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Quels sont les codes du vivre ensemble que j'utilise au quotidien

et ceux qui m'insupportent ?

Aix-en-Provence, 22 novembre 2007

13 présents

* Les codes à Tahiti sont différents d'ici : le mot "s'il te plaît" n'existe pas.

Aux Marquises, même le "merci" ne se dit pas. J'apprécie la ponctualité, l'heure c'est l'heure, c'est une marque de respect. J'apprécie également la politesse.

Pour les cadeaux, j'aime bien en faire et en recevoir, mais je reconnais que c'est parfois plus pour me faire plaisir...

* Je fais la bise à des collègues à l'extérieur, mais pas quand nous sommes au boulot. C'est complètement idiot.  Je me force à dire bonjour en ajoutant le prénom.

Concernant la tenue, j'apprécie les gens raffinés ou originaux, les couleurs, peut-être parce que je suis du midi. J'ai peine à voir les consultants en dominante grise.

Je suis très attachée à la politesse.

 

* On utilise des codes tout le temps. Ils sont tellement bien intégrés qu'on ne s'en rend pas compte. Ce sont des schémas qui nous facilitent la vie, avec une certaine marge de manoeuvre. J'embrasse et appelle certaines de mes patientes par leur prénom, par affection. Quand je ne tutoie ni n'embrasse, c'est pour créer de la distance. Dans un camp de concentration, un prisonnier se rasait tous les jours, pour ne pas devenir une bête. Quand quelqu'un me serre la main sans me regarder, je garde la main.

 

* Le vouvoiement met une certaine distance. Quand j'étais infirmière, même chez les manouches, je disais toujours « vous », c'est comme ça. Je suis toujours gênée par les incivilités des gens. Dans le bus, les jeunes viennent me dire de m'asseoir, mais ils ne m'aident pas. La politesse, c'est très important ; merci, bonjour, demander une permission.

 

* Je n'ai rien contre les codes, ce sont des garde-fous qui permettent de tenir la bonne distance avec les autres, je ne suis pas prisonnière d'eux, ça a un sens. Mais je suis désemparée quand je reçois des gens importants à ma table. Quand j’ai reçu notre évêque, je lui ai dit que je le recevrai de façon familiale, sans cérémonial dû à son rang. Je pense qu’il a apprécié car il s’est senti plus à l’aise. Je ne dis jamais "mon père" à un prêtre, ils sont au milieu de nous, pas à part. Pour mes petits-enfants, je leur demande de ne pas donner un bonjour "sec", mais de dire « Bonjour Madame » ou Monsieur. Mon mari retire sa casquette quand il dit bonjour à une femme.

* Je me suis juré un jour d'arriver dans un palace de Deauville, mal habillé, au volant d'une  2 CV, pour voir la tête des gens. J'ai mis du temps à faire la bise à quelqu'un du même sexe. À la plongée, on s'embrasse tous, sauf le patron qui n'aime pas ça. Quand je travaillais au Club Med. au Mexique, j'avais été invité à Phoenix et j'ai fait la bise aux parents et aux quatre enfants. Ils m'ont dit qu'ils avaient été très surpris. Eux-mêmes n'embrassent pas leurs enfants. Je tutoie plus facilement un homme qu'une femme. Pour les vêtements, j' « abomine » les cravates, les costards, je trouve ça triste. Je préfère les noeuds « pap », c'est plus humoristique. Pour le dialogue, j'emploie une forme de politesse sans ostentation, c'est pour être agréable aux autres.

 

* Le sujet me laisse perplexe. On travaille à l'international et les codes sont différents selon les pays, les Américains ne serrent pas la main, les Allemands n'embrassent pas.  Quant au tutoiement, ça dépend des langues. Je ne supporte pas les codes des décennies 50-60, costumes trois pièces, cravates strictes, je ne donne jamais de titre en disant bonjour, ou alors des titres fantaisistes. Pour les codes des bagnoles, les cadres supérieurs ont de grosses voitures allemandes. À l’inverse, pour le repas de départ d'un copain, le chef est arrivé en 2 CV blanche cabossée, il a eu un succès terrible avec son « anticode ».

 

* Les codes sont des moyens de nous relier les uns aux autres, la cravate, le fait d'être rasé, de porter des vêtements propres. Lorsqu'en été, je devais voir un client, étant très souvent en transpiration, j'attendais parfois un quart d'heure dans la voiture pour me sentir présentable. À Paris, j'étais un  jeune cadre ingénieur. Je disais bonjour aux employés en arrivant. Un jour, on m'a dit que j'étais froid parce que je ne serrais pas la main. Un homme tend la main en premier, avant la femme, parait-il. C'est parfois idiot un code, il faut le connaître pour l'appliquer. Mais ceux qui s’attachent trop à un code ont-ils raison ? Quand je téléphone, et que la personne me répond en déclinant son prénom, ça me gêne. Je l'appelle mademoiselle ou monsieur. Quand je dis bonjour à quelqu'un, j'ai besoin de croiser son regard et de sentir une poignée de main ferme. Le "bonjour. Comment ça va ?" est  sans doute un peu sec, ça ne convient pas à tout le monde. Mais c’est aussi un premier contact.

 

* Depuis plusieurs années, j'héberge un étudiant vietnamien. Il a beau être très discret, je me sens soulagé quand il part. Je trouve qu’il siffle très souvent entre ses dents et cela me gêne.  La cravate à la télévision, ça permet de cacher les « peaux de pintade », les  « fanons de baleine », le rasage approximatif. J'apprécie le vouvoiement, mais pas le baisemain. Depuis une quinzaine d'années, on donne le prénom au lieu du patronyme, c'est détestable.

 

* Je suis très attachée aux codes de bonne éducation, différents des modes, ça n'a rien à voir avec le milieu social. Je vouvoie les gens que je ne connais pas. Quant au tutoiement, ça marque un rapprochement voulu de part et d'autre. Je ne tutoie jamais mes patients, ni ne les appelle par le prénom, je trouve que c'est un manque de respect. De même, je suis horripilée par quelqu'un qui ne prévient pas lorsqu'il ne vient pas. J'aime beaucoup inviter les gens à la dernière minute, mais je me suis aperçue que c'était mal perçu par certains. Je ne comprends pas les gens qui ne rendent pas les invitations.

* Les codes m'ennuient, les anniversaires, les fêtes, les cadeaux, peut-être à cause du passé. Les codes vestimentaires sont ridicules. Avec un peu de bon sens, bon nombre de modes auraient été court-circuitées.  La cravate est le symbole de l'aliénation. En revanche, le noeud papillon passe mieux. Les mots de politesse, pardon, merci... sont importants. Je n'emploie pas M, Mme, Mlle, ce sont des possessifs. Je préfère le salut et pour une dame d'âge mûr, je lui dis "gente dame". Le pire de tous, c'est Monseigneur...

* J'aime bien le rite de la bise, c'est une contrepartie au code hiérarchique. Les gens se côtoient, mais se connaissent peu. Les enseignants saluent les premiers, les autres répondent pour ramener l'équilibre. Demander "comment ça va ?" raccourcit les distances.

En Suède, c'est complètement différent. Là-bas, il n'y a pas de distances marquées.

Je n'aime pas les codes, titres, attitudes, vêtements, c'est trop pris au sérieux et c'est dommage du point de vue de la créativité.

* Je m'aperçois que je n'utilise pas trop les codes, mais j'essaie de m'améliorer.

Concernant les cadeaux, je suis mal à l'aise avec un cadeau objet. Je préfère partager quelque chose, un moment, une expérience. J'ai horreur de la bise entre hommes. À l'aéroclub, il y a un type que personne n'apprécie, mais comme je suis le seul qui lui serre la main, il suppose que je suis également le seul à ne pas l'apprécier alors que c'est unanime...

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