conséquence de l’acceptation au moins provisoire de l’idée que (l’autre puisse) avoir raison est ce que j’appelle la délicatesse où le respect et la confiance sont encore mêlés. Après avoir reconnu l’autre, je pense qu’il faut lui permettre d’exister et donc ne pas forcer les distances, les moments et les temps. Cela aussi fait partie du respect, de la relation. Quelquefois nous nous précipitons : nous tirons sur la fleur pour la faire pousser. Il faut énormément de temps ! (…)

L’espace que chacun s’aménage est vital pour lui. J’ai horreur de ces gens qui disent qu’il faut faire tomber les masques, cela me rend malade. Certains groupements spirituels ont basé leur existence là-dessus. La transparence, d’accord, je suis tout à fait d’accord, surtout depuis que cela a lieu dans les pays de l’est, mais faire tomber les masques, qu’y a-t-il derrière, vous le savez, vous ? Et s’il y avait derrière un être fragile qui a passé sa vie à construire ce masque seulement pour exister ? Et puis, sous prétexte de vérité, d’authenticité, de je ne sais pas quoi, on le fait tomber, mais on écrase complètement la personne ! Si quelqu’un a un masque c’est qu’il en a eu besoin à un moment de sa vie, autrement, il serait trop heureux d’exister sans masque, simplement. Peut-être faudrait-il donner à la personne le courage d’exister sans masque, mettre en elle assez de confiance pour qu’elle accepte d’exister derrière son masque et que, peu à peu, elle n’en ait plus besoin pour vivre. On en a tous, c’est vrai, plus ou moins selon le degré de confiance qu’un jour on nous a fait. On ne peut pas arracher un masque, c’est un crime. J’ai vu les dégâts que cela peut faire souvent : sous prétexte de transparence, on viole les personnes et on ne leur permet pas d’exister. (…)

Manquer de respect peut tuer quelqu’un. Marquer du respect pour quelqu’un, ce n’est pas seulement le laisser tranquille au sens de « respectez moi, laissez-moi tranquille ». Ce n’est pas une indifférence polie. Je crois que marquer du respect pour quelqu’un, c’est surtout lui marquer de la confiance. (…)

J’ai beaucoup aimé Jean-Paul 1er par ce qu’il a écrit avant d’être pape : « Chaque homme adulte comporte non pas un, mais trois hommes différents. Comment cela, te demandes-tu ? Prenez un Jean quelconque : en lui, il y a un Jean 1er, c’est-à-dire l’homme qu’il croit être, il y a un Jean 2, celui que les autres pensent qu’il est et finalement un Jean 3, celui qu’il est en réalité ». Il y a de fortes chances pour que personne ne le connaisse vraiment, même pas Jean. Or c’est en aimant ce Jean là, tel qu’il est, que nous donnons une chance de vivre et de rencontrer les autres.

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Propositions de thèmes en vue de la réunion d’avril 2015

 

« La Violence »

 

Chaque jour apporte son lot de violences dû à des hommes, par idéologies et par fanatisme. Elles frappent des innocents qui la subissent dans leur corps.

Dans Tout Passe : « Ce petit roman est un grand livre, le testament littéraire politique de Vassili Grossman, achevé après la confiscation du manuscrit de « Vie et Destin » par le KGB en 1960 ».

Les deux derniers chapitres sont une réflexion sur la violence. Pour Vassili Grossman, la foi en l’homme et la liberté s’opposent à la violence (voir extrait).

À partir de ce texte et des événements quotidiens, nous pouvons partager sur les interrogations suivantes :